Une prise de parole à Brazzaville
Devant les journalistes réunis à l’ambassade de Chine, la diplomate An Qing a livré, le 11 septembre, un message centré sur l’unité territoriale de son pays. La conférence suivait les commémorations du 80ᵉ anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale antifasciste.
Le ton, mesuré mais ferme, a visé à dissiper tout doute : « Taïwan relève strictement des affaires intérieures chinoises », a-t-elle souligné, rappelant que la République populaire de Chine demeure, aux yeux des Nations unies, l’unique représentant légitime de l’ensemble du territoire chinois.
La résolution 2758, pierre angulaire juridique
La diplomate a cité la résolution 2758, adoptée en 1971 par l’Assemblée générale, comme fondement indiscutable. Ce texte consacre le siège unique de Pékin au sein de l’organisation et établit, pour les autorités chinoises, un cadre non négociable de souveraineté.
« Depuis plus de cinquante ans, aucun amendement n’est venu infirmer cette décision », a insisté An Qing. Pour Pékin, toute interprétation contraire constituerait une remise en cause du consensus mondial scellé lors de la guerre froide.
Le soutien affiché de Brazzaville
An Qing a rappelé la récente rencontre de Denis Sassou Nguesso avec Xi Jinping à Pékin. À cette occasion, le chef de l’État congolais a renouvelé l’adhésion de Brazzaville au principe d’une seule Chine, continuité d’une position historique de la diplomatie congolaise.
La diplomate a également fait état de lettres régulières émanant du Parti congolais du travail et du Parlement, réitérant la même ligne. « C’est un appui précieux qui conforte l’amitié entre nos deux pays », a-t-elle commenté, soulignant la convergence de vues sur les questions de souveraineté.
Un rappel historique jusqu’à l’Antiquité
Pour illustrer la profondeur du lien, la représentante de Pékin a mentionné l’époque impériale : « Taïwan appartient à la Chine depuis l’Antiquité », a-t-elle déclaré, en citant des archives territoriales. Cet argument historique sous-tend la conviction que l’île ne constitue pas un sujet de droit international distinct.
Elle a poursuivi en évoquant 1945, année de la restitution de Taïwan après un demi-siècle d’occupation japonaise. Quatre ans plus tard, la proclamation de la République populaire marquait, selon elle, la « pleine souveraineté » sur l’ensemble des provinces chinoises.
Les causes d’une question toujours vive
Interrogée sur la persistance du différend, An Qing a pointé le rôle de soutiens extérieurs reçus par certains militaires du parti Kuomintang, réfugiés sur l’île à l’issue de la guerre civile. Cette présence aurait entretenu une dualité de représentation qui, pour Pékin, ne reflète pas la réalité juridique.
La diplomate a, dans le même temps, évité toute escalade verbale, préférant souligner « l’aspiration commune des deux rives à la réunification pacifique ». Les observateurs présents ont relevé un discours alliant fermeté sur le principe et ouverture sur la méthode.
Brazzaville, témoin d’une amitié consolidée
La capitale congolaise devient, au fil des échanges, une scène privilégiée pour réaffirmer la proximité sino-congolaise. Depuis la signature de partenariats dans les infrastructures jusqu’aux projets culturels, le principe d’une seule Chine s’impose comme un fil rouge diplomatique.
Dans les couloirs de la conférence, certains participants ont rappelé la portée pratique de cet alignement : il facilite la conclusion d’accords économiques et renforce la confiance mutuelle. « Notre coopération gagne en stabilité lorsque les principes ne fluctuent pas », a glissé un cadre du ministère congolais des Affaires étrangères.
Un message tourné vers la communauté internationale
Au-delà de la relation bilatérale, An Qing a adressé un signal aux partenaires étrangers. « Les affaires chinoises se règlent entre Chinois », a-t-elle résumé, invitant chaque État à respecter l’intégrité territoriale reconnue par l’ONU.
Elle a ajouté que l’unité nationale demeure une aspiration profonde du peuple chinois, comparable à « l’attachement d’un pays à son drapeau ». Dans son entourage, on souligne que la diplomate privilégie l’argument institutionnel, sachant le poids du multilatéralisme à Brazzaville.
Vers une coopération fondée sur la confiance
Analystes et opérateurs économiques congolais voient dans cette constance un gage de prévisibilité. Les projets d’infrastructures, de santé ou de formation technique avancent plus aisément lorsqu’aucun sujet politique ne vient brouiller la relation.
Pour l’ambassade de Chine, l’année à venir sera marquée par de nouvelles étapes de coopération, présentées comme autant de « fruits d’une vision partagée ». Sur le terrain, plusieurs entreprises locales confirment déjà des calendriers alignés sur cet agenda bilatéral.
Un équilibre diplomatique consolidé
Le discours de Brazzaville intervient alors que la scène mondiale fait l’objet de recompositions rapides. En réaffirmant publiquement le principe d’une seule Chine, la République du Congo consolide sa position dans un multilatéralisme qu’elle défend traditionnellement.
Cette posture ouvre un espace de dialogue gagnant-gagnant, estiment des membres de la société civile présents. Ils voient dans la cohérence congolaise un facteur de crédibilité, tant auprès de Pékin que des autres partenaires internationaux.
Une partition sans fausse note
À l’issue de la conférence, le message retenu est clair : le dossier taïwanais ne souffre aucun flottement dans la relation Sino-congolaise. L’appui renouvelé de Brazzaville, salué par An Qing, s’inscrit dans la durée et alimente un partenariat jugé stratégique par les deux capitales.
Les promesses de nouveaux projets structurants, couplées à ce socle politique commun, devraient continuer de rythmer les échanges dans les mois à venir. D’ici là, Pékin compte sur le Congo pour rester l’un des relais africains les plus constants de son unité nationale.