Une journée mondiale à Brazzaville
Le 17 septembre, le ministère congolais de la Santé et le bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé se sont réunis à Brazzaville pour célébrer la Journée mondiale de la sécurité des patients. La cérémonie, haute en couleur, a rappelé que la qualité des soins est un droit fondamental pour chaque citoyen.
Le thème retenu, « Des soins sûrs pour chaque nouveau-né et chaque enfant », a orienté les débats vers les maternités et les services pédiatriques. Dans un pays où la jeunesse représente l’avenir, protéger la vie dès les premières heures apparaît comme un impératif social autant qu’une priorité sanitaire.
La vulnérabilité des plus jeunes
Les experts soulignent que les nouveau-nés traversent les premières minutes les plus critiques de toute vie humaine. Prématurité, asphyxie à la naissance et infections constituent encore les premières causes de décès néonatal, rappelle le pédiatre Moussa Nkodia, présent au forum.
« Un bébé prématuré a besoin d’un environnement stable, d’un personnel formé et de protocoles sûrs. La moindre défaillance peut coûter la vie », insiste ce spécialiste. Les risques augmentent lorsque les infrastructures manquent ou que les médicaments d’urgence ne sont pas disponibles à temps.
Des défis encore nombreux dans les maternités
Le directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, Mohamed Yakub Janabi, a déclaré que « la mauvaise qualité des soins, plus que l’absence d’accès, explique plus de la moitié des décès maternels et néonatals dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ».
Au Congo, certaines maternités font encore face à des ruptures de consommables ou à des tableaux de garde incomplets. Le gouvernement investit cependant dans la réhabilitation des plateaux techniques, l’installation de couveuses modernes et la disponibilité des médicaments essentiels, conformément aux lignes directrices approuvées par l’OMS.
Des stratégies nationales qui progressent
Le Pr Donatien Moukassa, directeur de cabinet du ministre de la Santé, a rappelé que le pays dispose déjà d’une politique de qualité intégrant la sécurité des patients. « Nous avons renforcé la formation continue, diffusé les protocoles de soins et soutenons les sociétés savantes afin qu’elles deviennent de véritables relais dans les hôpitaux », explique-t-il.
Vingt-et-un pays africains mettent en œuvre des stratégies similaires et sept autres finalisent leurs plans. Au Congo, ce dispositif s’appuie sur le Plan national de développement sanitaire, lequel cible l’amélioration des soins primaires et l’extension de la couverture sanitaire universelle.
Impliquer familles et professionnels
Les autorités insistent sur la place des parents, souvent premiers témoins d’un danger. Sensibilisation aux signes d’infection, participation aux directives d’allaitement et présence en service de néonatologie figurent désormais parmi les recommandations officielles.
« Une mère avertie repère rapidement une détresse respiratoire. Son alerte peut déclencher l’intervention vitale », note Sylvie Kodia, sage-femme au Centre hospitalier de Makélékélé. Les personnels, de leur côté, sont encouragés à documenter chaque geste afin de créer des systèmes d’apprentissage qui préviennent la répétition d’erreurs.
Vers l’objectif zéro décès évitable
Le Plan d’action mondial pour la sécurité des patients 2021-2030 appelle à concevoir des processus cliniques plus sûrs et à renforcer les compétences. Brazzaville s’aligne sur cette feuille de route, avec l’ambition d’approcher zéro décès maternel d’ici à la fin de la décennie.
Pour Mohamed Yakub Janabi, l’équation est claire : « Investir maintenant dans les soins de santé primaires, c’est garantir l’avenir. Nous avons le savoir, les outils et la volonté. Les résultats dépendront de notre capacité à agir ensemble ». Les pas réalisés inspirent confiance, même si la vigilance reste de mise.
La Journée mondiale de la sécurité des patients s’achève sur cette note d’espoir. Les rubans orange rangés, les participants repartent dans leurs services, décidés à transformer les résolutions en actes concrets. Car derrière chaque statistique se cache un visage d’enfant que le pays refuse de perdre.