Rentrée scolaire solidaire à Brazzaville
Les cris joyeux résonnent dans les cours des orphelinats «Les Œuvres de la foi» et «La Croix d’amour», quartiers Talangaï et Ouenzé. Sur leurs épaules, des cartables neufs annoncent déjà la rentrée prévue le 1ᵉʳ octobre et rappellent qu’aucun enfant ne doit rester sans fournitures.
Pendant deux jours, l’Organisation non gouvernementale Borja Kouila, plus connue sous l’acronyme ONG-BK, a sillonné les deux sites pour remettre à plus de cinquante enfants des cahiers, stylos, sacs, gourdes et crayons. Le geste, répété chaque année, prend une dimension particulière dans un contexte économique exigeant.
Une mobilisation pour l’égalité des chances
«La rentrée est un moment charnière où l’on mesure les inégalités», explique Barlain Atimakoa, secrétaire chargé de la communication de l’ONG. «En offrant les premiers outils scolaires, nous aidons ces élèves vulnérables à rester dans la course.» Son programme s’intitule d’ailleurs «Tous pour l’éducation».
L’association veut ainsi répondre au défi posé aux familles fragilisées par la hausse du coût de la vie. Les dons sont financés grâce aux cotisations des membres, au soutien de PME locales et à de modestes campagnes numériques. Cette chaîne de solidarité montre qu’un engagement communautaire cohérent peut produire des résultats concrets.
Témoignages et responsabilités partagées
Le sourire timide de Grâce, 10 ans, en dit long : «Je pourrai commencer la classe de CM2 avec un beau cahier où écrire mes rêves.» À côté, Rodrigue, 14 ans, promet de protéger son nouveau sac «comme un trésor parce qu’il symbolise la confiance qu’on a en moi».
Pour Paul Mayombo, membre actif de l’ONG, ces réactions légitiment l’effort : «Nous rappelons aux enfants que l’école est la clé pour façonner leur avenir. Les plus grands doivent guider les petits et montrer que le leadership commence par le partage des connaissances.»
L’éducation, moteur de développement national
Au-delà de l’émotion, l’initiative répond à une ambition structurante. «Si nous aidons les jeunes à réussir, nous aidons le pays à se développer», avance M. Atimakoa. L’idée rencontre les objectifs des autorités qui font de l’accès à l’école un pilier de la stratégie Congo Vision 2025.
Selon les données du ministère de l’Enseignement primaire, le taux de scolarisation en milieu urbain progresse régulièrement mais reste fragile pour les enfants sans soutien familial. Les gestes citoyens des organisations locales viennent renforcer la politique publique et contribuent à stabiliser les indicateurs de réussite scolaire.
Perspectives d’un programme pérenne
Créée il y a dix ans, l’ONG-BK se définit comme apolitique et à but non lucratif. Outre la distribution de fournitures, elle propose des ateliers d’orientation, d’alphabétisation numérique et de formation professionnelle afin d’assurer un suivi au-delà du primaire.
«Nous comptons élargir l’opération à d’autres départements dès l’an prochain», annonce M. Mayombo. L’équipe vise les localités où la distance entre domicile et école complique la scolarité. Des partenariats avec les mairies et les transporteurs urbains sont déjà à l’étude pour faciliter le trajet quotidien des élèves.
Dans l’immédiat, chaque cartable remis représente une promesse. Les enfants repartent fiers, les bénévoles soulagés, et les éducateurs confiants. À la veille de la rentrée, Brazzaville rappelle que la solidarité de proximité peut, à son échelle, faire bouger les lignes de la justice sociale.