Un jalon majeur pour la connectivité nationale
Lancé il y a deux ans, le Projet d’accélération de la transformation numérique, plus connu sous l’acronyme PATN, franchit aujourd’hui une étape importante. Les équipes techniques annoncent que vingt points d’accès haut débit sont déjà opérationnels à travers le territoire.
Ces premiers sites ouvrent la voie à une connectivité plus égalitaire, notamment pour les habitants des zones enclavées. Ils symbolisent la volonté du gouvernement de réduire la fracture numérique et d’accompagner la modernisation économique portée par le chef de l’État.
La carte des 76 points d’accès expliquée
Au total, soixante-seize emplacements ont été identifiés suivant des critères de densité démographique, d’éloignement et de potentiel de développement local. Vingt d’entre eux sont donc connectés, tandis que cinquante-six autres connaissent des travaux d’équipement et d’alimentation électrique.
Selon le ministre Léon Juste Ibombo, les équipes d’installation parcourent actuellement la Sangha, la Cuvette, le Niari et le Pool. Les localités exactes seront dévoilées après les derniers réglages afin de garantir une mise en service harmonieuse et sécurisée.
Un partenariat financier stratégique
Doté d’une enveloppe de 100 millions de dollars, le PATN est cofinancé par la Banque mondiale et l’Union européenne. Ce montage témoigne de la confiance des bailleurs dans la feuille de route numérique congolaise et dans la stabilité du cadre macroéconomique national.
Heri Andrianasy, représentant de la Banque mondiale, se dit « encouragé par la rapidité des progrès et la clarté des objectifs ». Il rappelle que l’inclusion numérique favorise la création d’emplois non délocalisables et renforce la résilience des petites entreprises rurales.
Vers une administration publique 100 % digitale
Au-delà des antennes 4G, le projet s’inscrit dans la stratégie numérique 2020-2030, actuellement examinée par le secrétariat général du gouvernement. Une fois adoptée par décret, cette feuille de route servira de socle à la dématérialisation des démarches administratives.
Léon Juste Ibombo estime que la simplification des procédures renforcera l’attractivité du Congo pour les investisseurs et améliorera la transparence des services publics. Des guichets uniques en ligne pour l’état-civil ou la fiscalité devraient, selon lui, voir le jour progressivement.
Les attentes des usagers ruraux
À Makoua, Alain, enseignant de mathématiques, rêve déjà de cours interactifs accessibles à ses élèves. « Avec un bon signal, je pourrai télécharger des exercices et suivre des formations sans quitter la localité », confie-t-il, fier de cette ouverture vers le monde.
Dans le district de Madingou, la coopérative féminine Ntaba attend l’arrivée de la 4G pour promouvoir en ligne ses produits artisanaux. Les membres espèrent élargir leur clientèle et accéder à des moyens de paiement mobiles plus sûrs.
Les professionnels de santé ne sont pas en reste. À Owando, le docteur Massamba voit dans la connectivité un levier d’appui au télé-diagnostic et à la transmission sécurisée des dossiers médicaux, ce qui pourrait réduire les déplacements coûteux vers la capitale.
Prochaines étapes et calendrier 2025
Le ministère table sur la finalisation des cinquante-six sites restants d’ici fin 2025. Les équipes prévoient un déploiement par vagues régionales afin d’assurer la continuité de service et de faciliter les tests de performance réseau.
Une fois le maillage achevé, le gouvernement envisage d’étendre les fonctionnalités vers la 5G dans les centres urbains, tout en consolidant la 4G en milieu rural. La perspective promet de placer le Congo parmi les nations africaines les plus avancées en matière numérique.
Pour l’heure, les témoignages recueillis et les indicateurs de qualité réseau confirment que le PATN progresse conformément au calendrier. La mobilisation des partenaires demeure intacte, augurant d’une couverture qui rapprochera durablement campagnes et villes.
Impacts économiques attendus
Les analystes du ministère des Finances estiment que chaque point d’accès pourrait générer d’ici trois ans un accroissement de 2 % du chiffre d’affaires des petites entreprises alentours. Les gains viendraient principalement de la vente en ligne de denrées agricoles et de services touristiques.
Pour les start-up locales, la bande passante accrue représente également un coup d’accélérateur. « Nous pourrons héberger nos applications sur place, sans passer par des serveurs étrangers », explique Mireille Bouity, fondatrice d’une plateforme de livraison à Dolisie.
Formation et jeunesse connectée
Le ministère de l’Éducation prépare déjà l’intégration du numérique dans les programmes. Des tablettes éducatives préchargées seront distribuées dans les collèges pilotes reliés au PATN, afin de généraliser l’accès à des ressources pédagogiques constamment actualisées.
Christelle, lycéenne à Oyo, voit déjà un avenir où les classes virtuelles permettront d’échanger avec des professeurs de l’université Marien-Ngouabi. « Le haut débit nous évitera des déplacements coûteux et ouvrira nos horizons », sourit-elle, enthousiaste.
Sécurité et maintenance
Pour garantir la pérennité des installations, un programme de formation de techniciens locaux est lancé en parallèle. Ceux-ci assureront la maintenance préventive des antennes et la sensibilisation des usagers à la cybersécurité, afin de préserver la qualité et l’intégrité du réseau.
À Pointe-Noire, un premier atelier a réuni quarante jeunes diplômés. Encadrés par des ingénieurs, ils apprennent la maintenance réseau et l’utilisation de panneaux solaires pour alimenter les antennes isolées.
