Une descente très attendue
Vendredi 12 septembre 2025, le général André Fils Obami Itou, Commandant des Forces de police, a choisi l’arrondissement 7 Mfilou pour poursuivre sa tournée sécuritaire. Sa venue répond aux inquiétudes d’habitants confrontés à une montée des agressions, notamment dans les quartiers périphériques.
Devant la mairie de Bibiane Kouloumbou, plusieurs dizaines de chefs de quartiers et de blocs ont accueilli l’officier. Casquettes aux couleurs du drapeau et carnets de notes à la main, ils attendaient de connaître les nouvelles orientations destinées à protéger leurs rues.
La présence d’un haut gradé n’est pas anodine. Depuis son entrée en fonction, le général promet de « descendre lui-même sur le terrain ». À Mfilou, ce choix symbolise la volonté d’un dialogue direct entre police, autorités locales et administrés.
Le rôle pivot des chefs de quartier
Premiers témoins des incidents nocturnes, les chefs de quartier connaissent ruelles et habitants. Le général leur rappelle qu’aucune police ne réussit sans la « complicité agissante » de la population. Leur mission : signaler rapidement faits suspects et mouvements de bandes organisées.
Dans une salle exiguë, chacun prend la parole. Mana, chef du bloc Kingouala, évoque les intimidations de jeunes armés de machettes. Il avoue craindre des représailles mais se dit déterminé à « rompre l’omerta » qui entoure certains délinquants connus de tous.
Pour sécuriser le recueil d’informations, un canal discret est proposé : les signalements pourront transiter par la mairie, puis être transmis aux services d’enquête. « Chaque donnée sauve peut-être une vie », martèle le commandant, insistant sur la confidentialité des sources.
Un modèle de participation citoyenne
La stratégie exposée s’inspire des brigades de voisinage déjà testées dans d’autres arrondissements. Elle repose sur l’observation, l’alerte rapide et un travail de prévention auprès des jeunes à risque. Les chefs de blocs deviennent ainsi de véritables sentinelles communautaires.
La mairie promet de soutenir l’initiative par de petits fonds destinés à éclairer les ruelles, réparer les lampadaires défectueux et identifier clairement les maisons. « Un éclairage fiable décourage le passage à l’acte », souligne Bibiane Kouloumbou, estimant que sécurité rime avec cadre de vie.
Côté forces de l’ordre, davantage de patrouilles pédestres sont annoncées aux heures de sortie des écoles et aux premières lueurs de l’aube, moment choisi par certains voleurs pour surprendre les passants. Ces patrouilles bénéficieront des renseignements fournis par les référents locaux.
Priorité : endiguer la violence juvénile
Le phénomène des kulunas, parfois appelés bébés noirs, sonne comme un rappel pressant. Ces groupes de jeunes, âgés pour la plupart de 14 à 25 ans, usent d’armes blanches et sèment la peur dans les bus, marchés et ruelles enclavées.
Selon la direction départementale de la police, la majorité des interpellations récentes concernait des mineurs multirécidivistes. Plusieurs d’entre eux avaient pourtant bénéficié de programmes de réinsertion. Le commandant plaide pour un suivi socio-éducatif plus rigoureux, associé à la fermeté judiciaire.
Il annonce la relance d’ateliers sportifs et culturels, menés en partenariat avec des associations de Mfilou. L’objectif est de proposer des alternatives aux jeunes en rupture. « Le ballon ou la machette : il faut choisir », résume un éducateur invité à la rencontre.
Perspectives pour Mfilou
À l’issue de deux heures d’échanges, les participants signent un engagement moral. Chaque chef de bloc tiendra un registre des incidents et contactera un officier référent disponible 24 h/24. Un premier point d’étape est prévu dans un mois pour mesurer les résultats.
Bibiane Kouloumbou se félicite déjà d’une dynamique retrouvée entre mairie, police et citoyens. Elle espère que l’exemple de Mfilou essaime vers d’autres arrondissements. « La sécurité n’est pas qu’une affaire d’uniformes, c’est l’affaire de tous », résume l’élue, sourire aux lèvres.
Avant de quitter les lieux, le général Obami Itou serre les mains, promettant de revenir constater le fruit des efforts collectifs. Ses derniers mots résonnent comme une consigne et un vœu : « Restons vigilants, solidaires, et Mfilou reprendra sereinement son souffle ».
Des résultats déjà perceptibles
Depuis le coup d’envoi de la campagne, les statistiques de la police montrent une baisse de 15 % des vols à l’arrachée dans les arrondissements déjà visités. Les habitants de Domaine affirment entendre moins de cris la nuit et dormir fenêtres entrouvertes.
Le général y voit un signe encourageant, sans crier victoire. « Nous ne sommes qu’au début », tempère-t-il, appelant à maintenir la pression. Il annonce l’extension des rencontres citoyennes aux quartiers de Ngamakosso et Mayanga avant la fin de l’année.
Du côté des parents d’élèves, on s’organise aussi. Une association baptisée Voisins Vigilants Écoles vient de naître pour surveiller les abords des établissements. Ses membres répartissent des chasubles fluorescentes aux volontaires et inscrivent leurs tournées sur un groupe messagerie sécurisé.
Analystes et sociologues saluent cette approche « de proximité » qui mêle pédagogie, répression ciblée et actions sociales. Pour eux, Mfilou pourrait devenir un laboratoire de la sécurité participative à l’échelle nationale, à condition de pérenniser les moyens humains et matériels.
Le prochain bilan chiffré sera décisif pour consolider l’élan.