Brazzaville célèbre une passation clé
Brazzaville a accueilli, le 17 octobre, la 7e session du Comité des ministres de l’Agence de supervision de la sécurité aérienne en Afrique centrale.
Au terme de la cérémonie d’ouverture, la ministre congolaise des Transports, de l’Aviation civile et de la Marine marchande, Ingrid Olga Ghislaine Ebouka-Babackas, a officiellement reçu le marteau symbolique de présidence.
Le rendez-vous, organisé dans un grand hôtel de la capitale, marque la première prise de fonction d’une personnalité congolaise à la tête de ce mécanisme sous-régional stratégique.
Une ministre déterminée face aux défis aériens
Dans son discours d’investiture, Mme Ebouka-Babackas a immédiatement fixé trois priorités : améliorer la sécurité opérationnelle, assurer des finances solides et renforcer les compétences des femmes et des hommes du secteur.
« Ces priorités exigent de nous des décisions courageuses et une coopération renforcée », a-t-elle insisté, rappelant que le transport aérien mondial évolue rapidement et nécessite une vigilance permanente.
La ministre entend s’appuyer sur les partenariats internationaux déjà noués par le Congo, notamment avec l’Organisation de l’aviation civile internationale, pour propulser l’Assac-Ac au rang de référence continentale.
Les réussites du mandat sortant
Le ministre centrafricain Herbert Gotran Ndjono-Ahaba, président sortant, a dressé un bilan salué par l’assistance.
Sous son mandat, l’Assac-Ac a été pleinement opérationnalisée grâce au recrutement d’experts techniques, juridiques, informatiques et administratifs, ainsi qu’à la mise en service de manuels d’organisation et de procédures harmonisés.
Point central de ce bilan, la Redevance de sécurité aérienne régionale, déjà appliquée par cinq États, a permis de doubler le budget de l’agence, offrant une marge de manœuvre de 120 % supplémentaire.
Audit, gouvernance et montée en compétences
Le commissaire de l’agence, le Dr Francial Giscard Baudin Libengué Dobelé-Kpoka, a rappelé devant les ministres l’importance de finaliser un audit externe pour consolider la transparence et la bonne gouvernance des fonds.
Cet audit fournira, selon lui, une base fiable pour mobiliser des ressources additionnelles auprès de partenaires bilatéraux et multilatéraux, indispensables à la modernisation des équipements de surveillance.
Le commissaire insiste aussi sur la formation continue des cadres aux nouvelles technologies, à la gestion des crises et aux procédures de sûreté, afin de garantir une réactivité optimale dans toute la zone CEMAC.
Financer durablement la sécurité du ciel
Les ministres ont souligné que la solidité financière de l’Assac-Ac dépend d’abord du paiement régulier des cotisations égalitaires par chaque État membre, un engagement rappelé dans le communiqué final.
Le mécanisme de la Redevance de sécurité aérienne régionale reste, pour sa part, un levier majeur ; son déploiement complet au Gabon achèverait de sécuriser les recettes.
Au-delà des administrations, la société civile est invitée à promouvoir une culture de la sécurité aérienne, en soutenant les campagnes d’information dans les écoles, les médias et les aéroports.
Harmoniser les textes avant 2026
Sur le volet réglementaire, l’agence a déjà fait adopter plusieurs règlements d’exécution régionaux destinés à harmoniser les normes de sécurité et de sûreté dans l’ensemble de la sous-région.
Ces textes doivent désormais être transposés dans les législations nationales d’ici à la fin 2026, un délai que les ministres jugent réaliste à condition de mobiliser les parlements dès la prochaine session.
« Nous souhaitons éviter toute disparité qui compliquerait les inspections et l’approbation des certificats », résume un directeur général de l’Aviation civile présent dans la salle.
Un mandat tourné vers l’innovation
La nouvelle présidente veut également encourager l’expérimentation de solutions numériques, comme les drones de surveillance des pistes et les bases de données partagées, afin de réduire les délais d’inspection.
Un projet pilote, déjà testé à Maya-Maya, pourrait être étendu au réseau aéroportuaire régional si les premiers retours se confirment positifs sur les plans technique et budgétaire.
Les opérateurs économiques voient dans ces innovations l’opportunité de fluidifier le trafic, d’abaisser les coûts d’assurances et, à terme, d’attirer de nouvelles liaisons internationales.
Prochain rendez-vous et feuille de route
Le comité des ministres se réunira à nouveau dans six mois pour examiner les premiers indicateurs de performance : état d’avancement de l’audit, collecte des cotisations et taux de formation des personnels.
Entre-temps, chaque capitale doit finaliser son plan national de mise en conformité avec les règlements régionaux, tandis qu’un tableau de bord en ligne permettra de suivre publiquement l’évolution des engagements.
Pour les passagers, les effets concrets se traduiront d’abord par une meilleure information sur les procédures et, plus largement, par une confiance accrue dans la qualité du ciel d’Afrique centrale.
Un enjeu régional, un impact local
Pour Brazzaville et Pointe-Noire, deux plaques tournantes du pays, la montée en puissance de l’Assac-Ac devrait renforcer l’attractivité économique, simplifier la logistique des entreprises et favoriser l’emploi dans les métiers aéroportuaires.
Des responsables de compagnies locales évoquent déjà l’ouverture potentielle de nouvelles liaisons régionales, ainsi que la perspective d’accords de partage de codes jugés cruciaux pour réduire les prix des billets.
« Une gouvernance aérienne solide rassure les investisseurs et les touristes », souligne un économiste de l’université Marien-Ngouabi, pour qui les retombées dépasseront le secteur du transport.
