Cap sur Dakar : départ remarqué
À l’aube du Sommet des filles de Dakar 2025, six adolescents congolais ont quitté Brazzaville le 9 octobre pour faire entendre la voix de toute une génération. Leur voyage est soutenu par l’Unicef et salué par les autorités nationales, soucieuses d’encourager l’engagement citoyen.
Lucia, Frédéric, Rebecca, Euverte, Shekinha et Charly portent les rêves et les inquiétudes des filles du pays, mais aussi ceux des garçons convaincus que l’égalité profite à tous. Ils savent que deux jours intenses de débats peuvent orienter des politiques publiques.
Jeunesse congolaise en première ligne
À 16 ans, Lucia préside déjà le Parlement des enfants et défend une participation accrue des jeunes aux instances décisionnelles. « Nos idées ne sont pas décoratives ; elles éclairent l’action », confie-t-elle, le regard tourné vers le futur.
Frédéric, 18 ans, ambitionne de devenir un jour ministre de la Jeunesse. Il veut, dit-il, « ouvrir les portes des conseils de ministres à notre génération ». Sa détermination illustre un changement de posture chez les adolescents congolais, désormais plus audibles.
Un sommet continental aux ambitions élevées
Dakar accueillera plus de 250 jeunes issus de 24 pays. Après des consultations menées pendant l’année sur l’éducation, la santé, la nutrition et la protection, la capitale sénégalaise devient un laboratoire d’idées où les propositions seront examinées devant responsables publics et partenaires internationaux.
L’Unicef Africa, initiatrice de l’événement, insiste sur la nécessité d’inclure les filles dans les décisions. Son représentant régional, Marie-Pierre Poirier, rappelle que « les progrès ne seront durables que si chaque enfant, sans distinction, participe à leur conception ».
Portraits inspirants des six ambassadeurs
Rebecca, 18 ans, vit avec un albinisme qui l’a souvent tenue à l’écart. Son engagement pour l’accessibilité des infrastructures scolaires lui a valu le respect de ses camarades. « Je parle pour celles qu’on ne voit pas toujours », explique-t-elle, souriante malgré les défis.
Euverte, 13 ans, passionné de climat, veut convaincre ses pairs que la protection de la planète commence à la maison. « Éteindre la lumière, planter un arbre, ce sont des gestes simples », martèle-t-il, conscient du potentiel contagieux de l’exemple.
Shekinha, 17 ans, s’intéresse aux questions de santé mentale souvent passées sous silence. Elle se bat pour que chaque collège dispose d’un espace d’écoute. « Parler sauve », insiste cette élève de Pointe-Noire qui a organisé plusieurs ateliers de sensibilisation.
Charly, 15 ans, rêve d’ingénierie numérique. Il observe que les filles sont encore minoritaires dans les clubs de codage et compte utiliser l’argument économique : « Une équipe mixte innove mieux et attire les investisseurs ». Son pragmatisme séduit les mentors.
Des enjeux clés : éducation, santé, climat
Les discussions de Dakar mettront au centre l’école, car l’Unesco signale encore des écarts d’inscription de dix points entre filles et garçons dans le secondaire en Afrique centrale. La délégation congolaise veut prouver la pertinence des bourses ciblées et des internats sûrs.
En matière de santé, la vaccination contre le HPV sera débattue à la lumière des programmes pilotes déjà lancés à Brazzaville. L’enjeu est double : protéger les adolescentes et rassurer les parents encore hésitants, souligne le pédiatre congolais Dr Ngouabi.
Le climat, enfin, apparaît comme un fil rouge, la jeunesse subissant de plein fouet inondations et érosion des côtes. Les Congolais proposent un réseau d’ambassadeurs verts dans les écoles, soutenu par l’application mobile « Nganga-Climat » développée au lycée technique de Pointe-Noire.
Et après Dakar : transformer l’élan en actions
Le ministère congolais de la Promotion de la femme affirme qu’un comité de suivi sera constitué au retour des jeunes. Son directeur de cabinet note que « les recommandations nourriront le prochain plan national 2024-2028 sur l’autonomisation des filles ».
De leur côté, plusieurs entreprises du numérique envisagent de parrainer des hackathons mixtes. L’Association des femmes ingénieurs promet déjà cinquante kits de robotique pour les collèges ruraux. « Nous voulons que l’impulsion de Dakar touche chaque district », assure la présidente, Mme Moukala.
Les six ambassadeurs ne cachent pas leur fierté, mais restent lucides. « Participer à un sommet ne suffit pas, il faut rendre des comptes dans nos quartiers », résume Charly. Ils prévoient une tournée de restitution à Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie et Ouesso.
Un écho national qui grandit
Au-delà de la rencontre, le Sommet des filles de Dakar 2025 matérialise un élan continental vers plus d’inclusion. En soutenant leurs délégués, le Congo entend consolider ses avancées dans la promotion de la jeunesse et rappeler que l’avenir s’écrit ensemble.
Lorsque Lucia et ses camarades franchiront la tribune dakaroise, ils ne parleront pas seulement des défis. Ils incarneront la confiance placée par des milliers de familles congolaises dans leur jeunesse, preuve qu’un futur équitable est déjà en construction.
Les enseignants suivent avec attention le déplacement. Le proviseur du lycée Savorgnan de Brazza, M. Dikoumba, espère que ses élèves reviendront « transformés par la rencontre de cultures et d’idées ». Il envisage d’introduire un module optionnel sur le plaidoyer dès janvier prochain.
Sur les réseaux sociaux, le hashtag #CongoAuSommet est déjà partagé des milliers de fois, signe d’une attente forte. Stories, vidéos courtes et directs permettront au public de suivre chaque étape et de commenter en temps réel les avancées.