Un nouveau challenge 100 % congolais
Le centre culturel de Makélékélé, à Brazzaville, a vibré récemment au rythme de la première finale du Lissolo Challenge, un concours imaginé pour célébrer le jeu de société Lissolo 2.0 et, plus largement, la créativité congolaise qui s’illustre dans les loisirs intelligents.
Dès la phase éliminatoire, plus d’une vingtaine de joueurs avaient tenté leur chance, répartis en équipes solidaires, avant que les cinq champions ne s’imposent à l’issue d’une partie stratégique et animée, couronnée par un prix de 50 000 F CFA remis à chacun.
L’événement, organisé dans le cadre des Lissolo Days, s’est déroulé sous les regards curieux d’un public familial, heureux de découvrir un divertissement local qui encourage la connaissance du pays et la maîtrise de sa géographie autant que de son histoire politique et sociale.
Des gagnants ambassadeurs de la culture
Le capitaine de l’équipe lauréate, Roger Mankindou, a salué la portée pédagogique du jeu : « Nous invitons les jeunes à plonger dans l’histoire du Congo à travers Lissolo 2.0 ; c’est ludique, mais ce savoir pourrait nous inspirer pour l’avenir », a-t-il confié, sourire aux lèvres.
Ses coéquipiers, Miveck Rhignanga, Lutther Mabiala, Davy Madassou et Amadou Samanke, partagent le même enthousiasme, convaincus que la victoire leur confère le rôle d’ambassadeurs informels, capables de promouvoir un patrimoine immatériel et de motiver d’autres clubs scolaires ou universitaires à tenter l’expérience.
Devant la presse, ils ont promis d’utiliser une partie de leur dotation pour acquérir de nouveaux plateaux Lissolo et organiser, dans leurs quartiers respectifs, des séances d’initiation gratuites destinées aux enfants, afin d’élargir la communauté déjà soudée autour du jeu.
Lissolo 2.0, un jeu qui raconte le Congo
Créé par la communicante Kris Brochec, Lissolo 2.0 se présente comme une aventure familiale et collaborative, invitant les participants à voyager à travers les provinces, les langues et les symboles du Congo grâce à des cartes, des défis oraux et des énigmes inspirées de faits authentiques.
Selon le chargé de projet Hugues Wilson, la mécanique de jeu a été pensée pour refléter la diversité culturelle, linguistique et socio-économique du territoire national, afin que chaque joueur se sente concerné et curieux, qu’il vienne de la capitale ou d’un district reculé.
Sur le plateau, chaque bonne réponse permet de cumuler des points appelés “muns” tandis qu’un jeton figurant le moki, oiseau emblématique, sert d’atout pour surmonter les cases pièges liées aux défis historiques ou géographiques, rendant la partie à la fois compétitive et conviviale.
La créatrice insiste sur la dimension participative : « Nous voulons que les joueurs deviennent acteurs de transmission ; chez nous, le savoir circule oralement, Lissolo le matérialise sur table et permet d’apprendre les uns des autres tout en riant », explique-t-elle, applaudie par la salle.
Un rendez-vous intergénérationnel
Au-delà de la compétition, la journée a favorisé des échanges intergénérationnels : parents, enseignants et étudiants ont commenté les cartes portant sur la musique traditionnelle, les sites touristiques ou les héros de l’indépendance, donnant lieu à des anecdotes parfois méconnues des plus jeunes.
Pour les organisateurs, la formule répond à un besoin grandissant de supports ludiques made in Congo, capables de rassembler pendant les week-ends sans passer forcément par les écrans, tout en valorisant la proximité et la cohésion sociale promues dans le projet national de développement.
Plusieurs parents ont déclaré leur intention d’intégrer Lissolo dans les activités extrascolaires de leurs enfants, estimant que le jeu complète utilement les programmes d’histoire et de géographie, surtout pour ceux qui préparent le Brevet d’études du premier cycle ou le Baccalauréat.
Perspectives pour la prochaine édition
Fort du succès populaire de cette première édition, le comité d’organisation envisage déjà d’élargir la compétition à Pointe-Noire et dans plusieurs chefs-lieux départementaux, en s’appuyant sur un réseau de médiathèques et de maisons de la jeunesse susceptibles d’accueillir des présélections régionales.
Kris Brochec annonce également la mise en ligne prochaine d’un module complémentaire téléchargeable, afin que les Congolais de la diaspora puissent jouer à distance et partager leurs découvertes culturelles, tout en alimentant une base de questions évolutive gérée par la communauté.
En quittant la salle, Hugues Wilson se veut confiant : « Le Congo regorge de talents prêts à transformer nos histoires en jeux et en opportunités économiques. Lissolo Challenge n’est qu’un début, nous reviendrons plus nombreux et plus motivés l’an prochain », promet-il, déclenchant une salve d’applaudissements.
Les gagnants espèrent que des partenaires privés suivront le mouvement pour sponsoriser des lots plus importants, voire financer des ateliers de conception de jeux, estimant que l’industrie du divertissement éducatif peut générer des emplois locaux tout en renforçant la visibilité internationale du savoir-faire congolais.
Dans l’immédiat, une page communautaire sera ouverte pour recueillir les suggestions de règles alternatives, publier les calendriers des prochains tournois et proposer des tutoriels vidéo, de sorte que Lissolo 2.0 continue d’évoluer avec ses joueurs et demeure un trait d’union entre générations.