Programme McGovern-Dole au Congo
Le 30 septembre 2025, les bureaux brazzavillois de Catholic Relief Services ont accueilli la délégation du Programme alimentaire mondial conduite par son Représentant et Directeur pays. Cette rencontre entrait dans le suivi du Programme international McGovern-Dole de vivres pour l’éducation et la nutrition de l’enfant.
Ce partenariat quinquennal, financé par le Département de l’Agriculture des États-Unis, vise à renforcer l’alimentation scolaire, améliorer l’apprentissage et réduire la faim chez les enfants congolais. Le PAM en est le bénéficiaire principal, tandis que CRS agit comme sous-récipiendaire stratégique.
Trois départements sont concernés : la Bouenza, la Cuvette et le Pool. Au total, dix-neuf districts et cent soixante-cinq écoles primaires ou préscolaires bénéficient déjà du dispositif, qui combine repas nutritifs, infrastructures nouvelles et actions pédagogiques ciblées.
Des résultats visibles sur le terrain
Devant les représentants du PAM, l’équipe de CRS, emmenée par son Représentant résident, a détaillé les avancées. Des cuisines améliorées fonctionnent, les taux de présence augmentent, et plusieurs directeurs d’école parlent désormais d’élèves “plus attentifs et dynamiques” grâce à un repas complet à la mi-journée.
La délégation onusienne s’est dite “satisfaite de la qualité du travail et de l’engagement des équipes”, soulignant que les bons résultats s’observent malgré des défis logistiques parfois corsés, notamment l’accès saisonnier aux villages enclavés du Pool.
Focus sur l’approche WASH et les jardins scolaires
Première composante confiée à CRS, l’eau, l’hygiène et l’assainissement transforment le quotidien. À Madingou, de nouveaux blocs sanitaires accessibles aux filles et aux garçons réduisent l’absentéisme lié aux maladies hydriques, selon l’infirmier scolaire qui suit les registres depuis cinq ans.
Les écoles dotées de forages constatent aussi une participation accrue des parents, venus puiser l’eau en dehors des heures de classe. “Nous parlons désormais d’école-communauté, pas seulement d’école”, insiste la directrice d’un établissement pilote de Loudima.
Dans les cours, les jardins maraîchers deviennent des salles de sciences vivantes. Les enfants sèment, observent la croissance, puis dégustent la laitue ou l’amarante produite. Le programme soutient la fourniture de semences, d’outils légers et de formations pratiques pour les maîtres et cuisinières.
L’innovation des communautés d’épargne CECI
Autre originalité, l’intégration pilote de l’approche CECI, héritée de l’expérience mondiale de CRS. Dans la Bouenza, quarante-deux groupes d’épargne se réunissent chaque semaine sous un manguier ou dans une salle prêtée par l’école.
Les membres, majoritairement des mamans cuisinières, mettent de côté de petites sommes issues de la vente de manioc ou d’arachides. Après un cycle de douze mois, les parts sont redistribuées, finançant tantôt l’achat d’un sac de riz, tantôt les frais scolaires.
Pour le Représentant résident de CRS, “ces groupes créent un filet de sécurité local et renforcent la propriété communautaire du projet”. Le PAM voit dans le mécanisme un levier de durabilité, à l’heure où la mobilisation de ressources doit se poursuivre au-delà de 2026.
Perspectives et recommandations partagées
Malgré les progrès, les partenaires reconnaissent des défis persistants. Les routes secondaires, souvent impraticables en saison des pluies, ralentissent la livraison de denrées. Les techniciens WASH réclament davantage de pièces de rechange locales pour éviter l’arrêt des pompes en cas de panne.
Des sessions de formation supplémentaires sont envisagées pour les enseignants afin d’intégrer les messages nutritionnels au programme officiel. Le ministère de l’Éducation a d’ailleurs dépêché deux inspecteurs lors de la réunion, preuve d’un alignement institutionnel salué par les deux organisations.
À Brazzaville, la Directrice des programmes de CRS résume l’esprit des recommandations : “anticiper, renforcer, documenter”. L’objectif est d’accroître le suivi digital, d’améliorer la maintenance participative des infrastructures et de partager plus largement les récits de réussite des écoles rurales.
Le Représentant et Directeur pays du PAM conclut la visite en rappelant que le Congo figure parmi les exemples régionaux d’une approche intégrée nutrition-éducation. Selon lui, “le chemin parcouru inspire confiance pour atteindre toutes les cibles prévues d’ici fin 2026”.
Au-delà des chiffres, les témoignages d’élèves illustrent les progrès. Chantal, en classe de CE2 à Loulombo, confie qu’elle “peut suivre toutes les leçons sans avoir mal au ventre”. Son instituteur ajoute que les parents assistent plus volontiers aux réunions pédagogiques.
Conforté par ces retours, le tandem PAM-CRS entend maintenir le rythme et mobiliser de nouveaux appuis, publics comme privés. L’objectif ultime demeure simple : qu’aucun enfant congolais ne voie son avenir scolaire compromis par la faim ou par des infrastructures inadaptées.
Suivi numérique et transparence accrue
Les équipes terrain testent actuellement une application mobile permettant de centraliser les données sur les repas servis, la fréquentation et l’état des points d’eau. Chaque directeur d’école envoie une photo horodatée, tandis que le système signale immédiatement toute rupture de stock prévisible pour agir.
Selon la Responsable du programme d’alimentation scolaire du PAM, la digitalisation favorise “une transparence à tous les niveaux, des cantines au bailleur”. Les informations consolidées servent aussi aux autorités départementales pour prioriser la maintenance des pistes ou planifier les campagnes de déparasitage des élèves.