Une rentrée pastorale sous le signe de l’unité
Réunis dans la cathédrale Christ-Roi d’Owando, du 19 au 21 septembre, prêtres, religieux, religieuses et fidèles laïcs ont lancé l’année pastorale 2025-2026 autour de leur pasteur, Mgr Gélase Armel Kema. La session s’est déroulée sous le thème de la fraternité sacerdotale.
Choisi à la lumière de l’épître aux Galates (3,27-28), le mot d’ordre invite chacun à « revêtir le Christ » pour que chutes et divisions cèdent la place à la cohésion. L’archidiocèse entend y puiser un ressort spirituel et pratique pour son développement.
Dès l’accueil des participants, la fraternité s’est traduite par des retrouvailles chaleureuses entre paroisses urbaines d’Owando et communautés plus reculées, venues de Mossaka à Makoua. Ce brassage illustre la volonté d’ouvrir la nouvelle saison missionnaire en dépassant les frontières administratives et culturelles du département.
La forte représentation des jeunes, notamment les étudiants revenus des universités de Brazzaville pour l’occasion, a donné un air de fête estudiantine. Plusieurs d’entre eux se sont portés volontaires pour animer les ateliers et servir d’interface numérique avec les communautés éloignées.
Un programme riche pour poser le cadre
L’ouverture officielle, samedi 20 septembre, a été marquée par une messe solennelle présidée par Mgr Kema. Dans son homélie, l’archevêque a rappelé : « Nous devons nous soutenir mutuellement et chacun doit s’impliquer dans le développement de notre archidiocèse », insistant sur l’action de l’Esprit-Saint.
Après la célébration, cinq conférences ont nourri la réflexion. Elles ont abordé la fraternité au service des œuvres pontificales missionnaires, la gouvernance des biens paroissiaux, le rôle des doyennés, l’apport des écoles catholiques et l’auto-prise en charge financière, présentations assurées par des abbés et laïcs spécialistes.
« La fraternité est d’abord un levier économique, pas seulement spirituel », a souligné l’abbé Gervais Protais Yombo, curé d’Oyo, montrant comment la mise en commun des ressources humaines dynamise les projets communautaires. Ce lien entre pastorale et développement a rythmé la totalité des échanges.
Les intervenants ont également rappelé les succès des années précédentes, telle la rénovation de la salle polyvalente de la paroisse Sainte-Thérèse, financée via un mécénat local. Ces exemples concrets servent de catalyseur, prouvant que la solidarité sacerdotale porte déjà des fruits visibles.
Les obstacles identifiés sans détour
Les débats en ateliers ont permis de dresser une carte précise des freins à la croissance diocésaine. Sur le plan externe, la spoliation de certains biens de l’Église et la faible affectation d’enseignants fonctionnaires dans les écoles catholiques sont apparues comme des entraves récurrentes.
Plus délicats encore, les problèmes internes pointés sans tabou : tribalisme, manque de confiance, projets financés mais non réalisés et, parfois, détournements. Pour l’abbé Emmared Mokouri, économe général, « nous risquons l’autodestruction si nous ne brisons pas ces logiques de repli ».
À ces difficultés s’ajoutent la montée des réseaux sociaux, perçus par plusieurs pasteurs comme un « nouveau visage de l’esprit du mal » quand insultes et infox circulent plus vite que les éclaircissements. La tenue rigoureuse des registres sacramentels et journaux de comptes demeure, elle aussi, à consolider.
Des engagements concrets pour 2025-2026
Face au constat, l’assemblée a retenu la méthode du travail en doyennés afin de mutualiser moyens et compétences. Chaque doyenné devra définir un plan d’action trimestriel, évalué lors d’une réunion interparoissiale, pour assurer un suivi collectif et transparent des projets.
La participation aux quêtes impérées, insuffisante l’an dernier, sera stimulée par des campagnes d’information menées au sein des groupes de jeunes et mouvements féminins. Plus les paroisses contribueront, plus les Œuvres pontificales missionnaires pourront cofinancer salles de classe, dispensaires ou fermes pédagogiques.
Concernant la gouvernance, un modèle type de cahier de comptes va être diffusé à toutes les paroisses, avec formation éclair de leurs comptables bénévoles. « La transparence est le meilleur vaccin contre la méfiance », a insisté M. Robert Victor Opoumba, intervenant laïc chargé du patrimoine.
Signe tangible de l’engagement écologique prôné par le pape François, chaque communauté plantera au moins cinquante arbres avant juin 2026. Les chefferies locales ont promis de fournir des plants et un suivi technique, scellant ainsi un partenariat Église-société civile au bénéfice de l’environnement.
Au plan de la formation, les séminaristes originaires d’Owando suivront désormais un module dédié à la gestion communautaire dès la première année de philosophie. L’objectif est de forger des pasteurs capables d’articuler prière, service social et gestion durable des infrastructures.
Clore pour mieux se mettre en route
La session s’est achevée par une messe d’envoi en mission, célébrée dans une cathédrale comble où chants en langues locales et orgue ont résonné de concert. L’ambiance festive n’a pas éclipsé la solennité du mandat confié à chaque baptisé.
Dans son mot de clôture, Mgr Kema a de nouveau cité le psaume 127 : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, c’est en vain que travaillent les bâtisseurs ». Il a invité prêtres et laïcs à continuer d’« oser la fraternité » au-delà des murs de l’édifice.
Prochaine étape : la réunion des coordinateurs de doyenné, en novembre, pour décliner le calendrier commun. Les retombées seront suivies de près par le service diocésain de la communication, déterminé à rendre visibles les avancées d’un chantier résolument tourné vers la communion.