Un geste sanitaire à Brazzaville
Il est dix heures passées lorsque les cartons estampillés « Fondation Julia-Bouya » franchissent le portail du Centre de santé intégré Marien-Ngouabi, dans le sixième arrondissement Talangaï. Quelques heures plus tard, le même ballet se répète au CSI de Moukondo, à Moungali.
Au total, plusieurs centaines de boîtes d’antibiotiques, d’antipaludiques, d’antalgiques ainsi que des kits destinés aux consultations prénatales et aux vaccinations ont été distribués. « Ces produits répondent aux besoins immédiats des familles du quartier », se félicite le docteur Blaise Ngouaddi, médecin-chef du CSI Marien-Ngouabi.
La mémoire de Julia Bouya au cœur de l’action
Le don marque le quatrième anniversaire de la disparition de Julia Bouya, figure de la philanthropie congolaise. « Chaque année, nous posons un acte concret pour rappeler sa générosité », explique Dorel Eyobelé, représentant de la présidente de la fondation, lors de la cérémonie.
Créée en 2022, l’organisation s’est fixé pour mission de promouvoir le bien-être familial et de sensibiliser aux maladies graves. « Julia croyait profondément à la solidarité de proximité. Ces médicaments sont un prolongement naturel de sa vision », ajoute M. Eyobelé devant le personnel soignant et les habitants réunis.
Mettre la mère et l’enfant au premier plan
Parmi les colis, les kits materno-infantiles occupent une place de choix. Ils contiennent blouses jetables, pinces ombilicales, gants stériles et solutions de réhydratation destinées aux nourrissons. « Le premier contact avec le système de santé influence toute la vie de l’enfant », rappelle la sage-femme principale, Joséphine Mabika.
Le ministère de la Santé fait de la réduction de la mortalité maternelle une priorité nationale. Dans ce contexte, les dons privés viennent renforcer la chaîne d’approvisionnement, parfois mise à rude épreuve par la hausse de la demande dans les quartiers en rapide expansion urbaine.
Complémentarité avec les pouvoirs publics
Les responsables des deux CSI soulignent la synergie entre initiative citoyenne et politique publique. « Nous restons maîtres de la prescription, mais la fondation allège la pression sur notre budget de fonctionnement », précise le docteur Ngouaddi.
Présente lors de la remise, la directrice départementale de la Santé, Marie-Reine Obali, a salué « une contribution qui s’inscrit parfaitement dans la stratégie gouvernementale de renforcement de la santé primaire et de proximité ». Elle a assuré que la traçabilité des produits serait garantie par les circuits pharmaceutiques officiels.
Un engagement social déjà visible
Depuis sa création, la Fondation Julia-Bouya a multiplié les actions : distribution de fauteuils roulants à des enfants en situation de handicap à Brazzaville, appui logistique à des coopératives agricoles dans la Cuvette et fourniture de matériel scolaire à plusieurs établissements.
Ces opérations sont financées par des contributions privées et un mécénat d’entreprise. « Nous travaillons main dans la main avec les chefs de quartiers et les associations locales pour identifier les besoins réels », souligne Dorel Eyobelé, estimant à plus de 12 000 le nombre de bénéficiaires directs depuis 2022.
Perspectives : élargir la couverture santé
La fondation prépare à présent un programme mobile de dépistage du diabète et de l’hypertension, maladies chroniques en hausse dans la capitale. Une unité pilote, actuellement en phase d’aménagement, devrait sillonner Talangaï et Moungali d’ici à la fin de l’année.
« Nous voulons agir avant l’apparition des complications », indique M. Eyobelé. À plus long terme, l’organisation ambitionne de cofinancer la construction d’un centre de formation paramédicale afin de répondre au besoin croissant en personnels qualifiés. Le docteur Ngouaddi conclut : « La meilleure prévention reste un personnel bien formé et des médicaments disponibles ».