Une matinée consacrée à l’inscription électorale
Samedi 20 septembre 2025, la cour du Centre d’actions pour le développement, dans le quartier Moungali, s’est animée dès l’aube. Une cinquantaine d’étudiants, d’apprentis et de jeunes entrepreneurs s’y sont retrouvés pour parler d’une question souvent remise à plus tard : l’inscription électorale.
L’initiative, première d’une série annoncée par le CAD, visait à remettre le vote au centre des discussions de génération Z, parfois perçue comme distante des bureaux de vote mais avide de solutions concrètes pour peser sur les décisions publiques.
Jeunes et listes électorales au Congo
Selon les données de la Commission électorale, à peine un tiers des 18-25 ans figuraient sur les listes lors du dernier scrutin local. Ce chiffre, pourtant en légère hausse, montre le chemin restant pour que la jeunesse devienne un solide bloc d’électeurs.
Les responsables du CAD jugent ce taux perfectible, mais s’emploient à en faire une opportunité plutôt qu’un constat d’échec. « Chaque inscription transforme un scepticisme en possibilité », souligne Guerschom Gobouang, la voix principale du jour, devant un public concentré.
La pédagogie au cœur des échanges
Sans slide ni jargon, l’animateur déroule le processus : identification, centres d’accueil, pièces requises, délais. Entre chaque étape, le journaliste Marien Nzikou Massala relance avec des exemples tirés de quartiers voisins, rendant le message moins abstrait, presque palpable.
Un quiz improvisé ponctue la séance. À la question « Combien de temps une carte reste-t-elle valide ? », plusieurs mains hésitent. La réponse, cinq ans, déclenche rires et commentaires, preuve que l’information civique ne demande qu’à être clarifiée.
Paroles de participants sur la citoyenneté
Mlle Luce Bénédicte Gangoué explique qu’elle votera bientôt pour la première fois. Elle confie avoir souvent vu ses aînés privilégier l’abstention. « Comprendre la mécanique électorale me rassure; désormais j’en parlerai à mes camarades », affirme-t-elle, sourire timidement fier.
D’autres, comme Fabrice, apprenti mécanicien à Ouenzé, soulignent le lien entre bulletin et quotidien. Il cite les travaux de voirie entamés près de son atelier. « Si nous votons, nous choisissons ceux qui décident ces chantiers », résume-t-il.
Un enjeu national partagé
Au-delà du cercle associatif, l’appel du CAD rejoint les orientations des pouvoirs publics qui multiplient, depuis plusieurs années, des campagnes d’enrôlement anticipé afin de fluidifier les opérations le jour du vote et de garantir une participation large et apaisée.
Le ministère de l’Administration du territoire rappelle régulièrement que tout Congolais âgé de dix-huit ans révolus a le droit, mais aussi le devoir moral, de figurer sur la liste électorale de sa circonscription. Un message repris à l’unisson par les animateurs.
Vote et développement local
Les intervenants ont martelé l’idée qu’une participation accrue favorise la reddition de comptes. Un élu, qui sait son mandat dépendre d’électeurs nombreux, est plus attentif aux attentes des quartiers, qu’il s’agisse de forages d’eau potable ou de microcrédits destinés aux petites entreprises.
À Brazzaville, plusieurs mairies affichent déjà des tableaux d’avancement de travaux afin de cultiver cette culture du résultat. La leçon, pour la vingtaine d’élèves présents, est claire : voter ne se limite pas à déposer un papier dans l’urne.
Prochaine étape : du dialogue à l’action
Le CAD prévoit de déployer des points d’information mobiles dans les marchés de Ouenzé, Poto-Poto et Talangaï. De petits stands, équipés de flyers et de tablettes, permettront de vérifier son inscription en moins de deux minutes, promet Guerschom Gobouang.
Ces kiosques temporaires devraient ouvrir avant la fin d’octobre, période où nombre de jeunes reviennent des vacances universitaires. Le but est de capter cet instant disponible pour accomplir des formalités souvent perçues comme chronophages.
Rappels pratiques pour s’inscrire
Durant l’atelier, les participants ont noté qu’il suffit d’une pièce d’identité valide et d’un justificatif de résidence récent. Les mineurs atteignant la majorité avant le scrutin peuvent également entamer la démarche, sous réserve de présenter un acte de naissance.
Une fois le dossier déposé, la carte est disponible sous dix à quinze jours, selon l’affluence. Le CAD conseille de conserver le récépissé, document exigé pour récupérer la carte ou pour corriger d’éventuelles erreurs d’état civil.
Un élan citoyen qui grandit
En clôture, les organisateurs ont remis des fascicules rappelant l’historique des élections nationales depuis 1992 et les principales avancées institutionnelles. Les sourires, les selfies devant la banderole et les discussions prolongées signalent que le message a touché sa cible.
Pour beaucoup, la prochaine visite sera à la mairie plutôt qu’en salle de conférence. Le CAD espère que cette conversion du verbe à l’acte trouvera écho dans les quartiers voisins, dessinant une génération plus présente dans l’isoloir.
Observateurs et leaders de quartier présents saluent aussi l’approche non partisane de la rencontre. Aucun logo politique n’apparaissait, seul le drapeau tricolore dominait la salle, rappelant que l’acte d’élire dépasse les appartenances et rassemble avant tout des citoyens.
Le calendrier électoral officiel sera publié dans les mois à venir, mais le CAD insiste : la préparation débute maintenant. « Plus tôt nous serons inscrits, plus vite nous pourrons concentrer nos énergies sur les programmes », conclut Guerschom Gobouang dans un tonnerre d’applaudissements.