Une accusation qui embrase la mairie de Madingou
Début 2025, une rumeur de détournement de salaires se répand dans les ruelles ombragées de Madingou, capitale départementale connue pour son calme. Aux premières loges, le maire Fortuné Pouela, accusé de retenir indûment la paie de ses agents municipaux.
Le bruit médiatique franchit rapidement les frontières de la Bouenza, alimenté par plusieurs comptes viraux sur les réseaux sociaux et quelques sites de commentaires politiques. Pour beaucoup d’observateurs, l’affaire menace la réputation d’un édile réputé proche des habitants et défenseur d’une gestion rigoureuse des deniers publics.
Des enquêteurs méthodiques dissipent le brouillard
Face à l’émoi, la brigade de recherches financières dépêchée depuis Brazzaville procède à un audit complet des listes de paie, des ordres de virement et des registres de délibération municipale. Les enquêteurs épluchent également les relevés bancaires personnels du maire et ceux de ses proches collaborateurs afin d’éliminer tout soupçon.
« Nous avons privilégié la transparence totale », confie un officier sous couvert d’anonymat, évoquant quatre mois d’investigations menées sans interruption. Les perquisitions, discrètes mais systématiques, n’ont relevé aucune trace d’enrichissement personnel ni de flux suspects entre la mairie et des comptes privés.
Le rôle ambigu d’Axel Bikindou et de son complice
Les investigations finissent par identifier la source de la rumeur : Axel Bonavista Bikindou, prestataire technique recruté mi-2024 pour moderniser l’état civil. Interpellé, il admet avoir fabriqué de faux courriels accusant l’exécutif municipal, espérant provoquer une crise de confiance.
L’homme reconnaît avoir agi en coordination avec un certain Amani, présenté comme agent au ministère des Hydrocarbures. Selon la déposition, ce duo voulait déstabiliser la majorité municipale pour faciliter, à terme, l’émergence d’un courant politique concurrent lors des prochaines locales.
Solidarité citoyenne et confiance retrouvée
Avant même le dépôt du rapport des enquêteurs, plusieurs chefs de quartier avaient lancé des appels au calme, rappelant les réalisations récentes : éclairage public, réfection de trois artères, ouverture d’une bibliothèque mobile et suppression des taxes indues pesant sur le petit commerce. La mobilisation populaire s’est amplifiée.
Des associations de femmes vendeuses au marché central ont organisé une marche silencieuse, brandissant des pancartes « Confiance au maire ». « Il paie nos factures d’eau du marché depuis deux ans », rappelle Mado, présidente du collectif, soulignant la relation directe entre édile et population.
Une justice garante de la transparence publique
Dans son ordonnance de non-lieu, le parquet souligne que « les détournements allégués sont inexistants » et salue la « coopération exemplaire de l’exécutif municipal ». Le tribunal de grande instance de Madingou rendra tout de même sa décision formelle le 9 octobre, comme prévu.
Cette prudence judiciaire rassure les juristes locaux : elle démontre qu’une accusation, même infondée, suit son cours normal et transparent. Pour la gouvernance congolaise, le message est clair : la procédure reste la même pour tous, quel que soit le grade.
Le maire Fortuné Pouela relance ses priorités
Sorti ragaillardi de cette épreuve, Fortuné Pouela réitère sa feuille de route lors d’un point presse organisé devant l’hôtel de ville. Il promet la finalisation de la nouvelle station de pompage d’eau potable d’ici la saison sèche et la mise en service d’un guichet unique électronique destiné à simplifier les formalités administratives.
« Je préfère répondre par des chantiers plutôt que des polémiques », affirme-t-il, entouré de ses adjoints dans la salle des fêtes rénovée. Une enveloppe de 180 millions de francs CFA, validée lors du dernier conseil municipal, sera consacrée au pavage des trottoirs.
Les chantiers structurants pour la Bouenza
Au-delà des travaux visibles, l’édile insiste sur la formation continue du personnel municipal, condition essentielle pour fiabiliser la collecte des taxes et optimiser les services urbains. Une convention avec l’université Marien-Ngouabi permettra aux agents d’accéder à des modules de gestion publique.
Les partenaires techniques, dont la Banque de développement des États d’Afrique centrale, saluent cette démarche qualité. Selon un cadre de la BDEAC, la bonne gouvernance locale reste un critère déterminant pour l’éligibilité aux futures lignes de crédit destinées aux infrastructures secondaires.
La leçon d’une rumeur démentie
La leçon la plus marquante reste pourtant sociétale. Dans un paysage médiatique où le partage instantané peut amplifier les soupçons, la rumeur sape la confiance plus vite qu’elle ne se propage. Son démontage méthodique participe à renforcer la maturité démocratique.
À Madingou, plusieurs habitants confient désormais vérifier l’origine des messages avant de les relayer. « On a appris que la capture d’écran n’est pas une preuve », sourit Jean-Christ, chauffeur de taxi, convaincu que la mésaventure municipale servira de rappel permanent.
Regards d’experts sur les risques de diffamation
L’avocat Jacques Mabiala note que les délits de diffamation en ligne augmentent avec la pénétration d’internet en zone semi-urbaine. Il rappelle que le Code congolais punit ces faits d’amendes et, en cas de circonstances aggravantes, de peines de prison assorties de dommages-intérêts.
Pour les experts en communication publique, renforcer la pédagogie autour du fact-checking deviendra incontournable. Des ateliers pourraient bientôt être organisés dans les lycées de la Bouenza, afin d’enseigner aux jeunes l’importance de croiser les sources et de protéger la réputation des institutions.