Un geste citoyen très attendu
Au complexe scolaire Immaculée Conception, dans la bouillonnante première circonscription de Ouenzé, Juste Désiré Mondelé s’est fondu vendredi dans la file des électeurs venus consulter la nouvelle matrice électorale. Ministre et député, il a souhaité, dit-il, « montrer l’exemple ».
Le décor était chaleureux: chants militants, vrombissement des mégaphones et rires de jeunes volontaires. L’élu a présenté sa carte, confirmé son inscription et signé la fiche de retranchement, étape indispensable pour transférer sa voix vers le bureau du quartier 54.
Un calendrier électoral bien huilé
La révision extraordinaire, lancée le 26 septembre et prévue jusqu’au 30 octobre 2025, s’inscrit dans la chronologie arrêtée par le ministère de l’Intérieur. Elle intervient peu après le recensement général de la population, garantissant l’actualisation des fichiers avant les scrutins attendus.
« Les opérations électorales sont cycliques, rappelle le ministre. De bonnes listes permettent des consultations transparentes », insiste-t-il, saluant des agents installés sous des parasols orange. La validation sur tablette accélère chaque contrôle d’identité, geste salué par plusieurs observateurs présents.
D’ici le 30 octobre, plus de 500 centres recevront les citoyens dans Brazzaville. À Ouenzé, sept sites s’alimentent déjà en formulaires et en encre indélébile. Les autorités prévoient des tournées de proximité pour pallier les pics d’affluence en fin d’opération.
La Direction générale des affaires électorales teste aussi un module en ligne qui permettra, à terme, de vérifier son bureau de vote depuis un téléphone. Non encore public, l’outil pourrait être déployé en phase pilote dès janvier, assurent les techniciens.
Mobiliser la base, un enjeu crucial
Pour le secrétaire général du Club 2002 PUR, la réussite passe par l’animation du terrain. « La politique se construit avec les militants, pas seulement dans des salons feutrés », martèle Mondelé, invitant chaque formation à envoyer cadres et relais auprès des centres.
L’écho est partagé par Joseph Itoua, secrétaire du quartier 54. Il observe une fréquentation timide malgré le passage quotidien de mégaphones. « Les appels ressemblent à des lettres mortes », soupire-t-il, espérant que l’exemple du ministre suscitera une dynamique durable.
Les partis disposent d’un mois pour convaincre les habitants d’inscrire, modifier ou confirmer leurs informations. Les coordinations locales multiplient affiches, portes-à-portes et messages vocaux pour éviter les files massives observées lors des précédentes révisions.
Les jeunes nouveaux électeurs
Chaque centre voit arriver une génération tout juste majeure. Dans la cour du complexe, Mireille, 18 ans, brandit fièrement son accusé de réception. « J’ai hâte de voter pour la première fois », glisse-t-elle, soulignant l’importance de participer « aux décisions qui engagent l’avenir ».
Les agents rappellent aux nouveaux venus les pièces exigées : carte nationale d’identité ou passeport valide. Un réseau d’associations de jeunesse propose d’accompagner ceux qui ne possèdent pas ces documents, en facilitant les démarches auprès des administrations compétentes.
À Ouenzé, plus de 2 500 jeunes ont déjà été enrôlés depuis l’ouverture, selon la délégation départementale. Le chiffre reste inférieur aux prévisions, mais la marge de trois semaines nourrit l’optimisme des organisateurs, qui disent compter sur l’effet bouche-à-oreille et les réseaux sociaux.
Les organisations féminines de l’arrondissement entendent, elles, franchir la barre symbolique des 60 % d’inscription parmi les femmes en âge de voter. Des maraudes sont prévues autour des marchés afin de sensibiliser commerçantes et riveraines, souvent retenues par leurs activités quotidiennes.
Le rôle des structures locales
Comités de quartiers, chefs d’îlots et conseils de notables appuient la logistique. Ils vérifient la disponibilité du matériel, orientent les retardataires et relaient les consignes sécuritaires : pas de rassemblements massifs en dehors des files et respect des distances pendant l’identification biométrique.
À la tombée du jour, les registres seront acheminés sous escorte vers le dépôt central de l’arrondissement. Les listes provisoires seront ensuite publiées pour permettre d’éventuels recours. Cette transparence, insiste le préfet, « renforce la confiance entre administration et citoyens ».
Les formations politiques disposent de scrutateurs habilités à suivre chaque phase. Ils signent un procès-verbal quotidien, acte simple mais crucial que Mondelé dit vouloir généraliser. « Plus les acteurs participent, moins il y a de suspicion », note-t-il devant les caméras locales.
Une opération aux bénéfices multiples
Au-delà de la seule compétition électorale, la mise à jour des fichiers permettra de calibrer les politiques publiques. Le recensement et la révision croisée offriront une photographie des âges, genres et mobilités, utile pour planifier écoles et programmes de santé.
Dans l’immédiat, le ministère de l’Assainissement urbain prévoit d’exploiter les données de densité pour optimiser la collecte d’ordures ménagères. « Un fichier électoral propre, c’est aussi un atout pour nos services techniques », souligne un cadre, évoquant une « synergie administration-citoyens ».
Alors que le soleil se couche sur Ouenzé, Mondelé serre les mains et salue les équipes. La révision continue demain dès 8 h. Son message résonne : « Inscrivez-vous maintenant, pour que votre voix compte demain ». Sur place, les volontaires rangent déjà les isoloirs.