Des ateliers très demandés à Brazzaville
À Brazzaville, 165 jeunes — 102 femmes et 63 hommes — viennent d’achever plusieurs mois de formation en mécanique, informatique, soudure, hôtellerie, coiffure et couture.
Ce programme, porté par l’Ong française Essor avec le concours de partenaires locaux, vise à accélérer l’insertion professionnelle d’une jeunesse toujours plus nombreuse à chercher sa place sur le marché de l’emploi.
Financés par les projets Relieef, Emateli et Nouvelles opportunités d’avenir, ces ateliers ont mêlé théorie et pratique en conditions réelles, sous la houlette de formateurs issus du tissu économique congolais.
Des compétences pratiques pour des métiers porteurs
Dans le hangar dédié à la soudure, on entend encore le crépitement de l’arc électrique utilisé par les stagiaires pour assembler des portails métalliques destinés à des clients du quartier Mfilou.
Les apprenants de la section mécanique, encadrés par d’anciens techniciens de garages réputés, ont démonté puis remonté une motocyclette, un exercice jugé indispensable pour comprendre l’ensemble moteur-boîte.
Du côté de la couture, la promotion presque exclusivement féminine a réalisé une mini-collection de pagnes prêt-à-porter exposée lors de la cérémonie de fin de cycle, témoignant d’un mariage réussi entre tradition et tendances urbaines.
Ces réalisations concrètes constituent déjà des premiers portefeuilles professionnels permettant aux jeunes de démarcher une clientèle ou de convaincre un recruteur.
La voix des nouveaux diplômés
« J’ai longtemps cherché un emploi stable », confie Nathalie, 24 ans, désormais certifiée en informatique de maintenance. « Avec ces compétences, je peux dépanner des entreprises et, pourquoi pas, lancer un petit point de service dans mon quartier. »
Arsène, 28 ans, soudeur fraîchement diplômé, prévoit de s’associer avec deux camarades pour ouvrir un atelier près du marché Total. « Nous avons déjà trois devis en attente ; c’est motivant », sourit-il.
Ces témoignages reflètent un sentiment partagé : la formation a non seulement apporté un savoir-faire technique, mais aussi renforcé la confiance en soi et l’esprit d’initiative, deux qualités clés pour entreprendre.
Un accompagnement institutionnel réaffirmé
Le 26 septembre, lors de la remise des certificats, le directeur général de la Formation qualifiante et de l’Emploi, Auxence Okombi, s’est voulu rassurant : le ministère de la Jeunesse « continuera d’œuvrer pour que chaque certifié trouve sa voie salariale ou entrepreneuriale ».
Cette promesse rejoint les ambitions du Plan national de développement qui encourage les partenariats public-privé pour réduire le chômage des 15-35 ans, aujourd’hui estimé à près de 20 % dans les grandes villes.
Dieudonné Badawo, coordonnateur pays d’Essor, a appelé pour sa part les entreprises locales « à ouvrir leurs portes aux jeunes formés » et les collectivités à proposer des micro-appels d’offres réservés aux artisans débutants.
Selon lui, l’équation gagnante repose sur une coopération triangulaire entre associations, secteurs productifs et autorités, chacun apportant financement, expertise et cadre réglementaire.
Défis à relever et perspectives d’avenir
Même armés de certificats, les jeunes restent confrontés à des obstacles : coût du matériel, accès limité au foncier urbain ou encore méconnaissance des procédures administratives pour créer une petite entreprise.
Essor prévoit un suivi post-formation de six mois : coaching en gestion comptable, médiation avec les banques de microfinance et organisation de foires artisanales pour donner de la visibilité aux premiers produits.
La prochaine session, programmée pour 2024, devrait intégrer des modules sur la transition numérique et l’économie verte, secteurs identifiés comme porteurs par les observateurs économiques de la capitale.
En attendant, la promotion 2023 repart avec un bagage concret et une motivation renouvelée. « Nous voulons être des acteurs utiles à la communauté », résume Sandra, couturière, tandis que ses collègues rangent soigneusement leurs outils, prêts à entrer dans la vie active.
Le directeur du Centre de ressources pour la jeunesse de Makélékélé note déjà des retombées positives : « Les micro-entrepreneurs formés l’an dernier emploient aujourd’hui une vingtaine d’ouvriers temporaires ; l’effet boule de neige est réel ».
Si la dynamique se poursuit, Brazzaville pourrait disposer, d’ici cinq ans, d’un réseau de petites structures capables de fournir des services de proximité à moindre coût, tout en consolidant la main-d’œuvre qualifiée nécessaire à la diversification économique nationale.