Brazzaville : l’appel du RFC
Réunis à Brazzaville le 5 septembre 2025, les leaders de la plateforme Rassemblement des forces du changement, ou RFC, ont détaillé leurs attentes pour la présidentielle de mars 2026, affirmant devant la presse et les internautes vouloir garantir un scrutin équitable pour tous.
Dans une déclaration lue par Marcel Guitoukoulou, président du Congrès du peuple, la coalition se présente comme l’« opposition au pouvoir » et propose deux mesures clés : la refonte complète du fichier électoral et l’introduction de la biométrie, conditions jugées indispensables à la transparence.
Une présidentielle très attendue
Le scrutin de mars 2026 apparaît déjà comme une étape majeure du calendrier politique congolais. Pour de nombreux observateurs, il doit consolider les efforts de stabilité institutionnelle engagés ces dernières années. Les électeurs sont donc très attentifs aux règles du jeu définies à l’avance.
Les textes en vigueur placent l’organisation matérielle des opérations de vote sous la responsabilité des institutions compétentes, notamment le ministère de l’Intérieur et les organes de supervision électorale. Le RFC souhaite que ces structures s’appuient sur des données modernisées.
Une biométrie au cœur des revendications
Pour la coalition, une refonte totale du fichier avec identification biométrique limiterait les doublons, les omissions et les contestations post-électorales. La technologie, expliquent-ils, apporterait un surcroît de confiance et raccourcirait les délais de publication des résultats.
Clément Miérassa du PSDC estime que « le citoyen a droit à un vote unique et sécurisé, reflet exact de sa volonté ». Selon lui, le recours à la biométrie n’est plus un luxe mais une nécessité démocratique.
Le groupe insiste également sur le recensement administratif spécial, préalable à l’inscription, afin que chaque électeur soit géolocalisé dans son centre de vote et que les listes soient considérées comme définitives par l’ensemble des compétiteurs.
Treize prérequis pour un scrutin apaisé
Dans leur texte, les six signataires exposent treize conditions destinées à rendre le processus, selon leurs mots, « libre, transparent, démocratique, crédible et apaisé ». Parmi elles figure la recherche d’un consensus sur la constitution du corps électoral.
Le RFC souhaite qu’un compromis historique soit trouvé, évitant ainsi toute contestation capable de raviver des tensions que le pays s’efforce de dépasser depuis deux décennies. Pour eux, l’enjeu dépasse la simple alternance politique et touche à la cohésion nationale.
Les treize points passés au peigne fin
Selon le document, le premier point exige la publication anticipée du calendrier détaillé, le second la sécurisation des bulletins uniques, tandis que d’autres portent sur la formation des agents électoraux, l’accès équitable aux médias et la limitation stricte de l’usage des moyens de l’État pendant la campagne.
Le texte insiste également sur la participation des organisations de la société civile comme observateurs accrédités, la transmission électronique des résultats bureau par bureau et la mise en place d’un dispositif de règlement rapide des contentieux pour éviter des litiges prolongés.
Dialogue inclusif : la main tendue
Le message de Marcel Guitoukoulou se veut conciliant : « nous sommes prêts à nous engager dans un processus pacifique et transparent ». La plateforme appelle ainsi à un dialogue réunissant gouvernement, majorité, opposition et société civile.
Les opposants invitent les autorités à faire preuve de « retenue et lucidité » pour que la campagne ne replonge pas le Congo-Brazzaville « dans un passé de guerre fratricide à jamais révolu ».
Quelle réponse du gouvernement ?
À ce stade, aucun communiqué officiel ne s’est prononcé sur les propositions du RFC, même si l’exécutif rappelle régulièrement sa volonté d’organiser des élections dans le respect du calendrier constitutionnel. De premières consultations techniques sont néanmoins attendues dans les mois à venir.
Les observateurs noteront que la biométrie figure déjà parmi les sujets étudiés lors de précédentes réformes, sans avoir encore franchi le cap de la mise en œuvre à grande échelle. Sa généralisation impliquerait des investissements matériels et un calendrier précis.
Enjeux pour l’électeur congolais
Au-delà des débats techniques, l’électeur attend surtout la certitude que sa voix comptera et que le résultat final reflètera fidèlement les suffrages exprimés en mars 2026. La participation reste un indicateur clé de la vitalité démocratique.
Le corps électoral recense plusieurs millions de citoyens dont une frange importante de jeunes primo-votants, particulièrement sensibles aux questions de transparence et d’inclusion. Le débat autour de la biométrie pourrait donc influencer leur mobilisation.
Des soutiens prudents
Plusieurs personnalités religieuses et communautaires ont salué l’appel au dialogue, y voyant une chance de consolider la paix sociale tout en rappelant que la responsabilité ultime revient aux décideurs politiques.
Du côté des milieux économiques, l’organisation annoncée d’un scrutin serein est perçue comme un signe favorable à la poursuite des investissements, à condition que l’environnement reste prévisible et stable durant l’ensemble du processus.
Prochaine étape institutionnelle
À six mois de l’ouverture officielle de la campagne, la balle semble désormais dans le camp des acteurs institutionnels, appelés à trouver un terrain d’entente pour que le rendez-vous électoral se déroule dans la sérénité et consolide les avancées obtenues jusqu’ici.