Brazzaville s’anime tout le week-end
Le thermomètre pourrait bien grimper d’un cran ce week-end à Brazzaville, non pas seulement à cause du climat équatorial, mais surtout grâce à un programme culturel particulièrement alléchant. Musique, débats, cinéma et ateliers manuels s’invitent dans tous les quartiers de la capitale.
Au détour des artères de Poto-Poto, de Bacongo ou du centre-ville, les établissements partenaires misent sur la convivialité. Entrées libres, petites formules gourmandes ou billets à prix doux offrent une échappée parfaite pour les familles, les étudiants et les amoureux de sorties after-work.
Vendredi soir : musique et bonne humeur
Dès 18 h 30, le restaurant Africafé, habituellement prisé pour ses spécialités métissées, se transforme en piste de danse. Le professeur Djingo invite les amateurs de pas chaloupés à partager une soirée salsa gratuite, sous les lampions colorés de la terrasse du boulevard Denis-Sassou-Nguesso.
Une heure plus tard, à deux rues de là, le Miam Restaurant laisse tomber les nappes blanches pour une session karaoké ouverte à tous. Le micro tourne, les classiques de la pop congolaise fusent et le patron promet un cocktail offert à quiconque osera monter sur scène.
Canal Olympia : blockbusters et animation pour tous
Le complexe Canal Olympia de Poto-Poto, posé en diagonale de la majestueuse basilique Sainte-Anne, aligne deux projections très attendues. À 20 h, puis à 22 h 30, Tron-Ares, nouvelle création de science-fiction, promet explosions digitales et effets sonores immersifs pour 5 000 FCFA.
Les cinéphiles à la recherche d’un drame social se retrouveront samedi, même salle, pour La marche de la crève, programmé à 20 h 30. Vendue 2 500 FCFA, cette production panafricaine suit le parcours de jeunes ouvriers confrontés aux difficultés de l’emploi informel.
Plus tôt dans la journée de samedi, et dès 10 h 15 le dimanche, les familles pourront découvrir Gabby et la maison magique. Ce film d’animation exhibe des décors chatoyants, des chansons répétitives et un tarif spécialement adapté, 1 000 FCFA pour les enfants, 2 500 FCFA pour les adultes.
Samedi culturel à l’Institut français du Congo
L’Institut français du Congo ouvre ses portes samedi à 15 h pour un rendez-vous qui mêle musicologie et sociologie. Intitulée « La figure de la mère dans la rumba congolaise », la conférence-débat scrute l’influence maternelle dans les textes des maestros d’hier et d’aujourd’hui.
Selon le chercheur Jean-Robert Mbelolo, invité principal, « la maman, souvent idéalisée, incarne à la fois le refuge, la patrie et le futur ». Après l’échange, un mini-showcase de guitare offrira une illustration vivante des thèses évoquées, toujours en accès libre, jusqu’en fin d’après-midi.
Dimanche créatif au restaurant Hippocampe
Le dimanche, cap sur le quartier Batignolles où le restaurant Hippocampe transforme sa véranda en atelier artistique de 14 h à 18 h. « Dimanche coloré : peins tes envies ! » fournit toiles, pinceaux et pigments aux apprentis pour 10 000 FCFA, hors consommation.
La plasticienne Maritza Loubaki accompagne chaque participant, qu’il soit débutant ou confirmé. À la sortie, chacun repart avec sa création et la satisfaction d’avoir vibré au rythme des tubes afro-jazz diffusés en fond sonore par le DJ résident.
Nos conseils pratiques pour profiter du week-end
Pour se déplacer facilement, les usagers peuvent privilégier les taxis-partage ou la ligne de bus qui dessert Poto-Poto, souvent moins saturée en soirée. Il est conseillé d’arriver quinze minutes avant chaque séance afin d’éviter la file et de profiter des meilleures places.
Tous les organisateurs recommandent de garder sur soi un masque léger et du gel hydroalcoolique, mesures devenues réflexes. Les paiements électroniques sont acceptés à Canal Olympia et à l’Hippocampe, tandis que les petites coupures restent indispensables pour les consommations au Miam ou à l’Africafé.
Pour les parents, il est utile de noter que Gabby et la maison magique ne contient aucune scène violente et dure à peine une heure vingt. Les poussettes sont néanmoins interdites en salle ; un emplacement surveillé est prévu près de l’accueil.
Une offre culturelle en plein essor
Depuis la reprise post-pandémique, les chiffres de fréquentation progressent. D’après l’Observatoire congolais de la culture, la capitale attire chaque mois près de vingt mille spectateurs dans ses salles privées, un indicateur encourageant pour les porteurs de projets et pour l’emploi local.
Les restaurateurs partenaires soulignent également l’impact. « Une soirée animation augmente nos commandes d’environ 30 % », confie Marie-Marthe Mabiala, gérante de l’Africafé. L’économie circulaire profite ainsi au maraîcher voisin, au technicien son, jusqu’au taxi qui ramène les groupes après minuit.
En attendant les grands festivals de fin d’année, ce programme condensé illustre la vitalité créative de Brazzaville et la diversité des portefeuilles accessibles. Une raison de plus pour sortir, chanter, danser, débattre et colorer un week-end que l’on annonce résolument lumineux.
La parole aux artistes locaux
Le guitariste Patrick Ngesta salue cet agenda étoffé : « Chaque scène qui s’ouvre offre la possibilité aux jeunes talents de roder leur répertoire sans quitter la ville. Le public congolais est curieux et répond présent dès qu’on le surprend ».
Pour l’autrice-compositrice Manda Yangi, la multiplication des soirées gratuites renforce le lien social : « Les gens parlent enfin de projets culturels comme ils commentent un match de football. C’est ainsi que naît une vraie citoyenneté culturelle », affirme-t-elle, sourire aux lèvres.