Un recueillement devenu rendez-vous national
Sous un ciel voilé, la flamme du souvenir s’est dressée devant le monument des victimes, avenue de la Paix, à Brazzaville. Trente-quatre ans après l’attentat contre le Boeing DC-10 d’UTA, 48 noms congolais résonnent encore dans toutes les mémoires.
Des fleurs pour 48 histoires brisées
La ministre des Transports, Ingrid Olga Ghislaine Ebouka-Babackas, a déposé une gerbe blanche au nom du gouvernement. « Ce geste traduit la compassion de tout un État », a-t-elle déclaré, la voix retenue, avant d’observer une minute de silence aux côtés des familles.
Le drame du désert du Ténéré
Le 19 septembre 1989, le vol UTA 772 reliant Brazzaville à Paris explosait au-dessus du Niger, tuant 170 personnes. L’enquête internationale a conclu à un acte terroriste. Pour le Congo, cette tragédie a marqué un tournant dans la perception de la sûreté aérienne.
« Je n’ai jamais oublié » : la douleur des proches
Sergent Alain Mavoungou, orphelin à dix ans, se tient toujours au premier rang. « J’ai perdu mes parents et ma petite sœur. Les sentiments restent intacts », confie-t-il. Son témoignage rappelle la dimension intime du deuil, au-delà des chiffres et des rapports techniques.
Engagement gouvernemental renouvelé
Devant la stèle, la ministre a réaffirmé l’engagement du Premier ministre à garantir des vols sûrs. « Nous poursuivons une politique d’amélioration continue des équipements et des procédures », a-t-elle souligné, évoquant les contrôles conjoints menés avec l’Organisation de l’aviation civile internationale.
Infrastructures modernisées à Brazzaville et Pointe-Noire
Depuis 2020, l’aéroport Maya-Maya dispose d’un nouveau système de balisage LED et d’un radar secondaire. À Pointe-Noire, un pavillon dédié aux opérations d’urgence a été inauguré. Ces installations réduisent les risques liés à la navigation de nuit et aux conditions météorologiques changeantes.
Formation du personnel au cœur de la stratégie
Les autorités ont envoyé 120 contrôleurs aériens et techniciens en stage à l’École africaine de la météorologie et de l’aviation civile d’Abidjan. « Une tour ultra-moderne ne sert à rien sans des opérateurs formés en permanence », précise M. Baudry Ngouabi, directeur général de l’ANAC.
Certification et audits internationaux
En juin dernier, le Congo a obtenu un taux de conformité de 72 % lors de l’audit USOAP de l’OACI, contre 55 % en 2017. Cette progression témoigne, selon la ministre, « d’un alignement méthodique sur les meilleures pratiques régionales ».
Accompagnement psychologique des familles
Le ministère des Affaires sociales maintient un guichet d’écoute rue Balandier. Des séances de soutien collectif sont proposées chaque trimestre. « Le traumatisme perdure, il faut l’entendre », explique la psychologue Nadège Obili, saluant « la présence récurrente des pouvoirs publics ».
La dimension juridique toujours ouverte
Même si les indemnisations ont été versées en 2004, certains ayants droit réclament un accès simplifié aux archives pour transmettre la mémoire aux plus jeunes. Une commission mixte Justice-Transport étudie la possibilité de numériser l’ensemble des dossiers d’ici 2025.
Coopérations régionales renforcées
Brazzaville coordonne désormais avec l’ASECNA un protocole d’alerte rapide couvrant le corridor Atlantique. L’objectif est de mutualiser les informations radar et satellitaires afin de détecter toute anomalie de vol dans un délai inférieur à trois minutes.
Le rôle stratégique du ciel congolais
Situé au croisement des routes Afrique australe-Europe et Afrique de l’Ouest-Océan Indien, l’espace aérien national accueille chaque jour près de 120 mouvements. Garantir sa sécurité demeure donc un enjeu économique, touristique et diplomatique majeur pour le pays.
Objectif zéro incident majeur
Le plan directeur 2024-2028 prévoit l’installation d’un ILS catégorie III à Maya-Maya et la rénovation complète de la piste secondaire de Dolisie. Ces investissements visent un indicateur clé : zéro accident avec perte humaine sur le territoire congolais.
Des passagers plus conscients des procédures
Les compagnies domestiques organisent des démonstrations publiques de consignes de sécurité dans les lycées de la capitale. « Une culture aéronautique partagée améliore la vigilance de tous », insiste le commandant Kouloungou, instructeur chez Equaflight.
Un devoir de mémoire qui éduque
Chaque 19 septembre, les enseignants d’histoire invitent les élèves à comprendre le contexte de 1989 et les progrès réalisés. Cette pédagogie transforme la douleur en leçon citoyenne, selon la professeure Irène Samba du lycée Chaminade.
Reconnaissance internationale
Le Conseil de sécurité de l’Union africaine a salué dans un communiqué « les efforts soutenus du Congo pour adapter ses normes de sûreté malgré un environnement international en mutation permanente ». Ce soutien renforce la crédibilité du pays sur la scène aéronautique.
Perspectives et vigilance collective
Alors que la connectivité aérienne en Afrique centrale se densifie, les autorités appellent à une vigilance partagée entre États, compagnies, personnels et voyageurs. La commémoration annuelle rappelle que la sécurité est une construction quotidienne, fondée sur la mémoire et la responsabilité.
Un hommage qui ouvre l’avenir
À mesure que les pétales se referment sur le marbre du mémorial, les familles emportent un message d’espérance : transformer la tragédie en force, pour qu’aucun passager ne subisse plus jamais pareille épreuve sous le ciel congolais.