Des frais de candidature sous la loupe
Présenter sa candidature à une élection n’est pas qu’un projet politique ; c’est aussi un engagement financier conséquent. Dominique Basseyla, commissaire du Comité ad’hoc chargé de suivre les recommandations du dialogue de Sibiti, a mis ce sujet au centre d’une communication prononcée le 9 octobre à Brazzaville.
Devant un parterre d’acteurs institutionnels et de représentants de partis, le ministre a rappelé que déposer sa candidature à la présidentielle exige actuellement 25 millions de francs CFA, tandis qu’une liste aux municipales nécessite 1,5 million et 500 000 francs dans certaines circonscriptions.
Selon lui, ces montants « dissuadent beaucoup de citoyens porteurs de bonnes idées », contraignant des profils compétents à rester spectateurs faute de moyens. Il plaide pour une « nouvelle gamme de frais » adaptée aux réalités sociales et à la vie économique actuelle du pays.
Le Comité ad’hoc veut faire de cette question un point clé de la prochaine rencontre politique. Réduire les cautions, explique-t-il, contribuerait à élargir l’offre électorale, tout en maintenant le sérieux du scrutin par des exigences de transparence et de moralité pour les candidats.
Une révision administrative saluée
Au-delà des frais, la communication a insisté sur la qualité du fichier électoral. Faute de biométrie, le gouvernement a choisi la révision administrative des listes. Basseyla a salué cette option « souple et démocratique » censée produire des listes fiables grâce à la mobilisation département par département.
Selon le Comité, la réussite de cette opération conditionne l’organisation d’élections apaisées, libres et transparentes. « La paix sociale dépend de la bonne maîtrise des listes », a rappelé le commissaire, invitant chaque Congolais à se présenter aux centres d’enrôlement pour mettre à jour ses informations.
La méthode administrative est jugée moins coûteuse et plus rapide qu’un recensement biométrique intégral, dont les prérequis logistiques, financiers et techniques n’ont pas encore abouti. Elle permettrait néanmoins de fiabiliser le corps électoral et d’éviter les contestations basées sur des projections démographiques approximatives.
Cette approche, compatible avec le calendrier arrêté le 1er septembre, s’inscrit dans le consensus trouvé avec l’ensemble des acteurs. Elle ouvre la voie à une participation active des partis et de leurs militants, gage de résultats incontestables et de confiance renouvelée dans la mécanique électorale.
Cap sur une CNEI plus forte
Autre chantier mis en avant : le renforcement de la Commission nationale électorale indépendante. Si l’organe existe, sa marge d’autonomie budgétaire, organisationnelle et fonctionnelle reste perfectible. Aucune ligne financière spécifique n’a encore été inscrite pour garantir son indépendance complète.
Le projet de loi électorale adopté au Conseil des ministres du 7 octobre 2025 introduit plusieurs innovations pour consolider la transparence. Basseyla estime qu’un dispositif modernisé, doté de moyens adéquats, fera progresser la gouvernance électorale et réduira les litiges post-scrutin.
La communauté politique observe ces évolutions avec intérêt. Des responsables de la majorité comme de l’opposition reconnaissent que clarifier le rôle et les ressources de la Commission renforcera la crédibilité du processus, condition essentielle pour maintenir la stabilité et soutenir l’attractivité économique du pays.
Des spécialistes du droit public rappellent que l’efficience d’une Commission indépendante dépend aussi de la formation continue de ses agents et de la numérisation des procédures. Un budget dédié à ces volets techniques sécuriserait chaque étape, de l’enregistrement des candidats à la proclamation des résultats.
2025, année charnière du calendrier
Le commissaire du Comité ad’hoc rappelle que 2025 sera une année préélectorale dense. Textes d’application, sensibilisation citoyenne et mise à niveau des infrastructures électorales devront être finalisés pour que chaque échéance se déroule dans des conditions optimales, conformément aux standards régionaux.
Il souligne que le pays a régulièrement organisé des scrutins libres et transparents, même si certaines étapes ont été débattues. Les progrès enregistrés sont le fruit d’un dialogue constant entre institutions, partis et société civile, dialogue que le Comité entend poursuivre et approfondir.
À court terme, la campagne d’inscription sur les listes nécessitera l’implication des administrations locales, des chefs de quartiers et des associations. L’enjeu est aussi logistique : acheminer le matériel, former les équipes et assurer une remontée d’informations fluide, pour limiter les retards et les doublons.
Vers une recomposition politique
Dans un registre plus prospectif, Dominique Basseyla a relancé l’idée d’une vice-présidence de la République et d’une refondation du microcosme partisan autour de trois blocs : républicain, socio-démocrate et centriste. Chaque bloc présenterait un seul candidat à la présidentielle et une liste unique aux législatives.
S’il ne s’agit pour l’heure que d’une suggestion, l’objectif affiché est de simplifier le paysage politique et de clarifier les plateformes programmatiques. Les observateurs notent que cette proposition, encore discutée dans les cénacles, viserait aussi à limiter la dispersion des voix et les alliances de circonstance.
Quelles que soient les suites données, le débat illustre la volonté de plusieurs acteurs d’adapter les institutions aux réalités contemporaines. Pour le Comité ad’hoc, toutes ces pistes doivent être examinées de façon inclusive, afin de préserver la cohésion nationale et de consolider la confiance citoyenne.