Le stade Enrico-Mattei en liesse
Mercredi matin, les tribunes du stade Enrico-Mattei vibraient déjà. Tambours, sifflets et chants ont accueilli les quatre formations U18 venues disputer la deuxième édition du tournoi portant le nom du fondateur d’Eni. La ville océane s’offrait, l’espace de quarante-huit heures, un carnaval de foot et de couleurs.
Sous un soleil franc, Tié-Tié, Mvou-Mvou, Loandjili et le Centre national de formation de football de Brazzaville ont foulé la pelouse. Chaque entrée d’équipe fut saluée par des salves d’applaudissements, preuve que le public de Pointe-Noire n’a rien perdu de son appétit footballistique.
Dès le premier coup de sifflet, l’intensité a donné le ton. Treize buts ont été inscrits durant le tournoi, dont trois pour le seul Galoise du CNFF, futur meilleur buteur. Les gradins, garnis de familles et de touristes, ont savouré chaque action comme un avant-goût de la prochaine saison scolaire.
Une célébration de l’amitié Italie-Congo
Hôte de l’événement, l’ambassade d’Italie voulait faire de cette Journée italienne du sport un moment d’unité. « Le ballon parle un langage universel », a rappelé l’ambassadeur Enrico Nunziata, micro en main, avant d’insister sur le rôle du sport pour rapprocher les peuples.
Autour de lui, le ministère congolais de la Jeunesse et des Sports, la société Eni Congo et les municipalités locales ont uni leurs moyens pour offrir une organisation sans accroc. Banderoles tricolores vert-blanc-rouge se mêlaient fièrement aux drapeaux bleu-blanc-rouge congolais.
Entre deux matchs, les spectateurs ont découvert des parades culturelles réunissant danses traditionnelles, percussions et sketches improvisés. Une manière de rappeler que l’Italie et le Congo partagent depuis longtemps un goût commun pour la convivialité et la création artistique.
CNFF, une victoire forgée à l’entraînement
Sur le rectangle vert, la finale a tenu ses promesses. Face à Loandjili, le CNFF de Brazzaville a imposé son style fait de transmission rapide et de pressing haut. Deux réalisations, signées Guylain Mpassi et Michel Kayeye, ont scellé le sort du match.
À la sirène finale, les jeunes de la capitale ont exulté, trophée brandi au-dessus des têtes. Leur coach, Guy-Roger Moutou, a salué « un succès né de longues séances au Centre de Kintélé et d’un moral d’acier ».
Loandjili, malheureux finaliste, n’est pas reparti les mains vides : son capitaine Jean Loudzikou a reçu la distinction de meilleur joueur, tandis que Gaga Omeya de Mvou-Mvou a été élu meilleur gardien. La hiérarchie respecte ainsi un esprit de méritocratie cher aux organisateurs.
Sport et éducation au même diapason
Derrière les célébrations, le message éducatif n’a jamais disparu. « Ne séparez jamais école et terrain », a martelé l’ambassadeur Nunziata, rappelant l’imminente rentrée académique. Sa prise de parole a résonné chez les parents venus encourager leurs enfants.
Charles Makaya, directeur de cabinet du ministre des Sports, a renchéri. Il a exhorté les jeunes à viser l’excellence en parlant d’« élites de demain ». Pour les autorités, discipline, respect et esprit d’équipe forment un triptyque aussi crucial qu’un passement de jambe réussi.
Le discours a trouvé écho dans les tribunes où enseignants, encadreurs et anciens internationaux échangeaient sur les vertus d’un double projet sport-études. Plusieurs sponsors ont d’ailleurs promis des dotations en fournitures scolaires pour récompenser la combativité observée durant le tournoi.
Un futur centre de formation à Pointe-Noire
Au-delà du trophée, l’annonce majeure est venue de la bouche de Charles Makaya. « Nous saluons l’intérêt d’Eni Congo pour la création d’un Centre national de formation sur ce site même », a-t-il déclaré sous une salve d’applaudissements.
