Un anniversaire pas comme les autres
Quarante bougies, et autant d’étincelles d’espérance : le 31 août 2025, la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Talangaï a vibré au rythme de la grande fête du Mouvement Elisa. Fidèles, invités et curieux n’ont pas boudé leur joie, remplissant l’église jusque sur le parvis.
Le choix de célébrer cette étape majeure durant le 22e dimanche ordinaire a ajouté une dimension spirituelle forte. « Dieu nous appelle à la persévérance », a rappelé le célébrant, plaçant d’emblée l’anniversaire sous le signe de la fidélité au service.
Une liturgie portée par la jeunesse
La messe de 11 h, présidée par Mgr Urbain Ngassongo, évêque de Gamboma et vice-président de la Conférence épiscopale du Congo, a réuni autour de lui l’abbé Norbert Bouka Ossangué et plusieurs prêtres venus en voisins soutenir la dynamique paroissiale.
Les voix cristallines de la chorale Écho du Désert ont donné le ton, mêlant rythmes traditionnels, percussions et harmonies d’orgue. « Nous chantons pour que la parole traverse les cœurs », a confié leur chef de chœur, entre deux reprises du Magnificat.
Moment fort : les nouvelles Elisa ont prononcé leur engagement, promettant « paix et joie » selon leur devise. Les applaudissements nourris ont montré combien la communauté compte sur ces jeunes filles pour maintenir l’élan liturgique et missionnaire.
Elisa : quatre décennies de pas mariaux
Créé en 1985 par la religieuse Lucienne Pereira sous le nom de « Vie Chrétienne », le groupe visait d’abord à faire découvrir la vie consacrée et la dévotion mariale aux adolescentes du quartier.
Après le départ de la fondatrice, l’œuvre a été rebaptisée « Mouvement des Elisa », clin d’œil à Mgr Ernest Kombo, alors évêque de Nkayi, qui en a soutenu l’essor. Le slogan « Servante du Seigneur, paix et joie » sert depuis de boussole.
Les danses liturgiques, la récitation quotidienne du chapelet et les visites aux malades constituent le triptyque d’actions qui façonne ces jeunes. « Nous apprenons à servir avant de briller », confie Élise, 17 ans, sourire espiègle et foulard bleu ciel noué avec soin.
Les anciens servants d’autel fêtent aussi
La même célébration a permis de saluer les dix ans de l’Association des anciens servants d’autel, créée le 7 juin 2015. Rassemblant des générations de 1971 à 2010, elle transmet la piété, la pureté, le courage et le sens du service à la relève.
En guise de cadeau d’anniversaire, l’association a offert un haut-parleur flambant neuf à la paroisse. « La parole de Dieu mérite un son clair », a commenté le président, pendant que le curé réceptionnait l’appareil sous les acclamations.
Le geste rappelle l’histoire des premiers servants d’autel de 1971 : huit garçons réunis par le père Jean-Marie Grivaz pour accompagner les offices naissants dans le jeune quartier Talangaï. Leur héritage se propage aujourd’hui dans toute la ville.
Talangaï, creuset de vocation et de citoyenneté
La paroisse se situe au cœur d’un arrondissement populaire où la dynamique religieuse se conjugue au défi urbain. Les mouvements de jeunes y jouent un rôle complémentaire des initiatives publiques en matière de cohésion sociale et de lutte contre l’oisiveté.
Dans son homélie, Mgr Ngassongo a salué « l’engagement exemplaire » des Elisa, qualifiant leur joie communicative de « vaccin contre la lassitude ». Il a encouragé chaque fidèle à devenir « artisan de paix » dans sa famille, son école ou son lieu de travail.
Témoignages d’engagement
Pour Suzy Mboussa Mbala, responsable actuelle du Mouvement, « la maturité de quarante ans nous invite à sortir de nos murs ». Elle annonce déjà des retraites spirituelles ouvertes aux quartiers voisins et des ateliers d’écriture pour accompagner les jeunes filles dans leurs études.
Pascal Biozi Kiminou, ancien servant d’autel et chroniqueur de la mémoire paroissiale, insiste sur la continuité : « Notre but est de regrouper toutes les générations sans distinction. L’unité fait grandir le courage ». Son feuillet historique, distribué à la sortie, a trouvé un lectorat enthousiaste.
Des projets qui regardent loin
Au programme des prochains mois : une campagne numérique pour faire connaître la Vierge Marie auprès des lycéens, la création d’un fonds d’aide scolaire et l’accompagnement des vocations féminines, en lien avec les communautés religieuses de la capitale.
Le curé, abbé Norbert Bouka Ossangué, se dit confiant. « Les jeunes sont la richesse de l’Église et de la nation », souligne-t-il, annonçant un partenariat avec la mairie pour renforcer la propreté autour de l’église et sécuriser la rue menant au sanctuaire.
Un souffle pour la ville
Au-delà d’un jubilé interne, la fête a rappelé l’importance des espaces de sociabilité offerts par les paroisses. Parents, autorités locales et entrepreneurs du quartier y trouvent un terrain commun, cimenté par des valeurs de service et de partage.
Lorsque les dernières notes de tam-tam se sont tues, le parvis s’est transformé en lieu de retrouvailles. Les selfies ont fusé, témoignant que la modernité se conjugue sans heurts avec la tradition liturgique. Le Mouvement Elisa ferme sa 40e année résolument tourné vers l’avenir, habité d’une paix et d’une joie contagieuses.