Suspension mouvementée de la grève PSEN
Le 17 octobre, la coordination de la Plateforme syndicale de l’éducation nationale a créé la surprise. Annoncée pour reprendre, la grève est finalement suspendue, le temps de laisser agir la médiation. La décision est saluée par parents d’élèves et administrations scolaires soulagées.
« Nous concédons cette suspension pour donner une chance au dialogue », a déclaré Herbin Bakétiba, porte-parole de la PSEN, à l’issue d’une rencontre au siège du médiateur de la République. Dans la foulée, des messages ont été transmis aux établissements pour maintenir les cours.
Le climat restait tendu depuis la rentrée, la PSEN ayant déposé son préavis en début de mois. L’appel à la trève, présenté comme un geste de bonne foi, vise à préserver la paix sociale pendant l’année électorale, a souligné le syndicaliste.
Le rôle décisif du médiateur national
Le médiateur de la République, Valère Gabriel Eteka Yemet, a reçu la coordination syndicale les 14 et 17 octobre. Selon les deux parties, les échanges ont été « fructueux » et constructifs. Le haut fonctionnaire s’est personnellement engagé à transmettre les revendications aux ministres compétents.
Sa feuille de route inclut des rencontres avec les ministères de l’Enseignement préscolaire, primaire, secondaire et supérieur, ainsi qu’avec les Finances, la Fonction publique et la Primature. « Je veillerai à une concertation rapide afin d’aboutir à un accord qui satisfasse tous les acteurs », aurait-il assuré.
Cette implication institutionnelle est perçue comme un signal positif. Pour plusieurs observateurs, la médiation centralisée offre une vue d’ensemble, fluidifie la circulation de l’information et peut réduire les malentendus récurrents entre syndicats et administration.
Un cahier de charges détaillé
Le memorandum remis au médiateur rappelle les principaux points du préavis. Première priorité : l’augmentation des quotas de recrutement pour absorber les milliers d’enseignants vacataires encore hors Fonction publique. La PSEN demande également la publication rapide des décrets d’engagement déjà signés.
Autre dossier sensible, le sort des enseignants âgés de plus de 45 ans. La plateforme souhaite que leur expérience soit reconnue par un recrutement dérogatoire. S’ajoutent l’harmonisation des carrières et les promotions bloquées depuis plusieurs sessions, jugées indispensables pour motiver le corps enseignant.
Selon des chiffres syndicaux, près de 8 000 dossiers seraient en attente de régularisation. Pour la PSEN, traiter ces cas avant la prochaine rentrée garantirait la stabilité des classes, souvent perturbées par des rotations d’enseignants contraints de chercher des compléments d’activité.
Entre soulagement et prudence sur le terrain
À Brazzaville comme à Pointe-Noire, les parents interrogés disent leur « ouf de soulagement ». Fernand, commerçant du marché Total, reconnaît cependant qu’il reste vigilant : « Nous voulons que cette suspension soit suivie d’effets rapides, sinon les élèves seront encore pénalisés ».
Du côté des enseignants, l’humeur est à l’attente. Patricia, professeure de mathématiques au lycée Chaminade, juge encourageant le ton de la médiation mais confie craindre « un simple report » si les actes administratifs tardent. Elle espère des annonces concrètes avant la fin du trimestre.
Les chefs d’établissement, eux, s’emploient à rattraper les cours perdus lors des journées de grève précédentes. Plusieurs proviseurs affirment avoir réorganisé les emplois du temps pour éviter les cours le samedi, privilégiant des sessions de soutien en semaine.
Calendrier à court terme et enjeux pour la rentrée
La PSEN a fixé un délai de suivi. Elle attend des retours tangibles dans un mois, après quoi des assemblées générales décideront de la suite. « Nous reviendrons vers la base le 17 novembre », précise le communiqué. D’ici là, la médiation reste à la manœuvre.
Pour le ministère de l’Enseignement général, l’objectif est de publier les premiers arrêtés avant la fin de l’année budgétaire. Un responsable technique évoque des « ajustements logistiques » mais confirme la volonté de concrétiser les quotas promis lors des précédents conseils de cabinet.
L’enjeu dépasse la simple régularisation administrative. En stabilisant leurs effectifs, les établissements anticipent une meilleure performance aux examens de fin d’année. Les familles, elles, pourront planifier sereinement le calendrier scolaire, fondement d’une année académique réussie pour les élèves.
La suspension actuelle apparaît donc comme une fenêtre d’opportunité pour toutes les parties. Si les engagements sont tenus, elle pourrait ouvrir la voie à un dialogue social renouvelé, vecteur de progrès pour l’école congolaise et, plus largement, pour la cohésion nationale.
