Une session centrée sur la quiétude publique
Dans l’hémicycle du palais des congrès de Brazzaville, la cloche a sonné le 15 octobre pour l’ouverture de la session budgétaire. D’emblée, le président du Sénat, Pierre Ngolo, a placé la sécurité des citoyens au sommet des priorités examinées par les élus.
Devant ses pairs, il a salué la mobilisation des forces de l’ordre contre les bandes communément appelées « bébés noirs » ou kulunas. « La population doit sentir chaque jour la présence protectrice de l’État », a-t-il martelé, rappelant que la défense des personnes et des biens reste le premier devoir national.
Le phénomène des « bébés noirs » en lumière
Nés dans certains quartiers défavorisés, ces groupes opèrent souvent à la machette et sèment la peur dans plusieurs villes du pays. Pillages, agressions collectives et assassinats nourrissent un sentiment d’insécurité qui bouscule le quotidien, surtout en soirée et aux abords des établissements scolaires.
Prenant acte de cette réalité, les sénateurs estiment que la violence des kulunas révèle une rupture plus large : affaiblissement du lien social, fragilité de l’autorité parentale et insuffisances des mécanismes de prévention. D’où la nécessité d’un traitement dépassant la seule dimension policière.
Des opérations déjà jugées encourageantes
Depuis plusieurs mois, des patrouilles mixtes et des rafles ciblées ont été conduites à Brazzaville, Pointe-Noire ou Dolisie. La baisse des attaques dans certains arrondissements est « significative », a relevé Pierre Ngolo, qui félicite gendarmerie et police pour leur professionnalisme.
Le Sénat invite néanmoins l’exécutif à inscrire ces actions dans la durée. « Pérenniser la traque dans le strict respect des textes garantira l’ordre sans entamer les libertés », a souligné le président de la Chambre haute, plaidant pour un quadrillage régulier et une présence visible des forces sur les axes sensibles.
Renforcer le cadre légal et social
Au-delà des opérations de terrain, les élus encouragent la mise à jour des textes pénaux pour mieux réprimer les crimes commis en bande organisée. Ils proposent également d’accélérer la modernisation des tribunaux pour éviter les longues détentions provisoires qui fragilisent la confiance dans la justice.
Parallèlement, les sénateurs estiment indispensable d’associer travailleurs sociaux, psychologues et organisations communautaires à la prise en charge des jeunes arrêtés. L’objectif est de couper le cercle vicieux de la récidive par des stages de formation, des activités sportives encadrées et un suivi personnalisé.
Éducation et prévention : un enjeu de rentrée
Parce que le phénomène cible souvent des adolescents déscolarisés, la Chambre haute insiste sur la qualité de l’enseignement et l’accès à la scolarité. « Une école inclusive et performante éloigne la tentation de la violence », a rappelé Pierre Ngolo, invité à s’exprimer par la commission éducation.
Des partenariats sont envisagés avec les collectivités locales pour sécuriser les abords des établissements, installer un éclairage public continu et relancer les conseils de discipline de quartier. La vigilance citoyenne doit compléter l’action policière afin d’alerter rapidement sur toute dérive.
Budget 2026 : socle du Plan national de développement
Les sénateurs ont également reçu le projet de loi de finances 2026, appelé à matérialiser le Plan national de développement 2022-2026. Pierre Ngolo a exhorté ses collègues à l’examiner « avec rigueur et responsabilité » pour que chaque franc investi réponde aux attentes concrètes des Congolais.
Les crédits alloués à la sécurité intérieure, à l’emploi des jeunes et à la modernisation des infrastructures urbaines devraient ainsi connaître une hausse ciblée. Les élus jugent ces lignes budgétaires indispensables pour consolider les acquis de la lutte contre les « bébés noirs » et soutenir la croissance locale.
Responsabilité partagée pour une paix durable
En clôturant la séance, le président du Sénat a lancé un message d’unité : « Nous réussirons si chaque acteur – État, collectivités, parents, société civile – assume sa part de travail ». Il a appelé à dénoncer les réseaux qui exploitent la vulnérabilité des mineurs.
Le vœu de Pierre Ngolo est clair : faire de la présente session « la bonne moisson du service à la Nation ». Les discussions budgétaires se poursuivront jusqu’en décembre, avec l’espoir de doter le pays d’outils financiers et législatifs capables de garantir, sur le long terme, sécurité et cohésion sociale.
