Brazzaville célèbre ses champions
A l’ombre des tribunes flambant neuves de la caserne DGSP, la saison 2024-2025 vient de livrer son verdict : un florilège de coupes étincelantes, des médailles alignées comme des soldats et des sourires d’athlètes qui racontent des mois d’entraînement rigoureux.
Au centre de cette moisson sportive se trouve le général Serge Oboa, président du club multidisciplinaire, lequel, d’une voix posée, a rendu hommage le 4 septembre à l’ensemble des sections volley-ball et karaté pour avoir porté haut les couleurs de la Direction générale de la sécurité présidentielle.
La cérémonie, organisée dans la cour d’honneur, a réuni présidents de fédérations, cadres militaires, entraîneurs et invités civils. Le défilé des trophées, sorte de ballet syncopé entre podium et public, a rappelé combien le sport se glisse désormais au cœur du quotidien brazzavillois.
Entre deux salves d’applaudissements, de jeunes volleyeuses brandissaient le titre national cadette, pendant que leurs aînés seniors, hommes et dames, exhibaient leurs médailles d’or fraîchement conquises. La même fierté traversait le visage des karatékas sacrés lors de l’Open hommage au feu président fédéral Dominique Ondzié Doukay.
Une saison 2024-2025 pleine de trophées
Le secrétaire général du club, le commandant Elion Douniama, a dressé un bilan sobre : plus d’une dizaine de médailles, plusieurs titres collectifs et deux distinctions de meilleurs joueurs aux récents championnats nationaux. L’officier a salué « la foi tranquille d’un groupe qui ne doute jamais ».
Selon le tableau officiel, la section volley-ball a remporté trente et un matchs sur trente-six, affichant un ratio de victoire proche de 86 %. Côté tatami, les karatékas totalisent dix-huit podiums, dont huit en or, performance qui place la DGSP dans le trio de tête du classement national.
Le rôle central de la préparation
Pour expliquer cette dynamique, les entraîneurs insistent sur la préparation physique entamée dès octobre dernier. Trois séances quotidiennes, alternant musculation, technique et travail mental, ont permis, selon eux, de stabiliser le groupe et de réduire de 20 % les blessures par rapport à la saison précédente.
« Nous avons misé sur la double récupération, glacée et active, tandis que la nutrition a été recalibrée avec l’appui de médecins militaires », détaille le préparateur physique principal. Les athlètes, habitués à ces protocoles, soulignent un regain d’explosivité durant les phases décisives.
Focus sur le volley congolais
Longtemps dominé par des clubs civils, le championnat national voit la DGSP s’imposer progressivement. Les statistiques révèlent une efficacité au service de 72 % et un bloc décisif toutes les trois actions, des chiffres rarement atteints dans les compétitions sous-régionales selon la Fédération congolaise de volley-ball.
L’expérience de la capitaine féminine, Carine Orongo, passée par le club camerounais de Bafia, a apporté le sang-froid nécessaire. « Ici, la discipline militaire se marie avec la créativité du jeu », explique-t-elle, assurant que l’alchimie a fait la différence face aux rivales de la Gendarmerie.
L’essor du karaté national
Sur les tatamis du Gymnase Nicole Oba, les protégés du senseï Bienvenu Obili ont brillé à l’Open commémoratif dédié à Dominique Ondzié Doukay. Les observateurs retiennent la finale explosive en +84 kg remportée par Kevin Samba, conclue par un mawashi-geri fulgurant à quinze secondes du terme.
Le staff technique souligne l’émergence d’une génération formée localement, rompue aux règles internationales de la World Karate Federation. Cette montée en gamme laisse augurer une plus forte présence congolaise lors des prochains Championnats d’Afrique, où la DGSP vise au moins deux finales.
Perspectives pour la prochaine saison
Madame Christelle Colombe Bouaka Milandou, coordonnatrice générale des activités sportives, a déjà ouvert les dossiers de la saison à venir. Un tournoi de handball est programmé à Madingou, ville stratégique du couloir ouest, afin d’élargir la base de recrutement et d’ancrer la culture multisports.
Le général Oboa, prudent mais ambitieux, exige la même constance. « Les prochains défis sont plus hauts, mais notre méthode reste la même : discipline, solidarité et goût de l’effort », résume-t-il, rappelant que la notoriété sportive renforce aussi l’image de sérieux de l’institution.
Au-delà de l’aspect militaire, plusieurs experts soulignent l’impact social de ces victoires. Dans les quartiers sud de Brazzaville, les matchs sont projetés sur écrans improvisés, inspirant une jeunesse avide de modèles. En offrant des bourses d’études, la DGSP entend convertir l’élan sportif en ascenseur social durable.
Les fédérations, elles, y voient un dynamisme précieux à l’approche des Jeux africains prévus à Accra. La présence fournie des représentants congolais, forte de l’expérience DGSP, pourrait servir de catalyseur et relever le niveau général de la délégation nationale, estiment plusieurs analystes sportifs.
Pour l’heure, les coupes restent bien alignées dans le hall d’honneur, rappelant qu’au-delà des chiffres, chaque victoire résulte d’une poignée de sueurs partagées. Et que, sur les parquets comme sur les tatamis, la devise brazzavilloise du « courage toujours » continue d’écrire son histoire.