Retour attendu du RCB
Quatre ans d’attente viennent de s’achever pour les supporters du Racing Club de Brazzaville, qui retrouvent enfin la Ligue 1 congolaise. Le promu, fondé il y a seize ans seulement, rejoint l’élite nationale après une campagne de barrages menée tambour battant.
La confirmation est tombée au Centre technique d’Ignié le 26 août, lorsque les « Lions » ont bouclé leur double confrontation contre l’ASP de Pointe-Noire sur deux victoires, 1-0 puis 2-1. Instantanément, chants et sifflets ont résonné dans les travées presque pleines.
Les barrages décisifs d’août
Tout s’est joué en trois jours. Le 23 août, le Racing s’imposait déjà 1-0 à Pointe-Noire grâce à une tête rageuse de l’attaquant Merveil Ndinga. Trois jours plus tard, le scénario s’emballait à Ignié, avec l’ouverture rapide du score puis un maintien héroïque.
L’entraîneur, Guy César Mavoungou, souligne le mental de son groupe : « Nos joueurs n’ont jamais lâché, malgré la pression d’un barrage qui se dispute sur un fil ». Selon lui, la fraîcheur procurée par la rotation effectuée en Ligue 2 a porté ses fruits.
L’ambition de Mohamed Dembélé
Le président Mohamed Dembélé, discret homme d’affaires passé par le textile, veut inscrire le RCB dans la durée. « La montée n’est qu’une étape », confie-t-il, sourire aux lèvres, avant d’ajouter qu’il vise un maintien confortable puis, à moyen terme, une qualification continentale.
Pour atteindre l’objectif, la direction annonce un budget réajusté à 500 millions de francs CFA, soit le double de la dernière saison en Ligue 2. L’enveloppe couvrira les primes, la logistique et la rénovation de l’enceinte du quartier Poto-Poto.
Une histoire qui inspire
Né en 2008 sur un terrain vague de Mpila, le club s’est bâti une identité populaire. En l’espace de neuf ans, il a franchi coup sur coup les divisions de Brazzaville avant de découvrir la Ligue 1 en 2019. La relégation de 2021 avait laissé des cicatrices.
Les dirigeants ont ensuite lancé une cellule de réflexion pour tirer les leçons de la descente. Résultat : organigramme resserré, politique salariale assainie et staff médical complet. Ce travail de l’ombre a porté ses fruits, comme le prouve la montée expresse.
Formation et promotion des jeunes
Le Racing fonde son modèle économique sur la jeunesse. Plus de 60 % de l’effectif est issu de l’académie interne créée en 2014. Chaque génération suit un double cursus, ballon d’un côté, scolarité de l’autre, en partenariat avec trois lycées de la capitale.
Deux pépites, l’ailier gauche Junior Moundele et le défenseur central Axel Okemba, rejoindront cet hiver un club partenaire en deuxième division belge. « Nous voulons ouvrir des ponts vers l’Europe pour montrer que la formation congolaise peut rayonner », insiste le coordinateur sportif Landry Boukaka.
Défis de la saison à venir
Le coup d’envoi de la saison 2025-2026 est programmé le 13 septembre. Le calendrier réserve d’emblée un déplacement ardu à Owando face à l’AS Otohô, vice-champion sortant. Pour aborder ce rendez-vous, le staff prévoit un stage de dix jours à Kintélé dès la semaine prochaine.
Le chantier défensif reste prioritaire, la ligne arrière ayant été prise de vitesse en Ligue 2. Trois renforts expérimentés, dont le latéral international Prince Loukoula, sont attendus. Un partenariat nutrition avec un traiteur aidera les joueurs à encaisser le rythme bihebdomadaire de l’élite.
L’impact sur le quartier Poto-Poto
Dans les rues de Poto-Poto, les maillots vert et blanc se vendent comme des beignets. Les commerçants espèrent un afflux de clients les soirs de match. « Une montée, c’est du pouvoir d’achat », sourit Mme Tchicaya, vendeuse de brochettes.
Les autorités locales voient également dans le retour du RCB une occasion de dynamiser la cohésion sociale. La mairie envisage des navettes gratuites depuis les arrondissements voisins afin de fluidifier l’accès au stade. Un projet qui pourrait bénéficier aux autres clubs de la capitale.
Une dynamique positive pour le football congolais
Au-delà du club, cette promotion apporte un souffle nouveau au football national. Avec seize équipes au départ, la prochaine saison promet plus de matches, donc plus de temps de jeu pour les jeunes et davantage d’animations pour les sponsors, selon la Fédération congolaise de football.
Le sélectionneur des Diables Rouges A’, Isaac Ngata, suit l’évolution. « Retrouver une formation comme le Racing, riche en jeunes talents, élargit notre champ de sélection », note-t-il. L’entraîneur salue aussi la réhabilitation annoncée des infrastructures, jugée indispensable pour relever le niveau de la Ligue 1.
Cap sur le 13 septembre
Dans les vestiaires du complexe sportif Fulbert-Youlou, l’odeur de peinture fraîche rappelle que tout doit être prêt pour la réception du premier match à domicile, prévue fin septembre. Les bénévoles s’affairent, repeignent les gradins et réparent la sono, tandis que les joueurs enchaînent les tours de piste.
Reste la dernière marche : convertir l’engouement populaire en résultats sur la pelouse. Fort de son passé récent, le Racing Club de Brazzaville veut démontrer que le travail, la patience et la confiance accordée à la jeunesse peuvent ouvrir la voie d’un avenir durable en Ligue 1.