Sensibilisation santé au cœur de Maya-Maya
Une chaise de bureau mal réglée, un sac trop lourd, une courbure négligée: autant de petits gestes que les agents de l’Aéroport Maya-Maya payent cher. Conscientes du danger, Aerco et la Clinique Internationale ont choisi d’agir, en organisant une conférence santé le 14 octobre.
Dans la grande salle vitrée de la société de gestion aéroportuaire, médecins, cadres et ouvriers se sont retrouvés autour d’un thème universel et pourtant souvent banalisé : « Douleurs lombaires et kinésithérapie ». Les docteurs Hassan Yasser et Ali Issa ont mené la discussion, schémas anatomiques à l’appui.
Lombalgies, première cause d’arrêt de travail
Le chirurgien orthopédiste Hassan Yasser a rappelé que huit adultes sur dix ressentiront un mal de dos au moins une fois dans leur vie, d’après les données de l’Organisation mondiale de la santé. Au Congo, les consultations pour lombalgies remplissent chaque jour les salles d’attente, tous secteurs confondus.
« La douleur n’est pas une fatalité, mais un signal d’alarme », a-t-il souligné, insistant sur l’importance d’intervenir avant que l’inflammation ne devienne chronique. Non traitée, une simple contracture peut évoluer vers une hernie discale et engendrer des absences prolongées ou des reconversions forcées.
Un aéroport, des postures à risque
À Maya-Maya, les tâches s’enchaînent. Les manutentionnaires soulèvent des conteneurs, les agents d’escale passent des heures derrière les comptoirs, les policiers s’immobilisent pour le contrôle des passeports. Autant de positions statiques ou de gestes répétitifs qui sollicitent excessivement la colonne vertébrale.
Le docteur Ali Issa, spécialiste en kinésithérapie, a détaillé les mauvaises habitudes observées sur le tarmac : torsions brusques, charges hâtivement saisies, absence d’échauffement. « Parfois, il suffirait de plier les genoux ou de faire une pause de deux minutes pour éviter la blessure », a-t-il indiqué.
Clinique Internationale, partenaire santé
Implantée à quelques encablures du centre-ville de Brazzaville, la Clinique Internationale se positionne comme un relais médical pour la plateforme aéroportuaire. Avec ses unités de pédiatrie, d’imagerie ou de cancérologie, l’établissement affiche une offre pluridisciplinaire adaptée aux besoins d’une population active et mobile.
Le bloc opératoire, annoncé pour les prochains mois, doit permettre la prise en charge complète des interventions orthopédiques, des plus simples aux plus complexes. « Nos tarifs flexibles et nos partenariats avec les assureurs facilitent l’accès aux soins », a rappelé le docteur Yasser, se voulant rassurant.
Prévenir plutôt que guérir
Au fil de la présentation, vidéos et exercices pratiques ont animé la salle. Les participants se sont essayés à des étirements de la chaîne postérieure, guidés par le kinésithérapeute. Rires, grimaces, puis soulagement : chacun a pu ressentir l’effet immédiat d’un mouvement bien exécuté.
Les deux médecins ont conseillé d’intégrer cinq à dix minutes d’assouplissements au début de chaque service, de varier les positions, d’ajuster la hauteur des écrans et de privilégier les chaussures offrant un bon maintien. Des recommandations simples, peu coûteuses et immédiatement applicables par le personnel.
Pour les cas déjà douloureux, la kinésithérapie propose massages, renforcement musculaire, électro-stimulation et hydrothérapie. « L’objectif n’est pas seulement de traiter la crise, mais de redonner confiance au patient afin qu’il reprenne son activité normalement », a expliqué Ali Issa, vantant la prise en charge globale.
Ce qu’il faut retenir
En conclusion de la session, le directeur santé et sécurité d’Aerco a salué une sensibilisation jugée « concrète » et « adaptée au terrain ». Une évaluation interne suivra pour mesurer la baisse des arrêts maladie liés au dos, avec un objectif de réduction de 30 % en un an.
Du côté des agents, la satisfaction domine. « On réalise qu’il suffit parfois d’un simple étirement pour éviter des semaines de souffrance », confie Brice, bagagiste depuis dix ans. Sylvie, hôtesse d’accueil, compte installer un coussin lombaire sur son siège dès sa prochaine prise de poste.
En initiant ce rendez-vous, Aerco confirme sa volonté d’inscrire la prévention au cœur de sa politique sociale, conformément aux orientations nationales en matière de santé du travail. La démarche s’inscrit dans la dynamique du gouvernement visant à promouvoir un capital humain productif et épanoui.
Les organisateurs annoncent déjà d’autres rencontres dédiées à la nutrition, à la gestion du stress ou à la santé visuelle. Autant de sujets essentiels dans un environnement où la vigilance permanente et l’interaction avec le public exigent un corps et un esprit en pleine forme.
La lutte contre les douleurs lombaires, première cause d’invalidité dans le monde, commence souvent par une simple prise de conscience. À Maya-Maya, le message semble avoir été entendu : le dos des agents n’est plus seulement l’affaire des médecins, il devient l’affaire de tous.
Selon une récente enquête du ministère de la Santé, près de 22 % des consultations de travailleurs urbains à Brazzaville concernent des pathologies du rachis. Le coût indirect, entre arrêts maladie et baisse de productivité, dépasserait trois milliards de francs CFA par an, d’où l’urgence d’agir.
Le rendez-vous d’octobre n’était donc qu’un début ; Aerco prévoit un suivi trimestriel pour ancrer durablement les bonnes pratiques.
