La tournée de la GAE arrive à Gamboma
Le 17 septembre, les ruelles de Gamboma, chef-lieu du département Nkeni-Alima, ont accueilli la Génération auto-entrepreneur. Son coordonnateur général, Digne Elvis Tsalissan Okombi, y a lancé la deuxième phase de la campagne dédiée à la révision des listes électorales.
Sous une pluie tenace, l’équipe de la GAE a rejoint les notables et les habitants regroupés autour du Patriarche, le président Denis Sassou Nguesso. Le rendez-vous visait à rappeler qu’aucun électeur potentiel ne devait rester en marge de l’enrôlement.
« Il s’agit de faire entrer chaque citoyen dans le fichier national pour que la voix de Gamboma pèse lors des scrutins », a expliqué le coordonnateur devant un parterre de jeunes et de commerçants rassemblés sur la place du marché.
La présence de délégués venus de Brazzaville, Pointe-Noire et Djambala a signalé la volonté de la plateforme de diffuser un message cohérent sur l’ensemble du territoire, au-delà des frontières administratives.
Une mobilisation de proximité
À l’inverse des grands meetings, la GAE mise sur le porte-à-porte. Les bénévoles, identifiables à leurs gilets verts, sonnent aux concessions, discutent en lingala ou en mbochi, aident à remplir les formulaires et expliquent la procédure à ceux qui n’ont jamais voté.
Cette stratégie s’appuie sur la conviction que le contact direct lève plus facilement les doutes. « Quand un voisin explique les avantages de la carte d’électeur, la réticence tombe », observe Grâce Mabiala, étudiante de 22 ans engagée dans l’opération.
Les comités de soutien distribuent aussi des flyers détaillant les pièces nécessaires : acte de naissance, pièce d’identité, justificatif de domicile. L’objectif est qu’un habitant bien informé n’abandonne pas l’inscription pour une question de papiers manquants.
À la fin de chaque journée, les chefs d’équipes font remonter le nombre de personnes convaincues afin d’adapter les trajets du lendemain. Ce suivi quotidien, salué par les autorités locales, permet de couvrir les quartiers les plus dispersés.
Redresser le taux de participation
Au Congo, la participation électorale reste le défi majeur des organisateurs. Lors des dernières consultations législatives, moins d’un électeur sur deux s’est déplacé selon les statistiques officielles. Pour la GAE, « il ne peut y avoir de démocratie forte sans taux de participation élevé ».
En ciblant surtout les primo-votants, l’organisation espère inverser la tendance dès 2024. Les jeunes de 18 à 25 ans représentent près d’un tiers de l’électorat potentiel, mais sont souvent les premiers à bouder les urnes.
À Gamboma, les équipes rappellent que la carte d’électeur ouvre aussi l’accès à certains concours administratifs et à des opérations bancaires, argument pratique qui parle aux étudiants et aux entrepreneurs.
« Notre rôle est d’illustrer que le vote influence le prix du manioc comme la qualité de la route nationale », résume Ernest Bindoukou, agriculteur impliqué dans le mouvement.
La feuille de route nationale
Après Gamboma, la délégation prévoit de rejoindre Owando, puis Kouilou. Les dates sont déjà cochées dans le carnet de route, a assuré Digne Elvis Tsalissan Okombi : « Plus rien n’arrêtera cette dynamique populaire. »
La stratégie reste identique : concertation matinale avec les autorités départementales, visites de quartiers l’après-midi, et réunion bilan le soir. La répétition crée un effet d’entraînement, estiment les observateurs locaux.
La GAE compte par ailleurs sur les communautés diasporiques revenues pour les vacances afin qu’elles prolongent le message dans leurs villages d’origine. « La sensibilisation ne s’arrête pas aux frontières des chefs-lieux », insiste le coordonnateur.
Le ministère de l’Intérieur suit de près ces opérations, saluant une contribution citoyenne à la réussite technique de la révision du fichier électoral dont la date butoir est fixée au 30 novembre.
Enjeux citoyens pour 2024
La révision des listes ne se limite pas à un exercice administratif ; elle prépare les scrutins présidentiel, législatifs et locaux. Chaque inscription sécurise le vote et limite les contestations liées aux doublons ou aux électeurs fictifs.
Les juristes rappellent que le contrôle biométrique adopté depuis 2021 exige une base de données impeccable. Plus l’enrôlement est anticipé, plus la Commission nationale électorale indépendante peut tester le matériel et corriger les anomalies.
À Gamboma, certains anciens admettent n’avoir jamais détaché leur carte d’électeur de son plastique. Pour la GAE, convaincre ces vétérans constitue aussi une victoire symbolique, preuve que la confiance institutionnelle progresse.
Si la dynamique se maintient jusqu’à la fin de l’année, les initiateurs espèrent dépasser le seuil de 75 % d’électeurs inscrits, un niveau encore inédit dans l’histoire récente du pays.