Un départ attendu
Mercredi 1er octobre, les portes des lycées et centres de formation du Congo s’ouvriront dès l’aube pour accueillir les élèves de l’enseignement technique et professionnel. Le ministre Ghislain Thierry Maguessa Ebomé l’a affirmé, soucieux d’offrir à la jeunesse une rentrée sans accroc.
Le 30 septembre, lors d’un déjeuner de presse à Brazzaville, le membre du gouvernement a précisé que la sonnerie retentirait à 7 heures précises sur toute l’étendue du territoire. Il a appelé les parents à « faire confiance au système » et à accompagner leurs enfants.
Pour donner l’exemple, Ghislain Thierry Maguessa Ebomé a annoncé qu’il se rendrait dans plusieurs établissements, carnet de notes à la main, afin de vérifier la présence des enseignants, du personnel administratif et des apprenants. Il promet des « constats publics » dans les heures suivant l’appel général.
Les mesures phares pour la rentrée
Au-delà du calendrier, le ministre a détaillé les chantiers engagés depuis quatre ans pour moderniser ce sous-secteur clé. L’objectif affiché est de rapprocher les formations techniques des réalités économiques, tout en valorisant la qualité et la transparence des examens nationaux.
Parmi les annonces, la candidature unique au baccalauréat tient une place centrale. « Un seul numéro, une seule statistique, zéro doublon », a résumé le responsable. La mesure doit éviter les inscriptions multiples et garantir des résultats crédibles, dus parfois à des fraudes par le passé.
Focus sur la candidature unique au bac
Concrètement, chaque élève de terminale technique n’introduira désormais qu’un dossier dématérialisé dans la plate-forme ministérielle. Le numéro d’identification suivra l’apprenant jusqu’à la délivrance de l’attestation. Les centres d’examen disposeront de bases croisées, rendant impossible toute tentative de composition sous une autre identité.
Cette innovation, testée en mode pilote l’an dernier dans deux départements, a permis de réduire le temps de publication des résultats de dix à cinq jours, selon la direction des examens. Elle a également diminué de 60 % les contestations, signe d’une confiance accrue des familles.
Stages et ouverture sur le monde professionnel
L’autre axe fort concerne l’organisation de stages obligatoires pour les classes d’examen. Au deuxième trimestre, les élèves passeront trois semaines en entreprise, afin de relier la théorie aux pratiques industrielles. Les chambres de commerce se sont déjà engagées à libérer plus de 4 000 places d’accueil.
À Pointe-Noire, plusieurs sociétés de la Zone économique spéciale ont répondu positivement. « Nous y voyons un vivier futur pour nos recrutements », explique un responsable RH du pôle métallurgique. Les autorités espèrent ainsi faire baisser le taux de premier chômage chez les diplômés techniques.
Renfort des enseignants et volontaires
Pour soutenir ces évolutions, le ministère rappelle avoir recruté plus de 1 800 professeurs entre 2021 et 2024. Un dernier contingent de 280 volontaires viendra compléter le tableau dès janvier 2025. Ils seront affectés prioritairement dans les zones rurales parfois confrontées à un sous-encadrement chronique.
Tous les nouveaux entrants bénéficieront d’une formation continue, co-construite avec l’Institut national de recherche et d’action pédagogique. Les modules porteront sur l’ingénierie numérique, la pédagogie de projet et la sécurité des ateliers, répondant aux standards de certification régionaux de la Communauté économique des États d’Afrique centrale.
Vers une meilleure équité d’accès
L’année 2025 voit également la suspension, à titre expérimental, du concours d’entrée dans les établissements techniques. La mesure doit élargir le vivier d’apprenants, notamment dans les quartiers périphériques où le coût des préparations limitait souvent les ambitions scolaires des familles modestes.
En parallèle, les anciens collèges techniques féminins cèdent la place à des lycées mixtes. Cette transformation, motivée par une recherche d’égalité de genre, devrait accroître la proportion de filles dans les filières industrielles. Les premières inscriptions montrent déjà une progression de près de 15 %.
Une vision tournée vers la compétitivité
Au-delà des effectifs, le ministère planche sur l’introduction de nouvelles filières. Les métiers du codage, de la maintenance des énergies renouvelables et de l’impression 3D devraient apparaître dans les référentiels 2026. « Il faut pousser les jeunes Congolais à se mesurer au meilleur mondial », insiste le ministre.
Selon l’économiste Armand Makaya, ces ouvertures correspondent aux tendances du marché continental. « Le Congo a besoin de techniciens capables d’installer des panneaux solaires ou de programmer des automates industriels. L’anticipation gouvernementale place le pays dans une dynamique régionale porteuse », analyse-t-il.
Les partenaires techniques, notamment l’Agence française de développement et le Programme des Nations unies pour le développement, envisagent de financer des plateaux techniques modernes. Les discussions portent sur des laboratoires mobiles pouvant desservir plusieurs départements et réduire les distances entre écoles et zones industrielles.
À la veille de la cloche, l’ensemble des signaux semble donc au vert pour une rentrée que le ministre souhaite « studieuse et citoyenne ». Les établissements s’activent, les parents s’organisent et des milliers d’élèves se tiennent prêts, confiants dans les réformes promises.