Une distinction qui fait rayonner le slam congolais
Lorsque la Congolaise Mariusca Moukengue a appris sa victoire au Global Unity Women International, elle a sauté de joie. La jeune slameuse remporte le trophée « Artistic Excellence and Social Engagement through Slam », une récompense qui célèbre la créativité mêlée à l’impact communautaire.
Ce succès retentissant, rendu public avant la cérémonie prévue du 12 au 14 décembre à Pointe-Noire, conforte la place du slam congolais sur la scène internationale et donne un nouveau relief au combat que l’artiste mène pour amplifier la voix d’une jeunesse décidée à agir.
Trois jours de célébration à Pointe-Noire
Pendant trois jours, la capitale économique vibrera au rythme des ateliers, tables rondes et prestations scéniques réunissant des créatrices venues d’Afrique, d’Europe et des Amériques. Les organisateurs promettent un espace d’échanges sur l’égalité des chances, thème inscrit au cœur de l’édition 2024, plus ambitieuse et inclusive que jamais.
Le prix de Mariusca sera remis le dernier soir, devant des représentants institutionnels, des mécènes culturels et un public attendu nombreux au palais des congrès de Pointe-Noire. Ce rendez-vous confirme la volonté du Congo de soutenir les industries créatives et les initiatives portées par les femmes.
Selon le comité, le choix du Slam tenait à « la capacité de cette forme poétique à toucher des publics rarement concernés par les arts classiques ». Une reconnaissance qui, pour l’artiste, « démontre que la parole libre et constructive peut devenir un levier de cohésion », souligne-t-elle.
Un parcours jalonné d’honneurs officiels
Cette distinction s’ajoute à une année exceptionnelle pour la poétesse. En août, elle avait été élevée au grade de chevalière de l’Ordre national du Mérite par le président de la République, Denis Sassou Nguesso, lors des festivités du 65e anniversaire de l’indépendance célébrées en fanfare à Brazzaville.
Interrogée après la décoration, elle confiait déjà vouloir « poursuivre le chemin, encourager les jeunes à croire en leurs idées et faire briller la culture congolaise partout où l’on parle ». Le Global Unity Women International donne aujourd’hui un écho supplémentaire à cette ambition.
Paroles engagées, messages universels
Sur scène, la voix de Mariusca se fait tour à tour douce, féroce, drôle, toujours lucide. Ses textes interrogent l’évolution des mentalités, l’émancipation féminine, la dépravation des mœurs ou encore la quête d’autonomie financière de la jeunesse urbaine de Brazzaville, Pointe-Noire ou Paris.
Dans ses compositions, on retrouve l’influence de Michelle Obama pour la confiance, de Kimpa Vita pour la foi en l’avenir, mais aussi le souffle d’un hip-hop panafricain qui allie verve, rythmes et anecdotes du quotidien. Le public, séduit, reprend volontiers ses slogans.
La slameuse estime que « nommer les problèmes ne suffit pas, encore faut-il suggérer des pistes ». D’où des refrains convertis en conseils sur l’éducation, l’entrepreneuriat ou la prévention du banditisme, enjeux que les autorités placent également parmi leurs priorités pour sécuriser l’environnement social.
Vers un premier grand concert parisien
Avant de fouler la scène de Pointe-Noire, Mariusca prépare activement son premier grand concert parisien. La date est fixée au 29 novembre, à la 260 Music Factory. « Paris deviendra un poème vivant », écrit-elle sur ses réseaux, invitant la diaspora et les curieux à la rejoindre.
Cet événement symbolise le passage d’une artiste autrefois confinée aux open mic de quartiers à une performeuse capable de remplir une salle européenne. Elle promet un show mêlant slam, afro-rap et théâtre, porté par un orchestre minimaliste, des visuels projetés et des interactions improvisées avec le public.
Une source d’inspiration pour la jeunesse
Au-delà des projecteurs, Mariusca anime des ateliers d’écriture auprès d’élèves et d’apprentis. « J’y vois la preuve qu’un texte peut devenir un outil de confiance », assure l’artiste, qui a déjà formé plus de cinq cents jeunes aux rudiments du slam, du souffle et de la mise en scène.
Les témoignages recueillis à Brazzaville confirment son impact. Karel, 18 ans, raconte avoir « troqué la rue contre le micro ». Pour Sonia, 23 ans, « écrire sur nos réalités m’a aidée à me sentir légitime à l’université ». De quoi mesurer la portée sociale de son engagement.
Des projets qui prolongent la flamme
Après Pointe-Noire et Paris, la lauréate entend intensifier ses tournées en Afrique centrale, avec des haltes déjà envisagées à Libreville, Yaoundé et Kinshasa. Elle souhaite également publier un recueil bilingue français-lingala regroupant ses textes phares et des poèmes inédits inspirés de rencontres transfrontalières.
« La scène nourrit le livre et le livre nourrit la scène », explique-t-elle, annonçant l’ouverture prochaine d’une structure d’accompagnement destinée aux jeunes auteurs. Le projet, en cours de structuration à Brazzaville, vise à offrir formation, résidences et bourses afin de professionnaliser la filière slam.
Portée par l’énergie d’une reconnue internationale et appuyée par les encouragements officiels, Mariusca Moukengue avance confiante. Sa trajectoire rappelle qu’art et service de la communauté peuvent marcher de concert. Pour beaucoup de jeunes Congolais, elle incarne l’idée qu’oser ses rêves reste le meilleur moyen de changer le réel.
