CSLC lance sa première session inaugurale
Le 9 septembre, dans l’amphithéâtre baigné de lumière du siège de l’institution, le Conseil supérieur de la liberté de communication a refermé les portes de sa première session inaugurale, entamée la veille. L’ambiance était studieuse, rythmée par les échanges précis d’une quarantaine de hauts conseillers.
Sous la conduite du président Médard Milandou Nsonga, l’assemblée a détaillé l’ordre du jour, défini les attentes et rappelé la mission première du CSLC : garantir une liberté de la communication équilibrée, respectueuse des citoyens, des professionnels des médias et des principes de l’État de droit.
Des textes fondamentaux adoptés pour quatre ans
Durant ces deux journées, les conseillers ont examiné ligne par ligne le règlement intérieur, le manuel de procédures et le dispositif financier. Ces trois documents, désormais entérinés, dessinent l’ossature du fonctionnement ordinaire de l’institution pour le mandat courant jusqu’en 2027.
Le règlement intérieur précise la fréquence des sessions, les modalités de vote, la composition des commissions et le respect du quorum. En fixant ces repères, le CSLC entend rendre chaque décision traçable et compréhensible, facteur clé de confiance pour les acteurs du secteur.
Le manuel de procédures, lui, détaille l’instruction des dossiers, les contrôles, ainsi que les voies de recours. « Nous disposons désormais d’un véritable guide pratique », explique un conseiller, estimant que le document facilitera autant la tâche du public que celle des professionnels.
Gouvernance financière et séparation des pouvoirs
Parallèlement, l’institution a défini son dispositif financier, condition sine qua non d’une action durable. Le budget, voté à l’unanimité, distingue clairement l’ordonnateur du comptable, réaffirmant la séparation des pouvoirs pour sécuriser les dépenses et prévenir tout risque de confusion des rôles.
Le texte prévoit qu’en cas d’empêchement du président, le vice-président devienne administrateur délégué des crédits. Si les deux hauts dirigeants étaient simultanément indisponibles, un conseiller, selon l’ordre de préséance, assurerait la continuité. Cette chaîne de substitution garantit la fluidité des engagements budgétaires.
« Une gouvernance claire rassure nos partenaires institutionnels », fait valoir un cadre du secrétariat général, convaincu que cette transparence financière favorisera l’obtention de soutiens techniques nationaux et internationaux destinés à accompagner la transition numérique du paysage médiatique congolais.
Une régulation adaptée à l’ère numérique
Sur ce plan, les conseillers ont d’ores et déjà dégagé plusieurs pistes de réflexion : prise en compte des nouveaux médias, régulation des réseaux sociaux et adaptation des exigences de déontologie aux formats vidéo éphémères. L’objectif est de suivre l’évolution des pratiques sans freiner l’innovation.
Un groupe de travail proposera bientôt un cadre d’accréditation spécifique pour les journalistes étrangers opérant en ligne. Il s’agira d’éviter les démarches lourdes tout en veillant à la vérification des sources, élément crucial pour préserver l’image du pays dans le concert international.
En toile de fond, le Conseil veut se doter d’outils de suivi automatisé afin d’identifier de manière proactive les contenus violents, haineux ou manifestement faux. Les premières pistes évoquent des partenariats avec des universités congolaises pour développer des algorithmes adaptés au contexte local.
Enfin, la session a arrêté la dénomination des commissions spécialisées, désormais réparties entre audiovisuel, presse écrite, numérique et publicité. Chaque structure disposera d’un secrétariat technique et d’indicateurs de performance, afin de mesurer l’impact des décisions sur la qualité de l’information diffusée au public.
Responsabilité, réserve et déontologie renforcées
La session a également rappelé l’obligation de réserve qui incombe aux membres et personnels du Conseil. Chaque haut conseiller s’y est engagé par écrit, signe d’une volonté d’exemplarité, alors que la défiance envers les organes de régulation progresse partout dans le monde.
Les droits et devoirs du personnel, désormais consignés dans une charte, couvrent la confidentialité des informations sensibles, la prévention des conflits d’intérêt et la disponibilité envers le public. Cette précision devrait limiter les incompréhensions et réduire la tentation pour certains d’utiliser la fonction comme tribune.
« La crédibilité réside dans la cohérence entre le discours et l’action », résume un rapporteur. C’est pourquoi la future réforme plus large envisagera des mécanismes de sanction graduée pour les médias, mais aussi pour les régulateurs eux-mêmes, afin d’éviter toute asymétrie de responsabilité.
Cap sur une réforme plus large du paysage médiatique
Les travaux de ce premier cycle ne marquent qu’un début. Les conseillers ont validé le principe d’ateliers sectoriels réunissant éditeurs, journalistes, associations de consommateurs et universitaires. Ils seront convoqués dans les prochains mois pour alimenter un livre blanc sur la modernisation du secteur.
Ce document dressera un diagnostic partagé des défis : pluralisme, modèle économique des rédactions, place des langues nationales et encadrement de la publicité. À partir de là, le CSLC élargira sa boîte à outils et proposera, si nécessaire, des ajustements législatifs aux autorités compétentes.
En refermant la session, le président Nsonga a salué « une étape fondatrice » et promis un suivi rigoureux : des rapports d’étape trimestriels seront publiés, alimentant un dialogue régulier avec le public. De quoi ancrer durablement la culture de reddition de comptes dans le paysage médiatique.