Une dynamique d’apprentissage à Djiri
C’est dans la salle des spectacles du CNRTV, le 11 octobre, que cent jeunes du 9e arrondissement, Djiri, ont reçu leurs attestations de fin de formation en anglais. Les sourires, les accolades et l’enthousiasme traduisaient l’importance de l’événement pour ces nouveaux locuteurs.
La session, organisée du 1er août au 10 octobre au Centre de formation en langues étrangères de Massengo, s’est voulue intensive. Encadreurs expérimentés, supports adaptés et groupes réduits ont permis aux participants de progresser rapidement, de la phonétique de base jusqu’aux conversations courantes orientées vers la vie professionnelle.
Pour de nombreux habitants du nord de Brazzaville, une telle opportunité est rare. L’arrondissement, jeune et en pleine expansion, veut se positionner sur les marchés d’emploi portés par le pétrole, la logistique et les services, où l’anglais demeure un atout recherché par les recruteurs.
Un leadership local mobilisé
Initiateur du programme, le conseiller départemental et municipal Parfait Romuald Iloki défend une conception pratique de l’engagement public. « Servir commence par des actions concrètes », a-t-il rappelé devant l’assemblée, insistant sur l’importance de fédérer les énergies locales pour répondre aux attentes de la jeunesse.
Son geste a été salué par la secrétaire générale du centre, Aude Bimpoumba, pour qui l’action illustre « l’alliance entre vision politique et humanisme ». Selon elle, offrir des compétences linguistiques renforce l’autonomie des jeunes et prépare les cadres intermédiaires dont Brazzaville aura besoin pour soutenir sa croissance.
Au-delà de la remise d’attestations, l’élu a offert un groupe électrogène et deux projecteurs à l’établissement. Ces équipements garantiront la continuité des cours, même lors des coupures d’électricité, et permettront la projection de supports audio-visuels, jugés essentiels pour améliorer la prononciation et l’écoute.
Compétences et confiance retrouvées
Devant leurs pairs, les apprenants ont partagé leurs premières phrases en anglais, suscitant applaudissements et admiration. L’un d’eux, la voix vibrante, a souligné que la formation leur offrait « une ouverture sur le monde et la confiance nécessaire pour rêver plus grand ».
Les exercices privilégiaient des situations de la vie quotidienne : rédaction de courriels, commandes au restaurant, négociation simple. Cette approche pragmatique a séduit les participants, majoritairement âgés de dix-huit à vingt-cinq ans, dont plusieurs recherchent un premier emploi dans le secteur privé.
Les formateurs notent déjà une meilleure articulation et plus d’aisance à l’oral. Certains stagiaires se sont inscrits à des clubs de conversation pour maintenir l’élan. « L’anglais, c’est de la pratique quotidienne », rappelle John Mabiala, encadreur principal, confiant dans la capacité du groupe à progresser.
Un défi pour l’arrondissement
Parfait Romuald Iloki vise désormais un effectif doublé lors de la prochaine session. « Nous allons faire de Djiri l’arrondissement le plus anglophone de Brazzaville », a-t-il lancé, invitant les jeunes à s’inscrire massivement et à convaincre leurs voisins de rejoindre les classes.
Le calendrier politique, marqué par la révision des listes électorales, a également été évoqué. L’élu a appelé la jeunesse à s’enrôler pour pouvoir exprimer son choix le moment venu, rappelant que la maîtrise de l’anglais n’exclut pas la conscience citoyenne.
Dans les quartiers périphériques, les familles voient d’un bon œil ces initiatives tournées vers la compétence. Certains parents espèrent que leurs enfants, forts d’un anglais fonctionnel, pourront accéder à des bourses, des emplois en télé-travail ou encore des stages dans les compagnies pétrolières installées au pays.
Vers une stratégie durable de formation
Pour consolider les acquis, le Centre de Massengo projette de lancer un suivi en ligne, accessible par téléphone, afin d’accompagner les anciens stagiaires. Des micro-leçons quotidiennes par messagerie instantanée devraient aider à maintenir le vocabulaire et à préparer les niveaux intermédiaires.
Des partenariats sont également explorés avec des entreprises de Pointe-Noire afin d’offrir des stages d’immersion linguistique. L’idée est de placer les jeunes dans un environnement professionnel bilingue où l’anglais est utilisé au quotidien, un tremplin vers l’emploi et l’entrepreneuriat.
Le centre espère enfin intégrer la plateforme numérique nationale qui recense les initiatives de formation. Une telle inscription permettrait l’obtention de subventions et la mutualisation des contenus pédagogiques, tout en valorisant l’arrondissement comme pôle d’innovation éducative.
Si l’objectif de 300 apprenants est atteint l’an prochain, Djiri pourrait s’affirmer comme laboratoire de la politique de capital humain prônée par les autorités. Pour les bénéficiaires, chaque mot appris représente déjà une porte entrouverte vers un futur professionnel plus vaste et plus mobile.
Une communauté d’alumni engagée
Déjà, les premiers diplômés envisagent de créer une association d’anciens pour partager offres d’emploi et conseils linguistiques. Cette communauté d’alumni, ouverte à tous les futurs stagiaires, organisera des sessions de conversation publiques dans les marchés, les arrêts de bus et les écoles primaires.
L’autre projet concerne la publication d’un petit guide anglais-lingala-français conçu par les élèves eux-mêmes. Diffusé gratuitement en version PDF, le manuel contiendra des expressions utiles pour voyager, accueillir des visiteurs ou présenter les produits locaux sur les plateformes numériques.