Une installation solennelle à Mouyondzi
Sous un soleil encore généreux en ce début de saison sèche, la cour de la préfecture de Mouyondzi a réuni, le 24 septembre 2025, cadres, élus locaux et habitants venus assister à l’installation officielle d’Habib Paterne Miette à la tête du contrôle d’État.
La cérémonie, présidée par le directeur départemental de l’Administration du territoire, Martin Ngoma Vulleroumiere, suppléant la secrétaire générale empêchée, a d’abord donné lieu à la lecture solennelle du décret présidentiel fixant la nouvelle organisation de ce service clé de la gouvernance publique.
Dans la foule, plusieurs directeurs des services départementaux, bras croisés sur leurs dossiers, marquaient leur solidarité administrative, rappelant que le contrôle d’État, bras vigilant de l’exécutif, s’appuie sur l’ensemble des directions sectorielles pour prévenir toute irrégularité dans l’utilisation des fonds publics.
Devant le pupitre orné des couleurs nationales, le nouveau directeur a salué la confiance des plus hautes autorités et déclaré vouloir « conjuguer rigueur et pédagogie pour asseoir les règles de bonne gouvernance que le chef de l’État place au cœur du projet national ».
Itinéraire d’un enseignant devenu contrôleur
Originaire de Gamboma, dans le département des Plateaux, Habib Paterne Miette est avant tout un pédagogue : professeur certifié de sciences économiques et sociales, il a enseigné plus de quinze ans dans les lycées publics, tout en encadrant des clubs d’initiation à la citoyenneté.
Sa mutation vers l’administration de contrôle n’est pas un hasard, confie un collègue enseignant : « Au conseil de discipline, il tenait déjà des propos très carrés sur la responsabilité des gestionnaires. » Cette réputation de rectitude l’a conduit au poste d’inspecteur pédagogique, puis au contrôle d’État.
Nommé chef de service adjoint en 2022, il y a coordonné plusieurs missions d’audit, notamment sur la gestion des cantines scolaires dans les Plateaux, rapport salué pour sa « justesse analytique » par le ministère de l’Éducation nationale, avant de rejoindre aujourd’hui la Bouenza avec une feuille de route élargie.
La Bouenza, terre d’enjeux budgétaires
La Bouenza, vaste département agricole, connaît une résurgence d’investissements grâce aux programmes de relance économiques lancés par le gouvernement. Les contrôles budgétaires s’y multiplient, observe Calixte Mabiala, économiste à l’université Marien-Ngouabi, pour qui « la vigilance financière devient le socle de la crédibilité des projets ».
Le nouveau directeur hérite donc d’un territoire dynamique, mais parfois exposé aux retards de paiement ou aux doublons de marchés publics. « Nous allons privilégier l’accompagnement plutôt que la sanction immédiate, afin d’installer une culture de l’anticipation », a-t-il confié, sourire discret, aux journalistes présents.
Pour y parvenir, il compte s’appuyer sur le Plan national de développement 2022-2026, qui insiste sur la dématérialisation des procédures et le suivi numérique des subventions. « Chaque dossier doit être traçable, du budget à l’évaluation des impacts », résume-t-il, faisant écho aux orientations gouvernementales.
Synergies locales pour la transparence
Les autorités locales se disent prêtes à collaborer. Selon Joséphine Louamba, préfète par intérim, « la Bouenza veut rester un exemple de discipline budgétaire, condition pour attirer des investisseurs agricoles et développer les corridors routiers vers Pointe-Noire ». Elle salue une « nomination stratégique ».
Dans la même veine, le maire de Nkayi, Antoine Pingovi, rappelle que plusieurs projets urbains attendent l’appui technique du contrôle d’État, notamment l’éclairage public solaire et la réhabilitation des marchés communaux. « La transparence rassure nos partenaires financiers », souligne-t-il, invitant l’équipe d’Habib Miette à des réunions mensuelles.
Signe d’une coordination renforcée, le trésorier-payeur départemental, le colonel des douanes Freddy Kimpolo, a proposé la création d’un tableau de bord partagé regroupant les états de dépenses, permettant d’identifier en temps réel les écarts et de déclencher un audit, si besoin, sans attendre la clôture annuelle.
Au-delà des chiffres, la dimension éthique reste centrale. L’évêque de Madingou, Monseigneur Barthélemy Ndinga, présent à la cérémonie, a rappelé que « chaque franc public est un acte de confiance entre la nation et ses serviteurs ». Le nouveau directeur a acquiescé, promettant des sessions de sensibilisation.
Premiers chantiers et attentes citoyennes
Pour ancrer cette dynamique, une tournée de prise de contact est prévue dans les dix jours. De Nkayi aux villages frontaliers de la Lékoumou, l’équipe du contrôle d’État ira expliquer ses méthodes, recueillir les préoccupations et établir un calendrier d’audits anticipés, aligné sur les priorités locales.
Les organisations de la société civile seront associées, assure la plateforme Touche Pas à Mon Budget, qui milite pour la participation citoyenne. « Nous voulons voir les rapports d’audit publiés sur un portail accessible », plaide sa coordinatrice, Carine Mavoungou, saluant cependant « l’ouverture d’esprit » affichée par Habib Miette.
En fin de cérémonie, les applaudissements ont résonné sous les manguiers, concluant une étape symbolique. Rigueur, pédagogie et proximité constituent désormais le triptyque défendu par le nouveau directeur. Reste à suivre, dans les prochains mois, la traduction concrète de ces engagements sur le terrain.
