Un gymnase Nicole-Oba comble d’enthousiasme
Dès l’aube du 27 septembre, les tribunes du gymnase Nicole-Oba se sont remplies de familles, de supporters et d’anciens champions venus encourager près de 350 judokas. Deux jours durant, les applaudissements ont rythmé les ippon fulgurants et les combats tactiques qui ont fait vibrer la capitale congolaise.
Les cris du public ont rappelé l’ambiance des grandes heures du sport national, confirmant l’engouement populaire pour une discipline régulièrement saluée par les autorités dans leur effort de promotion des activités physiques et civiques.
Brazzaville intouchable au tableau des médailles
Au terme des finales, la ligue hôte a décroché 13 médailles d’or, 10 d’argent et 11 de bronze. Avec 34 breloques, elle distance largement Pointe-Noire/Kouilou, auteur d’une médaille d’or, deux d’argent et trois de bronze, tandis que la Cuvette ferme le podium général.
Les représentants du Pool, du Niari, de la Sangha, de la Bouenza et des Plateaux ont pourtant affiché une détermination saluée par le président de la Fécoju-Da, Me Neyl Francis Ata, qui voit dans cette rivalité saine « une force pour élever le niveau national ».
Catégories féminines: l’élan confirmé
Du côté des dames, les combats ont mis en lumière un travail technique de plus en plus fin. De ‑48 kg à +78 kg, Brazzaville a raflé neuf titres, révélant notamment la prometteuse Clarisse Mbani en ‑52 kg, fréquente lauréate des compétitions scolaires et désormais référence senior.
Les entraîneurs se réjouissent de la progression du judo féminin, soulignant l’appui logistique reçu cette saison pour les stages régionaux et la distribution d’équipements homologués.
Messieurs: des duels au couteau
Chez les hommes, l’écart était plus serré dans les ‑81 kg et les ‑90 kg où Pointe-Noire a opposé une résistance musclée. Le public a retenu le contre spectaculaire de Junior Matoka, offrant le seul titre non brazzavillois du week-end.
En +100 kg, Francis Oko, surnommé « le Roc », a conservé son invincibilité nationale, s’imposant en trente-deux secondes grâce à un uchi-mata parfaitement verrouillé.
La hiérarchie bousculée par la jeune garde
Plusieurs anciens médaillés africains, attendus sur le podium, sont sortis dès les quarts de finale. Leur mise en difficulté illustre le renouvellement rapide des effectifs locaux. « Le travail des clubs de quartier porte ses fruits », note l’entraîneur Guy-César Loutaya, soulignant l’intensification des séances vidéo et du renforcement musculaire.
Cette redistribution des cartes nourrit l’espoir d’un groupe national plus compétitif lors des prochains Championnats d’Afrique.
Organisation: un test logistique réussi
La compétition figurait au calendrier annuel de la fédération et a mobilisé une centaine de bénévoles, arbitres et secouristes. Les séances ont commencé à l’heure, une gageure louée par plusieurs délégations départementales qui saluent « un modèle à reproduire » pour les futures manifestations indoor.
Le système de suivi électronique des scores, introduit l’an dernier, a fluidifié l’affichage et réduit les contestations, renforçant la confiance des athlètes et des coaches.
Vers les tournois internationaux de 2026
La Fécoju-Da vise maintenant les compétitions continentales et les Masters mondiaux. « Chaque médaillé doit aller chercher de l’expérience hors de nos frontières », insiste Me Neyl Francis Ata, annonçant un plan de préparation incluant des stages au Maroc et au Sénégal dès janvier.
Le ministère des Sports a confirmé la reconduction de la bourse performance, permettant aux meilleurs de s’entraîner sans contrainte financière.
Paroles d’athlètes et d’entraîneurs
Francis Oko évoque « une atmosphère électrique qui pousse à se surpasser ». Clarisse Mbani, très attendue en compétition africaine, reconnaît « le soutien décisif des kinés et de la cellule nutrition ».
À la table technique, l’arbitre internationale Émilie Ngouabi observe une baisse des pénalités pour saisies illicites : « Les clubs ont assimilé les nouvelles règles, c’est encourageant pour notre crédibilité à l’étranger ».
Impact local et retombées économiques
Les stands de restauration, gérés par de jeunes entrepreneurs, ont écoulé des milliers de brochettes, dynamisant la micro-économie du quartier Château-d’Eau. Les hôtels voisins affichaient complet, signe que le sport peut générer un tourisme intérieur porteur.
La mairie de Ouenzé s’appuie sur ces chiffres pour défendre un projet de modernisation des infrastructures sportives, jugé important pour l’emploi des jeunes.
Prochaines étapes pour la ligue de Brazzaville
Fortes de leur moisson, les équipes brazzavilloises entameront un cycle de repos actif avant de reprendre l’entraînement mi-octobre. Un tournoi inter-clubs est prévu en novembre afin d’entretenir le rythme et d’élargir la base de sélection.
Le directeur technique régional, Antoine Pambou, prévoit également des interventions dans les établissements scolaires pour « détecter tôt les gabarits adaptés ».
L’enjeu de la formation continue
La fédération mise sur la formation des arbitres et des préparateurs physiques pour consolider les acquis. Un séminaire est programmé à Kintélé, associant experts locaux et formateurs de la Confédération africaine de judo.
Cette montée en compétences devrait, selon les responsables, soutenir la quête de médailles aux Jeux africains de 2027, objectif partagé par l’ensemble des ligues.
Une discipline enphase avec les valeurs citoyennes
Au-delà du trophée, le judo transmet respect, maîtrise de soi et solidarité, valeurs mises en avant dans les discours de clôture. Les femmes officiant comme coachs adjoints ont reçu une mention spéciale pour leur contribution au vivre-ensemble sportif.
Le public, massivement composé de familles, confirme la dimension éducative de ce rendez-vous annuel.
Soutien institutionnel et perspectives
Les observateurs saluent la coordination fluide entre la fédération, la direction des Sports et la municipalité. « Ce partenariat public-associatif montre que la gouvernance partagée fonctionne », note le sociologue sportif Jean-Robert Mabiala.
Les bonnes performances de Brazzaville offrent une vitrine nationale à un sport qui, selon les responsables, bénéficie désormais d’un appui structuré et pérenne.
Le mot du président Neyl Francis Ata
En clôturant la cérémonie, le président de la Fécoju-Da a appelé à « rester humbles et ambitieux ». Il a également remercié les ligues venues de l’intérieur du pays, persuadé que « la concurrence loyale accélère le progrès technique ».
Son discours conclut un week-end où la passion a primé sur la rivalité, posant les bases de futures conquêtes internationales.
Enjeux pour 2025 et au-delà
À moins d’un an des sélections africaines, l’objectif est clair : transformer l’élan national en podiums continentaux. L’arrivée d’équipements neufs financés par des partenaires privés devrait renforcer la préparation.
Les athlètes affûtent déjà leur kata de démonstration, conscients que la route vers le haut niveau passe par la rigueur quotidienne.