Un pionnier des objectifs congolais
Le 2 septembre 2025, la rédaction de DRTV a perdu l’un de ses piliers : Anicet Rodrigue Mongala, surnommé « Trépied » pour son calme légendaire derrière la caméra. Âgé de 53 ans, il appartenait à la première génération d’opérateurs visuels de la chaîne privée fondée au début des années 2000.
Son nom reste associé à celui de Ladoré Foutika, autre pionnier de la captation d’images au Congo-Brazzaville. Ensemble, ils ont forgé l’identité visuelle d’une télévision naissante, alors que le pays modernisait ses médias audiovisuels pour répondre aux attentes d’un public de plus en plus connecté.
Dans les couloirs de la chaîne, beaucoup soulignent le rôle d’Anicet Mongala dans la transmission des méthodes de tournage classiques aux plus jeunes. « Il avait le souci du plan juste et de la lumière naturelle », confie un technicien, admiratif de « sa patience et de son sens du cadre ».
Une cérémonie émouvante au cimetière « Ciel et vie »
Le 18 septembre, le cortège funèbre a rejoint la nécropole de Kintélé, rebaptisée « Ciel et vie », sous un soleil lourd de recueillement. Famille, amis et anonymes sont venus nombreux accompagner la dépouille dans sa dernière demeure, au rythme des prières et des chants d’espérance.
L’espace général Blaise Adoua, près des Jardins de Talangaï, s’est mué en chapelle ardente. C’est là qu’un dernier hommage a été rendu, entre couronnes blanches et applaudissements retenus, conformément à la tradition qui veut qu’on applaudisse un artiste pour son ultime sortie.
Les caméras, qu’il maniait si souvent, étaient braquées sur lui pour la dernière fois. Les images de la cérémonie, diffusées en direct sur DRTV et relayées sur les réseaux sociaux, ont touché un large public, témoignant de la place qu’il tenait dans le cœur des téléspectateurs.
La grande famille des médias rassemblée
DRTV était représentée par Sylvain Balinga, mandataire de la direction générale, visiblement ému en évoquant « un confrère humble et rigoureux, qui a incarné l’esprit maison ». À ses côtés, des reporters d’autres chaînes, de sites d’information et de radios locales ont formé une haie d’honneur.
La présence de Maria Fakrut Dinova, directrice générale de la Maison russe à Brazzaville, a été saluée par les participants. Elle a souligné l’importance de la coopération culturelle entre les deux pays et rappelé qu’Anicet Mongala couvrait régulièrement les événements organisés par l’institution.
Pour beaucoup, cette solidarité inter-rédactions illustre la conscience professionnelle qui unit les journalistes congolais face aux défis du terrain. « Nous perdons plus qu’un collègue ; nous perdons une mémoire visuelle », a résumé un chroniqueur culturel présent.
Un collaborateur de confiance pour la Présidence
Durant plus de dix ans, l’opérateur a suivi les activités du chef de l’État, aux côtés du journaliste Giscard Mahoungou. De sorties officielles en déplacements intérieurs, il assurait des plans stables et soignés, appréciés pour leur sobriété et leur lisibilité.
Un conseiller présidentiel l’a rappelé dans son oraison : lors d’un déplacement à Owando, dans la Cuvette, il lui fut demandé de cadrer le véhicule présidentiel tout au long de la parade. Marchant à reculons sur trois kilomètres, Anicet Mongala ne rompit pas son cadre, suscitant l’admiration des forces de sécurité.
Ce professionnalisme a renforcé la confiance placée en lui par les institutions. Plusieurs délégués de la Présidence, venus au cimetière, ont parlé d’un « artisan discret de la communication nationale », conscient de l’enjeu d’une image maîtrisée pour le rayonnement du pays.
Le témoignage poignant de Giscard Mahoungou
Rédacteur en chef adjoint de DRTV, Mahoungou a partagé quinze années de plateaux roulants et de voltiges techniques avec le défunt. « Anicet était la définition même de la patience ; jamais un mot plus haut que l’autre », a-t-il déclaré en retenant ses larmes.
Il se souvient d’innombrables voyages, parfois éprouvants, où le cameraman savait garder sa bonne humeur. « Dans la brousse ou au palais, il portait le même souci du détail, la même droiture envers la hiérarchie et le citoyen », a-t-il insisté.
Une passion transmise aux jeunes générations
Au-delà de l’hommage, les collègues ont exprimé leur volonté de prolonger son héritage par la formation. DRTV envisage de lancer un atelier baptisé « Regard Anicet » afin de former de jeunes opérateurs aux fondamentaux de la prise de vue et de l’éthique en reportage.
« Nous voulons que son sens de la rigueur vive dans chaque image que diffuse la chaîne », précise un responsable technique. Cette initiative rejoint la dynamique nationale de renforcement des compétences audiovisuelles, soutenue par divers partenaires publics et privés.
Un vide familial et professionnel
Anicet Mongala laisse une fille adolescente, dont la réussite scolaire était sa fierté. La profession s’organise pour apporter un soutien moral et matériel à la famille, comme le veut l’usage dans la corporation des médias.
Les collègues se disent conscients de la difficulté qu’aura DRTV à remplacer un tel profil. « Un bon cadreur rend invisible le risque, visible l’émotion », résume un réalisateur, convaincu que la polyvalence et la modestie du disparu resteront difficiles à égaler.
Un héritage ancré dans la mémoire visuelle nationale
À l’heure où la télévision congolaises s’adapte aux formats numériques, l’héritage d’Anicet Mongala rappelle l’importance d’un regard patient, même dans l’immédiateté du live. Ses rushes archivés constituent une fresque des dernières décennies du pays.
Les responsables de DRTV annoncent qu’un coffret documentaire retraçant ses plus belles captations sera présenté lors de la prochaine quinzaine du cinéma congolais à Brazzaville. Un moyen de célébrer la beauté du geste technique et l’humanité de celui qui le portait.
En saluant la mémoire d’Anicet Mongala, le monde des médias congolais rappelle que derrière chaque image forte se cache souvent un artisan effacé, mais essentiel. Sa passion continuera de résonner dans chaque plan soigné diffusé sur les écrans du pays.