Mobilisation record sur le sable de Songolo
Sous un soleil radieux, plus d’une centaine de volontaires ont foulé le sable de la plage de Songolo, à Pointe-Noire, le 19 septembre. Leur objectif affiché : débarrasser le littoral de la pollution plastique qui s’accumule après chaque marée.
À la fin de la matinée, près d’une tonne de bouteilles, bouchons et emballages avait été entassée sur un linéaire d’un kilomètre, prouesse saluée par les encadrants de l’ONG Rénatura-Congo qui pilotait l’opération.
« Nous sommes fiers de ce résultat, même si une action isolée ne suffit pas à stopper la pollution marine », souligne la chargée de communication Destie Issanga, rappelant que l’initiative anticipe la Journée mondiale du nettoyage célébrée le 20 septembre.
Une action inscrite dans la Journée mondiale du nettoyage
Depuis 2018, la Journée mondiale du nettoyage mobilise des millions de citoyens sur les cinq continents. Pointe-Noire s’inscrit chaque année un peu plus dans ce mouvement planétaire en conviant associations, écoles et entreprises autour de gestes concrets.
Pour l’édition 2025, les groupes Human Empress et Climate Éducation Congo ont répondu présent, aux côtés de scouts, de bénévoles indépendants et d’agents de sociétés partenaires qui ont troqué l’ordinateur contre des gants et des sacs de jute.
« Nous voulons montrer que protéger notre littoral est l’affaire de tous, pas seulement des autorités », insiste Ephraïm Moussavou, chef de groupe de l’Association des Scouts et Guides du Congo, ravi de voir ses jeunes recrues apprendre par l’action.
Le fléau du plastique sur le littoral congolais
Le littoral congolais subit de plein fouet les courants d’Afrique centrale qui charrient des détritus venus de loin. À Songolo, les familles décrivent parfois un sable colmaté par les sachets abandonnés, devenus inséparables des jeux de plage des enfants.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : près d’un millier de kilos en quelques heures sur un seul kilomètre. Cette densité illustre l’ampleur du défi pour les communes côtières qui rêvent de développer un tourisme balnéaire durable.
Au-delà de l’esthétique, le plastique menace la faune marine. Les tortues olivâtres, emblématiques de la côte ouest-africaine, confondent souvent les sacs translucides avec des méduses, s’asphyxiant avant d’atteindre leur zone de ponte, souligne Rénatura, spécialisée dans leur sauvegarde.
Recycler pour offrir une seconde vie aux déchets
Une fois pesés, les sacs ont été chargés dans un camion de la Société de logistique environnementale, partenaire de Rénatura. L’entreprise promet de trier, broyer puis expédier les paillettes obtenues vers des ateliers de transformation locaux.
Selon son superviseur technique, ce flux alimente la fabrication de pavés, de seaux ou de meubles de jardin vendus sur les marchés de Pointe-Noire, démontrant qu’un déchet peut devenir ressource et générer des emplois verts.
« Le recyclage crée une chaîne de valeur locale et réduit l’importation de produits plastiques neufs », souligne Diane Mouanda, bénévole venue avec son entreprise pour la collecte.
Jeunesse et associations au premier plan
La jeunesse constitue le moteur de cette dynamique. Les membres d’Human Empress, vêtus de tee-shirts orange, guidaient les plus petits sur le tamisage du sable tandis que les étudiants de Climate Éducation Congo expliquaient l’impact des microplastiques invisibles.
Parmi eux, Juliana, 9 ans, brandissait fièrement une bouteille d’eau réutilisable offerte aux participants : Nous montrerons à notre école que chaque geste compte, déclarait-elle, avant de courir remplir son seau.
Ce mélange d’enthousiasme juvénile et d’expertise associative crée une émulation que les organisateurs entendent pérenniser lors d’ateliers scolaires et de futurs nettoyages ciblés sur d’autres criques de la façade Atlantique.
Objectif : changer les habitudes au quotidien
Au cœur des discours, la réduction à la source revient comme leitmotiv. Destie Issanga invite les ménages à privilégier gourdes, sacs en toile et vrac pour freiner l’arrivée de nouveaux déchets sur les berges.
La municipalité de Pointe-Noire, déjà engagée dans des campagnes de sensibilisation, envisage de renforcer la collecte sélective et d’installer davantage de bacs de tri le long des plages, selon un cadre technique présent lors de l’événement.
Alors que les vagues emportaient les dernières traces de l’opération, les participants se sont donné rendez-vous pour un nouveau nettoyage avant la fin de la saison sèche, convaincus qu’un littoral propre est la première vitrine de la cité océane.