Une naissance portée par l’appel à l’unité
Le 30 septembre, dans une salle discrète du centre-ville de Brazzaville, plusieurs pasteurs des églises de réveil ont pris place face aux journalistes. Au cœur de la rencontre, la présentation de la Confédération des églises des réveils du Congo, désormais désignée par l’acronyme CERC.
Cette initiative, déjà reconnue par l’État depuis le 4 août, ambitionne de fédérer des centaines de communautés et près d’un millier de pasteurs autour d’une même plateforme, sans bousculer la diversité doctrinale mais en recherchant, selon ses promoteurs, un cap commun et une voix lisible.
Discipline et transparence, piliers annoncés
Prenant la parole, l’apôtre Germain Ndeke a rappelé que la confédération « est née de l’aspiration de toutes les églises de réveil à vouloir s’unir et travailler ensemble ». Pour lui, l’enjeu dépasse la simple coordination administrative et touche à la crédibilité du mouvement évangélique congolaise.
Son collègue, l’apôtre Nzila Ghislain, a détaillé la feuille de route : placer les « pères » des églises au cœur des décisions, instaurer des garde-fous disciplinaires et représenter, de manière visible, le corps de Christ devant les institutions républicaines.
« Il faut éviter les dérapages et imposer la discipline dans les questions spirituelles », a insisté l’orateur, soulignant que transparence et foi devront marcher ensemble, mais sans restreindre la liberté cultuelle reconnue par la Constitution.
Trois organes pour une gouvernance partagée
La CERC se dotera d’un Conseil des pères, d’une Coordination nationale et d’un bureau exécutif. Ce triptyque, expliquent les responsables, permettra de séparer l’orientation théologique, la gestion quotidienne et la représentation publique, afin d’éviter toute concentration de pouvoirs.
Les statuts, déposés auprès de la préfecture, prévoient également la rotation des mandats et l’obligation de comptes rendus réguliers aux assemblées membres. Un clin d’œil aux exigences contemporaines de bonne gouvernance, souvent invoquées par les fidèles comme par les autorités.
Reconnaissance officielle et ambitions nationales
L’agrément délivré le 4 août confère à la CERC un statut d’association culturelle pleinement reconnue. Cette étape administrative ouvre la voie à un dialogue institutionnel plus lisible, que ce soit avec les ministères en charge des cultes ou avec les collectivités locales.
Dès sa sortie officielle du 3 octobre au Palais des congrès, la confédération prévoit de se déployer dans les quinze départements du pays. « Nous voulons être présents à Pointe-Noire, dans les Plateaux comme dans le Kouilou », a déclaré le pasteur Chancel Franck Mayinguidi Diamesso.
Selon ses calculs, ce réseau potentiel regrouperait environ un millier de serviteurs et plusieurs dizaines de milliers de fidèles, soit une force sociale capable de peser dans les débats publics sur l’éducation, la santé ou la solidarité.
Place des autorités morales dans l’espace public
Le concept de « pères » occupe une place centrale dans la vision défendue. Pour les initiateurs, ces vétérans du réveil, parfois âgés de quarante ans de ministère, possèdent l’expérience capable de tempérer les excès et de rappeler la doctrine historique aux jeunes pasteurs.
« Nous ne sommes pas un syndicat de pasteurs, mais un garde-fou spirituel », affirme l’apôtre Nzila. Cette nuance, disent-ils, rassure les fidèles qui craignent qu’une structure trop hiérarchique n’étouffe la spontanéité caractérisant traditionnellement le mouvement pentecôtiste en Afrique centrale.
Une éthique de service et de proximité
Interrogé sur les retombées concrètes pour la population, le président Germain Ndeke évoque la mise sur pied de cellules d’écoute, de campagnes sanitaires et d’actions sociales coordonnées. « L’Évangile doit aussi répondre aux besoins quotidiens ; la CERC veut être cette main tendue », résume-t-il.
Les prochaines semaines verront l’élaboration d’un calendrier d’activités, parmi lesquelles des séminaires sur la citoyenneté et des programmes de soutien scolaire. Une façon, pour la confédération, de s’aligner avec les priorités nationales portant sur la jeunesse et la cohésion sociale.
Vers une sortie officielle très attendue
Le 3 octobre, au Palais des congrès, la CERC dévoilera publiquement ses organes et sa charte. Les organisateurs annoncent la présence de représentants du gouvernement, d’autres confessions et d’invités venus des pays voisins, signe d’une reconnaissance régionale déjà en construction.
D’ici là, les appels à l’unité s’intensifient dans les réseaux sociaux des communautés de réveil. Les utilisateurs partagent des messages d’encouragement et relaient les versets bibliques choisis pour la cérémonie, témoignant d’une attente fervente que les organisateurs entendent canaliser vers l’action collective.
Un contexte religieux en mutation
En République du Congo, le paysage religieux a beaucoup évolué depuis les années 1990, période d’essor des églises dites de réveil. Selon des estimations académiques, ces communautés compteraient aujourd’hui plusieurs centaines de milliers d’adhérents, particulièrement dans les grands centres urbains.
Cette croissance rapide s’est accompagnée d’interrogations sur la formation des pasteurs, la gestion des finances et l’encadrement des fidèles. En se positionnant comme interlocuteur unique, la CERC espère répondre à ces défis et contribuer au climat de confiance recherché par les pouvoirs publics.
Les observateurs notent également que la démarche s’aligne sur la volonté gouvernementale de promouvoir des cadres réglementaires clairs pour tous les cultes.