Une ambition urbaine de grande ampleur
Le ministre de l’Assainissement urbain, du Développement local et de l’Entretien routier, Juste Désiré Mondélé, a confirmé le démarrage en novembre d’une opération nationale de pavage. Présentée comme la suite logique des engagements pris lors de la première conférence d’assainissement urbain, cette initiative vise à moderniser durablement l’espace public.
L’idée directrice est simple : remplacer les chaussées dégradées par des revêtements en pavés, plus résistants aux intempéries tropicales et mieux adaptés aux fortes variations de trafic. « Nous voulons offrir aux citoyens des rues propres, praticables toute l’année », a insisté le ministre devant la presse.
La stratégie, définie dans la nouvelle Politique nationale d’assainissement validée cette semaine, privilégie une approche progressive : zones pilotes, bilans techniques, puis extension. Le gouvernement table sur un retour rapide en confort de circulation, en salubrité et en image pour les centres urbains.
Brazzaville, point de départ symbolique
Le choix de Brazzaville pour ouvrir le chantier ne doit rien au hasard. La capitale concentre aujourd’hui près du quart de la population nationale et enregistre un pic de croissance démographique annuel estimé à 4 %. Ses axes secondaires montrent des signes évidents de dégradation.
Les premières équipes interviendront dans les arrondissements de Poto-Poto, Moungali et Makélékélé, identifiés comme prioritaires après un audit technique mené avec l’appui de la Banque mondiale. Les riverains seront consultés afin d’adapter le phasage des travaux aux contraintes quotidiennes des commerçants et des écoles.
« Nous souhaitons un chantier exemplaire, où le citoyen est au cœur des décisions », souligne Paul-Arsène Bakaba, directeur général de l’Entretien routier. Des agents d’information seront déployés pour expliquer les déviations et recueillir les doléances, avec un numéro vert accessible tous les jours.
Des emplois pour les jeunes artisans
Au-delà de l’embellissement, le pavage vise à générer un impact social immédiat. Conçue comme une opération à forte intensité de main-d’œuvre, elle mobilisera majoritairement des jeunes sans emploi issus des quartiers concernés. Un programme de formation rapide au maniement des pavés est déjà finalisé.
Le ministère prévoit d’encadrer chaque brigade locale par un maître-artisan expérimenté. Les recrues apprendront la préparation du lit de pose, la découpe des blocs et la finition des joints. « Ces compétences sont transférables à d’autres chantiers, c’est un véritable tremplin professionnel », explique Rosalie Ngatsé, spécialiste en insertion socio-économique.
Selon les estimations officielles, plus de 3 000 postes directs pourraient être créés la première année, sans compter les emplois induits dans la fabrication des pavés et la logistique. Une convention est en discussion avec des centres de formation pour certifier les compétences acquises.
Organisation et financement du chantier
L’opération s’appuie sur un schéma de financement mixte associant budget de l’État, emprunts concessionnels et partenariats avec les collectivités concernées. Les prévisions initiales font état d’un coût de 12 milliards FCFA pour la phase pilote de six mois, avec un strict calendrier de décaissements.
La transparence constitue un axe majeur du projet. Un comité de suivi, composé de représentants des ministères techniques, des municipalités, de la société civile et des bailleurs, publiera un rapport trimestriel. Les marchés publics pour la fourniture des pavés seront passés par appel d’offres ouvert, conformément aux règles nationales.
« Nous voulons démontrer qu’un grand chantier public peut être mené dans les délais et dans la clarté », assure Antoine Massamba, président du comité. Un tableau de bord numérique indiquera l’avancement par tronçon, consultable sur le site du ministère, afin de maintenir la mobilisation citoyenne.
Perspectives pour Pointe-Noire et les villes secondaires
Sitôt les premiers kilomètres livrés à Brazzaville, le dispositif gagnera Pointe-Noire, où le trafic portuaire impose des voiries robustes. Les autorités locales ont déjà listé les axes menant aux marchés de Tié-Tié et Loandjili, souvent engorgés durant la saison des pluies.
À moyen terme, Dolisie, Nkayi, Ouesso et Owando bénéficieront également de l’opération. L’idée est d’intégrer le pavage dans les plans d’urbanisme, afin de limiter l’érosion et de valoriser le cadre de vie. Le ministère envisage même un label « Ville pavée propre » pour encourager la maintenance communautaire.
Juste Désiré Mondélé se montre confiant : « Notre jeunesse a l’énergie et le talent pour relever ce défi, et chaque quartier pavé deviendra un symbole d’optimisme ». Les premiers résultats sont attendus dès le premier trimestre, avec la livraison de 15 kilomètres de rues repensées pour tous.
