Brazzaville mise sur un dialogue institutionnel renforcé
Le 17 septembre, dans le bureau boisé du président Isidore Mvouba, l’atmosphère était studieuse. Yennie Clara Osseté Mberi, nouvelle secrétaire exécutive du Conseil consultatif de la femme, est venue dérouler sa vision d’un partenariat étroit avec l’Assemblée nationale pour porter plus haut la voix des Congolaises.
« Nos institutions avancent mieux lorsqu’elles se parlent clairement », a-t-elle résumé à la sortie de l’audience. Selon elle, établir un circuit permanent d’échanges permettra d’accélérer l’examen des avis du CCF et de traduire plus rapidement certaines recommandations en propositions de loi.
Le président de la chambre basse a salué une démarche « responsable et rassembleuse ». Il a rappelé que la Constitution confie à l’Assemblée la mission de veiller à l’inclusion de toutes les composantes de la Nation dans les politiques publiques. Un engagement qu’il entend honorer, assure son entourage.
Un plan d’action 2024-2026 détaillé
Depuis son installation, Yennie Clara Osseté Mberi sillonne les organes législatifs pour présenter un document stratégique articulé autour de trois axes : éducation des filles, valorisation des figures féminines de l’histoire et participation économique locale.
Le calendrier dévoile des ateliers de terrain dès le premier trimestre 2024, mais aussi des campagnes de sensibilisation numérique pour toucher la jeunesse connectée. « Nous voulons associer les startups, les associations et les médias », précise-t-elle.
La secrétaire exécutive compte également inviter les collectivités à adopter des budgets sensibles au genre, une pratique déjà encouragée par plusieurs partenaires au développement. L’Assemblée nationale pourrait offrir une tribune à ces initiatives lors de ses prochaines sessions.
Le rôle stratégique du Parlement
En tant qu’organe législatif, l’Assemblée détient le pouvoir de voter, contrôler et évaluer les lois touchant à la condition féminine. Les quotas de représentation et la lutte contre les violences basées sur le genre figurent parmi les chantiers régulièrement débattus.
Pour Isidore Mvouba, l’enjeu est double : élaborer des textes solides et garantir leur application sur le terrain. D’où sa volonté d’intensifier le suivi parlementaire aux côtés du CCF, qu’il considère comme « une boussole sociale essentielle ».
Des auditions thématiques pourraient être organisées dès la prochaine session ordinaire. Des élues locales y partageraient leur expérience, afin d’apporter un éclairage pratique aux travaux en commission.
Éducation et leadership au féminin
L’accès des jeunes filles à une éducation de qualité figure en tête de la feuille de route présentée. Les statistiques nationales montrent une progression constante de la scolarisation, mais les disparités rurales persistent.
Le CCF entend plaider pour des internats sécurisés, la distribution de kits scolaires et la formation d’enseignantes mentores. « Un diplôme reste la meilleure protection contre la précarité », souligne Yennie Clara Osseté Mberi.
Parallèlement, l’institution veut mettre en avant les pionnières congolaises. Des expositions itinérantes et des modules pédagogiques seront proposés pour inspirer la génération montante et nourrir l’estime de soi.
Un cadre constitutionnel solide
L’article 232 de la Constitution fonde le Conseil consultatif de la femme, lui confiant la mission d’émettre des avis et de faire des suggestions au gouvernement pour favoriser l’intégration féminine dans le développement national.
La loi organique 14-28 du 15 mars 2018 précise son fonctionnement, structuré autour de sessions régulières. Ces séances permettent de recueillir les préoccupations de terrain et de les traduire en recommandations officielles.
Pour garantir l’efficacité de ce cadre, le dialogue avec le Parlement est jugé incontournable. La secrétaire exécutive et le président Mvouba envisagent même de formaliser leurs échanges par un protocole de collaboration.
Une nomination saluée et porteuse d’espoir
Nommée par décret présidentiel le 7 août 2025, Yennie Clara Osseté Mberi a réaffirmé sa gratitude envers le chef de l’État pour la confiance placée en elle. Cette reconnaissance s’inscrit dans la tradition républicaine de promotion des compétences féminines.
Son entrée en fonction est perçue comme un signal positif par plusieurs organisations de la société civile, qui espèrent voir les réformes s’accélérer. Les milieux économiques y voient également l’occasion de renforcer l’entrepreneuriat féminin, moteur d’emploi local.
Pour rappel, le Conseil consultatif de la femme travaille en étroite synergie avec les ministères sectoriels, afin d’éviter les doublons et d’optimiser les ressources publiques consacrées à l’égalité.
Prochaines étapes et attentes citoyennes
Dans les semaines à venir, un agenda conjoint sera arrêté. Il devrait comporter une cartographie des besoins par département, ainsi qu’un tableau de bord d’indicateurs pour mesurer l’impact des actions menées.
Les citoyennes rencontrées à la sortie de l’Assemblée expriment un mélange d’impatience et de confiance. « Nous voulons voir des changements concrets dans nos quartiers », insiste Adèle, commerçante à Talangaï, qui espère des formations à la gestion budgétaire.
Isidore Mvouba, pour sa part, promet de mettre la machine parlementaire au service de ce nouvel élan. « Le temps est venu de transformer les bonnes intentions en actes législatifs tangibles », résume-t-il devant la presse.