Onze jours de spectacle à Madingou
Le Stade omnisport de Madingou a vibré pendant onze jours, du 8 au 18 septembre 2025, au rythme du premier tournoi interdépartemental de handball seniors. Vingt-trois clubs venus de Brazzaville, Pointe-Noire, Pool et Bouenza ont offert un spectacle soutenu qui a confirmé la bonne santé de la discipline au Congo.
Dans les tribunes, familles, élèves en vacances et anciens internationaux se sont mêlés pour soutenir leurs formations. Les initiativeurs ont voulu, selon leurs mots, « faire de la Bouenza le point de rencontre d’un handball plus proche des populations », misant sur un calendrier en pleine période de congés scolaires.
Des finales sous haute tension
Côté dames, le Club D.g.s.p affrontait Grain de Sel dans une rencontre à suspense. Le bloc défensif de D.g.s.p, articulé autour de sa capitaine Justine Mavoungou, a fini par prendre le dessus pour s’imposer 29-25. « Nous avons su garder notre calme aux moments décisifs », a soufflé l’arrière gauche.
Chez les hommes, B.m.c et J.s.o se sont livrés un duel d’une rare intensité. B.m.c, soutenu par un public acquis à sa cause, l’a finalement emporté 25-23 grâce à deux parades déterminantes de son gardien dans les dernières minutes. Le chrono s’est stoppé dans un vacarme assourdissant.
Les récompenses qui motivent
Au terme des rencontres, chaque champion a reçu une coupe flambant neuve et une enveloppe d’un million de francs CFA, de quoi encourager la préparation des futurs défis. U.s Renaissance termine deuxième chez les dames, tandis que l’Asoc occupe la même marche chez les hommes.
Les organisateurs ont également valorisé l’engagement des participants. Des diplômes ont été remis aux délégués, arbitres et responsables de table, sans oublier les meilleurs buteurs, gardiens et joueurs. Les formations les plus disciplinées ont décroché un certificat de fair-play, salué par un tonnerre d’applaudissements.
Hommage aux autorités départementales
La coordination, dirigée par le colonel Christelle Colombe Bouaka Milandou, a voulu marquer sa reconnaissance envers le préfet de la Bouenza, Marcel Nganongo, présent à toutes les étapes. Celui-ci a reçu une carte du département encadrée, symbole de son engagement constant pour la jeunesse sportive locale.
« Prenez bien soin de celle-ci : vous êtes le garant de la Bouenza », a déclaré la coordonnatrice en lui remettant la distinction. Le public a salué le geste par une ovation, signe de l’unité qui a régné autour de cette première édition.
Cap sur la deuxième édition
Dans son allocution de clôture, le préfet a immédiatement tourné son regard vers l’avenir. Il a invité les clubs à mettre à profit l’expérience de Madingou pour « améliorer [leurs] performances » et revenir plus forts l’an prochain. L’objectif : accueillir à nouveau l’événement pendant les grandes vacances.
Cette projection a été accueillie avec enthousiasme par les délégations. Les techniciens estiment que la longévité d’un tournoi est essentielle pour donner de la visibilité aux talents émergents. Beaucoup voient déjà cette coupe comme une rampe de lancement vers les compétitions nationales de la saison 2025-2026.
Une dynamique encouragée au plus haut niveau
Le préfet a souligné que cette initiative répond « à la volonté du Chef de l’État qui tient ardemment au développement du sport ». La construction et la modernisation d’infrastructures, amorcées ces dernières années, permettent désormais d’organiser sereinement des compétitions de cette ampleur.
Parmi les soutiens clés, le général de brigade Serge Oboa, conseiller spécial du Chef de l’État et président général du club D.g.s.p, a appuyé le tournoi. Son implication, notent les observateurs, illustre l’alliance entre encadrement institutionnel et passion sportive, gage d’une progression durable du handball congolais.
Les retombées pour la Bouenza
Sur le plan économique, hôteliers et restaurateurs de Madingou témoignent d’une fréquentation accrue. « Pendant dix jours, toutes nos chambres étaient réservées par les délégations et supporters », se réjouit un gérant local. Les vendeuses de jus de canne, disposées devant le stade, affirment avoir doublé leurs ventes.
La municipalité voit également dans l’événement une opportunité de valoriser l’image du chef-lieu départemental. Plusieurs responsables parlent déjà de proposer un parcours touristique « hand et nature » pour les prochains visiteurs, combinant séances sportives et découverte des chutes de la Loufoulakari.
Des clubs congolais revigorés
Pour beaucoup d’entraîneurs, le tournoi arrive au bon moment. Après une période marquée par quelques difficultés de gouvernance, la répétition des matchs compétitifs aide à relancer la motivation des effectifs. Certains clubs de Brazzaville envisagent même des échanges réguliers avec ceux de la Bouenza afin d’entretenir le rythme.
« Nous avons disputé six rencontres intenses en onze jours. C’est exactement ce qu’il nous fallait pour évaluer notre condition », confie le coach de Grain de Sel. Les statistiques de possession et de réussite aux tirs seront épluchées dès le retour dans la capitale.
Pérenniser la formation des jeunes
Les encadreurs techniques insistent sur la nécessité d’accompagner le handball scolaire. Plusieurs collégiens, venus en renfort des équipes séniors, ont profité d’un baptême du feu. La volonté de la ligue départementale est désormais de caler des rassemblements mensuels pour suivre leur progression.
Selon certains enseignants d’EPS, la création d’un championnat junior inter-arrondissements favoriserait l’apparition d’une véritable filière. Les clubs d’élite pourraient y puiser de nouveaux talents sans avoir à se tourner systématiquement vers l’étranger, un enjeu financier majeur pour les budgets associatifs.
Perspectives nationales et africaines
À l’issue de la cérémonie de remise des trophées, plusieurs observateurs ont évoqué un éventuel élargissement du tournoi à d’autres départements, ou même à des clubs invités de pays voisins. Une telle ouverture renforcerait la compétitivité et offrirait un aperçu concret des forces en présence avant les compétitions continentales.
Les joueurs, eux, rêvent déjà d’accrocher une sélection pour les éliminatoires de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations de handball. « Ce genre de tournoi est une vitrine. Si l’on performe ici, on peut prétendre au maillot national », rappelle un arrière de B.m.c, visiblement motivé par le challenge.
Un impact social au-delà du score
Au-delà des médailles, l’événement a renforcé la cohésion communautaire. Les équipes ont partagé des repas avec de jeunes supporters, tandis que les arbitres ont animé une séance de sensibilisation sur le respect des règles et le civisme. « Le handball reste un vecteur d’éducation », souligne un bénévole.
Les organisateurs envisagent d’associer à la prochaine édition un volet santé, avec des dépistages gratuits et la promotion de l’activité physique. L’idée fait écho aux campagnes nationales encourageant un mode de vie sain, priorité des politiques publiques orientées vers la prévention.
Madingou, nouveau carrefour sportif
Avec la réussite de cette première édition, Madingou consolide sa place sur la carte des grandes compétitions nationales. Les retombées organisationnelles servent déjà de modèle à d’autres disciplines, notamment le volley et le basketball, intéressés par un format similaire sur la période estivale.
Le préfet conclut en rappelant que « tout commence maintenant ». Il invite les clubs à capitaliser sur l’expérience acquise pour susciter un engouement encore plus large. Les projecteurs se sont éteints, mais la passion, elle, reste vive, attendant la seconde édition pour s’embraser de nouveau.