Prévu pour accueillir des enfants de huit à dix-huit ans, l’établissement combinera salles de classe, terrains synthétiques et dortoirs modernes. Objectif : offrir aux talents de la côte et de l’hinterland un environnement propice à l’éclosion, sans éloignement familial excessif.
Eni Congo, partenaire historique du football local, examine les études de faisabilité. Plusieurs responsables techniques prévoient déjà des formations d’entraîneurs et des bourses d’études, gages d’un accompagnement global aligné sur les ambitions gouvernementales en matière de jeunesse.
Pointe-Noire, carrefour de la jeunesse sportive
Avec ce projet, Pointe-Noire consolidera sa place de laboratoire sportif. La ville, riche d’un tissu associatif dynamique, dispose d’infrastructures portuaires facilitant l’arrivée de délégations internationales pour les tournois à venir.
Les commerçants du quartier Loandjili y voient une opportunité supplémentaire. « Plus de matchs signifie plus de visiteurs », se réjouit Clarisse, vendeuse de boissons fraîches, qui a doublé son chiffre d’affaires pendant le tournoi. Les retombées économiques confortent ainsi la stratégie territoriale voulue inclusive.
Les autorités municipales comptent aussi capitaliser sur cet engouement pour développer les transports urbains vers le complexe sportif. Bus supplémentaires et aménagements piétonniers sont déjà inscrits dans le plan local, synonyme d’emplois et de mobilité améliorée pour les riverains.
En route vers la scène internationale
L’ambassadeur Nunziata a profité de la remise des médailles pour évoquer deux rendez-vous planétaires qui se tiendront en Italie en 2026 : les Jeux paralympiques d’hiver de Milan-Cortina et les Jeux méditerranéens de Tarente. Une invitation à voir plus grand pour les jeunes Congolais.
Le ministère des Sports envisage d’ailleurs d’envoyer une délégation d’observateurs lors de ces compétitions. L’idée est de s’imprégner des méthodes d’organisation et d’accessibilité afin de les adapter, à terme, aux futurs championnats nationaux et sous-régionaux.
Pour plusieurs techniciens présents, ce pont vers la scène internationale nourrit la motivation. « Jouer un jour en Italie, c’est possible », glisse le gardien Gaga Omeya, les yeux déjà tournés vers l’avenir.
Un palmarès qui nourrit les rêves
Le classement final, salué par un tonnerre d’applaudissements, place le CNFF en haut de l’affiche, suivi de Loandjili, Tié-Tié puis Mvou-Mvou. Au-delà des médailles, chaque camp repart avec l’expérience inestimable d’un tournoi maîtrisé de bout en bout.
Les organisateurs ont misé sur l’équité en octroyant des récompenses individuelles. Le meilleur buteur Galoise, buteur agile du CNFF, a reçu une paire de crampons personnalisée, tandis que Jean Loudzikou repartait avec un sac d’entraînement complet aux couleurs de son quartier.
Cette reconnaissance personnalisée crée un cercle vertueux : les plus jeunes, massés derrière les barrières, ont déjà promis de s’inscrire aux sélections pour tenter l’aventure l’an prochain. L’effet inspire également les écoles voisines qui intègrent le football à leurs programmes extrascolaires.
Le football, levier d’un Congo dynamique
Au terme de deux jours intenses, le succès du tournoi Enrico-Mattei dépasse le rectangle vert. Il illustre la vigueur d’un Congo jeune, ambitieux et résolument tourné vers le dialogue interculturel. Le terrain a servi de passerelle entre formation académique et promotion de la santé.
L’initiative privée, portée par Eni Congo et ses partenaires, se conjugue harmonieusement avec la politique nationale de valorisation du capital humain. Cela renforce l’idée qu’une coopération bien pensée peut accélérer le développement local tout en cultivant la joie de vivre collective.
Rendez-vous est déjà pris pour la troisième édition. D’ici là, le CNFF gardera jalousement un trophée qui symbolise à la fois un travail bien fait et une promesse : celle de voir émerger, depuis Brazzaville ou Pointe-Noire, les futures pépites du football congolais.
