Un city tour pédestre au cœur de la capitale
Il est sept heures à Mfilou-Plateaux : devant le siège de Wild Safari Tours, les tee-shirts verts affublés du slogan « Ma ville, mon avenir » se bousculent joyeusement. L’agence de voyage, épaulée par l’Office de la promotion de l’industrie touristique, lance sa première marche citoyenne consacrée au tourisme urbain responsable.
L’initiative, organisée dans le cadre de la Journée mondiale du tourisme célébrée chaque 27 septembre, ambitionne de faire redécouvrir Brazzaville à ses propres habitants. « Nous voulons rappeler que voyager commence souvent à quelques pas de chez soi », explique Francel Emerancy Ibalank, directeur de Wild Safari Tours.
Des artères emblématiques mises à l’honneur
Le cortège s’élance sur l’avenue des Trois-Martyrs, symbole de résilience nationale, avant de bifurquer vers la place de la Paix où quelques touristes étrangers saisissent l’instant en photo. Les ronds-points de Moungali et Poto-Poto résonnent d’applaudissements au passage des marcheurs coiffés de casquettes rouges.
À la gare ferroviaire, bâtiment classé patrimoine moderne, des agents de la Société des chemins de fer commentent l’histoire centenaire du rail congolais. Un peu plus loin, la silhouette imposante de la tour Nabemba, plus haut gratte-ciel du pays, inspire des selfies jubilatoires.
Le parcours s’achève devant le ministère de l’Industrie culturelle, touristique, artistique et des Loisirs, où les participants reprennent en chœur « Brazzaville, capitale hospitalière ». Dans le hall, une exposition de clichés anciens rappelle l’évolution du centre-ville depuis l’ère coloniale.
Cap sur la Nabemba Tourisme Expo de novembre
Cette marche fait office de lancement officiel de la première Nabemba Tourisme Expo, prévue du 18 au 20 novembre prochain au Palais des congrès. « Nous misons sur trois jours d’affaires et de partage pour positionner le Congo comme hub touristique d’Afrique centrale », confie M. Ibalank.
Selon le programme prévisionnel, plus de 80 exposants présenteront des circuits fluviaux, des séjours écotouristiques dans le bassin du Congo et des solutions numériques destinées aux professionnels. Un concours de start-up récompensera l’innovation la plus inclusive pour les communautés riveraines.
« Le salon constituera une vitrine pour nos artistes, nos chefs de village et nos opérateurs hôteliers », assure Jordelin Atipo-Oko, directeur général de l’Opit. Il estime que l’événement pourrait générer à court terme plus de 300 emplois saisonniers et dynamiser la filière artisanale.
La jeunesse en première ligne
Sur le parcours, une forte présence d’étudiants en tourisme et hôtellerie retient l’attention. Pour Ornella, 22 ans, l’expérience est inédite : « J’ai compris que des guides professionnels pouvaient naître dans chaque quartier. Le terrain vaut mieux qu’un amphi bondé ».
Le directeur de cabinet du ministre du Tourisme, Lis Pascal Moussodji, salue cet engagement. « Le secteur affiche un potentiel de création d’emplois incomparable pour notre jeunesse ; le gouvernement poursuit ses efforts pour améliorer la formation et l’accès au financement », rappelle-t-il.
Dans la perspective du Plan national de développement à l’horizon 2026, les autorités comptent sur une montée en puissance du tourisme pour soutenir la diversification économique. Les écoles spécialisées et centres de formation continue multiplient déjà les partenariats avec les agences privées.
Diversification économique et rayonnement international
Le Congo a accueilli près de 237 000 visiteurs en 2022, selon les chiffres du ministère, contre 188 000 l’année précédente, illustrant un rebond post-pandémique apprécié par les opérateurs. Brazzaville concentre à elle seule plus de 60 % des arrivées, principalement pour affaires.
Pour l’Opit, le tourisme urbain s’impose comme relais de croissance face aux fluctuations des matières premières. Les marchés d’art, les cafés-concerts de Bacongo et les croisières sur le fleuve Congo figurent parmi les produits phares à structurer dans les mois à venir.
Du côté des bailleurs, l’Organisation mondiale du tourisme encourage les expériences « low carbon » pour séduire une clientèle sensible au développement durable. La marche citoyenne, gratuite et inclusive, coche plusieurs cases : sobriété, sécurité routière et mise en valeur du patrimoine.
En fin de matinée, les participants reçoivent un passeport symbolique estampillé « Touriste de ma ville ». La démarche veut instaurer une habitude durable. « Chaque fin de mois, nous relancerons un circuit différent. Les Brazzavillois deviendront nos premiers ambassadeurs », promet Wild Safari Tours.