La scène congolaise brille aux Afrima 2025
La liste des nommés rendue publique par le comité des All Africa Music Awards confirme l’énergie créative de Brazzaville et Pointe-Noire. Cinq artistes, de générations et de styles variés, portent les ambitions nationales dans des catégories majeures face à une concurrence venue de tout le continent.
En tête d’affiche, Singuila, Jessy B, DJ Mombochi, Espe Bass et le jeune producteur Lifoli combinent racines locales et sonorités contemporaines. Leur présence simultanée témoigne d’une volonté collective : hisser le drapeau congolais au sommet d’une compétition qui attire chaque année des millions de votants et de téléspectateurs.
Singuila vise la couronne masculine d’Afrique centrale
Installé entre Paris et Brazzaville, Singuila concourt pour le titre de « Meilleur artiste masculin d’Afrique centrale ». Son single On fait comment, ballade R&B délicate, tisse une émotion universelle sans renier les influences rumba qui ont bercé son enfance.
« Je veux prouver qu’on peut toucher le cœur sans perdre son identité », confie-t-il en marge d’une séance studio. Le chanteur mise sur une orchestration sobre, portée par des guitares feutrées et un texte introspectif, pour séduire un jury sensible à l’authenticité.
Jessy B, plume affûtée d’une génération consciente
Avec deux nominations, Jessy B confirme son statut d’étoile montante. Dans La vie est belle, réalisée avec Black M, la rappeuse évoque espoir et résilience d’une jeunesse qui se cherche des repères. Son flow précis lui offre une place en catégorie « Meilleure lyriciste africaine ».
La jeune femme, qui se produit régulièrement dans les quartiers sud de Brazzaville, se félicite de « donner une voix aux filles du Congo ». Son équipe prépare une campagne numérique musclée pour mobiliser les lycéens et étudiants, cible naturelle de son message engagé.
DJ Mombochi fait danser Brazzaville et au-delà
Figure incontournable des clubs de la capitale, DJ Mombochi dispute le trophée de « Meilleur DJ africain ». Son titre Lifoli, conçu avec Paterne Maestro, superpose tambours téké et basses électro. Ce mélange audacieux symbolise l’évolution du DJing africain, passé du simple sélecteur à un créateur de tendances.
« Je veux que les pistes de danse du Cap à Casablanca résonnent aux battements du Congo », lance-t-il. Sa stratégie repose sur des sets diffusés en direct sur les réseaux sociaux, véritable caisse de résonance pour toucher un public panafricain avide de sons hybrides.
Espe Bass revisite l’héritage d’Extra Musica
Pilier du mythique groupe Extra Musica, Espe Bass concourt dans la catégorie « Musique contemporaine africaine » avec Le temps des noces. Le morceau tresse chœurs traditionnels, guitare mi-sébine et paroles célébrant l’amour et la famille, valeurs que l’artiste juge « intemporelles ».
Son ambition : montrer qu’une carrière longue de trois décennies peut encore surprendre. En studio, il invite de jeunes beatmakers à injecter des nappes synthétiques, gage d’une passerelle réussie entre deux générations.
Lifoli, prodige des collaborations interculturelles
Plus discret, Lifoli apparaît dans la catégorie « Meilleure collaboration intercontinentale » grâce à un projet réunissant des artistes nigérians et kényans. À 23 ans, il s’impose comme un trait d’union entre les scènes, mêlant chants en lingala, pidgin et swahili sur une production house percutante.
« Ma musique est un pont », assure-t-il lors d’un live Instagram. Sa nomination consacre l’essor d’une jeunesse congolaise connectée, prête à utiliser le numérique pour abolir les frontières sonores.
Un vote en ligne repensé pour les fans africains
Le comité des Afrima a élargi le vote public à de nouvelles plateformes mobiles, permettant aux fans de soutenir leurs favoris en quelques clics. Un système de sécurisation blockchain garantit la fiabilité des résultats, tandis que des tutoriels multilingues simplifient l’inscription depuis les zones peu couvertes.
Cette ouverture profite aux artistes congolais, très suivis sur Facebook et WhatsApp. Déjà, des collectifs de supporters planifient des campagnes de partages groupés afin de maximiser le nombre de voix d’ici la fermeture des scrutins numériques.
Les Afrima, vitrine du soft power continental
Initiés en 2014, les All Africa Music Awards se sont imposés comme une plateforme de valorisation culturelle reconnue par l’Union africaine. Outre les trophées, le programme inclut ateliers, jumelages pédagogiques et concerts solidaires, favorisant des retombées touristiques et économiques pour les pays hôtes.
Pour le Congo, la présence de cinq artistes constitue donc un levier d’image. « Plus nos créateurs brillent, plus notre pays attire investisseurs et visiteurs », souligne un responsable du ministère de la Culture, qui annonce un accompagnement logistique pour faciliter la promotion internationale.
Objectif : inscrire le Congo au palmarès 2025
La grande soirée de remise des prix aura lieu au premier trimestre 2025 dans une capitale encore tenue secrète. D’ici là, les nominés multiplient showcases et interviews afin de convaincre le public et un jury composé de producteurs, journalistes et universitaires spécialisés.
« Notre rêve est collectif », résume Jessy B. En croisant rap, rumba, électro et fusion, la délégation congolaise espère décrocher plusieurs trophées et offrir une fierté partagée aux mélomanes du pays, qu’ils vivent à Brazzaville, Pointe-Noire ou dans la diaspora.
Une dynamique appelée à durer
Quelle que soit l’issue, cette razzia de nominations renforce le sentiment d’appartenance d’une scène congolaise en pleine maturité. Les artistes promettent déjà de nouvelles collaborations et une tournée commune post-Afrima, histoire de capitaliser sur l’élan médiatique et de nourrir la créativité collective.
Le rendez-vous est donc pris : la musique congolaise, forte de ses racines et résolument tournée vers l’avenir, entend continuer à résonner bien au-delà de ses frontières, au rythme de voix singulières et de beats inventifs.