Un forum placé sous un haut patronage
Brazzaville vibre depuis le 6 octobre au rythme de la deuxième édition du Woman Economic Forum, placé sous le patronage bienveillant de la Première dame Antoinette Sassou N’Guesso. Le rendez-vous réunit, durant trois jours, des participantes venues de tout le pays et d’ailleurs.
Cette nouvelle édition se tient sous le thème « Genius, inclusion financière », une formule qui place la formation, l’accès au crédit et le développement numérique au cœur des échanges. Officiels, diplomates et acteurs du secteur privé arborent le même objectif : soutenir l’élan entrepreneurial féminin.
En ouvrant la première plénière, la directrice de cabinet de l’épouse du chef de l’État, Blandine Malila, a rappelé l’enjeu. « Quand une femme se voit refuser les instruments financiers, c’est toute une société qui se prive d’innovation », a-t-elle martelé sous les applaudissements de l’assistance.
Objectif : lever les barrières financières
La présidente de la Chambre nationale des femmes cheffes d’entreprises, Flavie Lombo, voit dans ce forum un espace de plaidoyer unique. Elle souhaite que les conclusions servent à améliorer concrètement l’accès des entrepreneures aux financements, aux marchés locaux et aux formations adaptées.
Son appel trouve un large écho auprès du Programme des Nations unies pour le développement, partenaire technique de l’événement. Sa représentante, Adama-Dian Barry, déplore que moins de dix pour cent des prêts bancaires aboutissent aux femmes et encourage un réseautage renforcé pour inverser la tendance.
« Les barrières ne sont pas seulement financières ; stéréotypes, exclusion des chaînes de valeur et manque d’appui technique freinent encore trop de projets », précise Adama-Dian Barry. Pour elle, multiplier les connexions professionnelles constitue déjà une première réponse pragmatique.
Le rôle moteur du programme Genius
Le slogan du forum fait référence à Genius, un dispositif imaginé par la Chambre des femmes cheffes d’entreprises pour accompagner les créatrices d’activité. Déployé à Brazzaville, Pointe-Noire, Oyo, Dolisie et Ouesso, il marie incubation, accélération et facilitation d’accès aux outils numériques.
En pratique, mille bénéficiaires suivront trois mois d’incubation tandis que deux cents autres passeront par un mois d’accélération. Le parcours inclut des séances de renforcement de capacités, un coaching sur le montage de dossiers bancaires et un appui ciblé pour la prospection de nouveaux marchés.
Les formatrices insistent également sur la maîtrise des solutions de paiement mobile, de plus en plus plébiscitées dans les centres urbains congolais. Cette approche digitale rapproche vendeuses de denrées, entrepreneures artisanales et consommatrices connectées, tout en sécurisant les transactions.
Banques et État, partenaires attendus
Le ministre du Développement industriel et de la Promotion du secteur privé, Nicéphore Fylla Saint-Eudes, a salué l’initiative en soulignant que l’inclusion financière reste une priorité gouvernementale. Il promet un suivi rapproché avec la Chambre afin de transformer les recommandations du forum en mesures opérationnelles.
Devant les représentantes des banques commerciales, il a invité les établissements à assouplir leurs procédures et à développer des produits adaptés aux réalités des petites entreprises féminines. Des démarches simplifiées et des tickets de crédit plus modestes pourraient ouvrir grand la porte aux projets portés par les participantes.
Plusieurs responsables, connectés en visioconférence, ont abondé dans ce sens. La ministre des Transports, Ingrid Olga Ghislaine Ebouka Babackas, ainsi qu’Emilienne Raoul, présidente du Conseil économique et social, ont partagé leurs expériences, rappelant que l’autonomisation passe aussi par la confiance institutionnelle.
Trois jours pour des recommandations concrètes
Au programme figurent des panels sectoriels, des ateliers pratiques et des sessions de mentorat individualisé. Les échanges couvrent l’agriculture, le commerce, l’artisanat, les services, ainsi que les pistes d’énergie verte émergentes, afin de refléter la diversité des activités féminines et d’ajuster les outils de financement à chaque filière.
À l’issue des travaux, un rapport de synthèse recensera les obstacles identifiés et proposera une feuille de route partagée entre pouvoirs publics, bailleurs et secteur bancaire. Les organisatrices espèrent installer un suivi annuel pour mesurer les progrès réalisés et adapter les dispositifs.
En attendant, la dynamique lancée à Brazzaville illustre la volonté collective de faire bouger les lignes. « Nous devons prouver que l’inclusion financière n’est pas un slogan, mais une réalité accessible », insiste Flavie Lombo, confiante dans la capacité des participantes à transformer l’essai.
Des retombées immédiates se font déjà sentir : plusieurs entrepreneures ont profité du café-networking pour planifier des partenariats interrégionaux, quand d’autres ont obtenu un rendez-vous avec un banquier charmé par la solidité de leurs business plans révisés pendant les ateliers.
Les participantes se donneront rendez-vous dans un an pour mesurer l’impact des engagements pris cette semaine. D’ici là, le réseau né au forum servira de caisse de résonance pour partager bons plans, appels d’offres et retours d’expérience, consolidant ainsi une communauté féminine soudée.