Des gilets pour une meilleure visibilité
Une file d’engins deux-roues s’est formée le 13 octobre devant le siège communal de la Fédération syndicale des professionnels des transports en commun. Sous un soleil déjà haut, le secrétaire général Bienvenu Mabiala a remis aux conducteurs des taxis-moto des gilets orange et réfléchissants, soigneusement floqués du logo de la Fesyptc.
Le responsable syndical a expliqué que ce simple morceau de tissu fluorescent est appelé à devenir un signe distinctif. « Vous serez identifiables au premier regard par les usagers et les forces de l’ordre », a-t-il indiqué, rappelant que la mesure découle d’engagements pris avec la Direction générale de la sécurité présidentielle (DGSP).
Un décret qui change la donne
Le 9 juillet dernier, le décret 2024-324 a posé un cadre national au fonctionnement des motos-taxis. Ses articles 3 à 9 précisent le port d’un casque homologué par occupant, l’immatriculation obligatoire des engins et l’interdiction de transporter plus d’un passager.
L’esprit du texte, martèle la Fesyptc, est de sécuriser autant le conducteur que le client tout en ordonnant la profession. Les autorités rappellent aussi qu’un titulaire étranger ne peut plus exercer l’activité, afin de favoriser un maillage économique local et de prévenir les identités mal vérifiées sur la route.
Casques, plaques, vitesse : le rappel à l’ordre
Dans la pratique, nombre de pilotes roulent sans casque, embarquent deux voire trois personnes et négocient les artères à vive allure. « Les règles existent, nous devons les faire respecter », souligne Bienvenu Mabiala, décrivant des contrôles conjoints annoncés par la DGSP et la police routière.
Le texte gouvernemental fixe également une vitesse minimale de cinquante kilomètres-heure sur les grands axes urbains. L’objectif est d’éviter les ralentissements dangereux créés par les engins sous-motorisés. Pour y parvenir, la Fesyptc insiste sur l’importance d’un entretien régulier des motos et d’une formation continue.
La profession se structure pas à pas
Devant une centaine de conducteurs réunis en assemblée générale, le syndicat a dressé le bilan des échanges tenus à Brazzaville. L’administration encourage la professionnalisation : permis de catégorie A, certificat de capacité et carnet sanitaire à jour. « Notre rôle est de protéger votre outil de travail », rappelle le secrétaire général.
Plusieurs chauffeurs disent accueillir favorablement ces exigences. Moïse Nkouka, trois ans d’activité, confie que porter un casque l’été n’est pas toujours confortable, mais reconnaît l’utilité du gilet pour être vu la nuit. « Si ça peut éviter un accident, j’adhère », témoigne-t-il, moto coupée au ralenti.
Les retombées attendues pour la ville océane
Pointe-Noire compte près de 10 000 motos-taxis selon la mairie. Le mode de transport, apprécié pour sa flexibilité entre quartiers enclavés, souffre néanmoins d’une image brouillée par quelques chauffards. La municipalité estime que l’uniformisation visuelle facilitera les contrôles et rassurera les passagers.
À terme, les autorités locales envisagent une plateforme numérique recensant chaque engin homologué. Les gilets y seraient associés à un QR code, permettant de vérifier en temps réel l’assurance, l’itinéraire ou le solde de points du permis. Le projet, à l’étude, pourrait voir le jour d’ici 2025.
Un partenariat constructif avec la DGSP
La DGSP, mandatée pour le suivi de l’application du décret, assure ne pas vouloir tomber dans la répression systématique. « Nous privilégions la pédagogie », glisse un officier présent incognito, saluant la démarche du syndicat. Des séances d’information communes sont prévues dans chaque arrondissement.
Cette approche graduelle inclura des opérations coup de poing ciblant les casques non attachés et les plaques masquées. Selon la Fesyptc, la première phase de contrôle sera essentiellement verbale, avant d’éventuelles amendes. « Nous misons sur la responsabilisation », insiste Bienvenu Mabiala, rappelant que la sécurité reste l’affaire de tous.
Formation et permis : l’autre chantier
Parallèlement à la distribution des gilets, le syndicat a ouvert une session de préparation au permis A en partenariat avec le Centre national de formation routière. Cinquante modules sont programmés sur six semaines, abordant code de la route, premiers secours et mécanique de base.
Les conducteurs disposant déjà d’un permis sont invités à suivre une journée de recyclage en conduite défensive. L’obtention du certificat de capacité, indispensable pour le transport public, sera délivrée à l’issue d’une évaluation pratique. « C’est un investissement, mais il garantit notre crédibilité », estime Étienne Bouanga, formateur agréé.
Cap sur une mobilité plus sûre
En distribuant les gilets fluorescents, la Fesyptc envoie un signal fort : la modernisation du secteur se poursuit à un rythme soutenu, main dans la main avec les pouvoirs publics. Les usagers, nombreux à emprunter les motos-taxis pour se rendre au marché ou à la plage, pourraient être les premiers bénéficiaires.
La prochaine étape sera l’immatriculation exhaustive des engins, déjà amorcée auprès de la préfecture. Sur le terrain, conducteurs et clients semblent prendre la mesure de l’enjeu. « Nous voulons continuer à gagner notre vie, mais dans de bonnes conditions », résume Jovite Tchibinda, moteur au poing, prêt à repartir.
