Un technicien congolais pour relancer Vita-Club
Le coup de tonnerre est tombé à Kinshasa: l’AS Vita-Club vient de confier son banc au technicien congolais Barthélemy Ngatsono, 69 ans, pour douze mois intenses. Sa signature, officialisée mardi, a immédiatement fait vibrer les réseaux des deux rives du fleuve.
Venue de Brazzaville, la nouvelle répond à une attente forte: revoir la formation kinoise lutter pour le titre national après une saison orpheline de podium continental. «La mission est claire: remettre Vita sur sa trajectoire naturelle», a résumé le coach, sourire contenu.
Des objectifs clairs pour la prochaine saison
Club populaire par excellence, l’AS V.Club s’appuie sur 84 années d’histoire. Mais le public du stade des Martyrs, habitué aux épopées africaines, reste sur sa faim depuis l’absence de places qualificatives en Ligue des champions la saison passée.
Le choix d’un sélectionneur voisin, détenteur de la licence A de la CAF et Officier de l’ordre du mérite congolais, s’explique par la volonté de conjuguer expérience et proximité culturelle. Les dirigeants misent sur un discours franc, compris tant à Kinshasa qu’à Brazzaville.
Dans le contrat d’une saison figure une double obligation: récupérer la couronne nationale et atteindre, au minimum, la phase de groupes d’une compétition africaine. «Notre institution ne peut plus se permettre une année blanche», a insisté le président Bestine Kazadi en présentant l’entraîneur.
Un début de préparation est déjà calé. Les Vert et Noir, selon les informations du secrétariat sportif, devraient entamer un stage bloqué à Kisantu avant une tournée amicale en Angola. La priorité: souder un groupe rajeuni par plusieurs promotions issues du centre de formation.
Un parcours de joueur et d’entraîneur exemplaire
Barthélemy Ngatsono n’arrive pas en terrain vierge. Ancien capitaine des Diables Rouges avec 170 sélections et onze ans de brassard à l’Étoile du Congo, il traîne un palmarès d’une douzaine de titres nationaux acquis sur l’autre rive du fleuve.
En tant qu’entraîneur, sa trajectoire commence en 1993 avec Libota, club brazzavillois qu’il mène en finale de la coupe de la ville. Puis viennent l’AS Police, Patronage et surtout l’Étoile du Congo, avec laquelle il réalise en 2006 un triplé resté dans les mémoires.
Ces succès en clubs ouvrent la porte des sélections. Dès 2003, il devient adjoint des Diables Rouges avant de prendre en main les cadets. Entre 2015 et 2021, il dirige l’équipe A’ au Championnat d’Afrique des Nations, atteignant deux fois les quarts de finale.
«Le Chan m’a appris l’exigence des compétitions courtes, où chaque détail compte», confie-t-il. Son bilan comprend aussi un intérim remarqué à la tête des Diables Rouges A, ponctué d’une victoire de prestige sur la Guinée équatoriale qui avait fait grimper la cote du technicien.
Formation continue et influence internationale
Au-delà du rectangle vert, le nouveau coach possède un solide bagage académique. Titulaire des trois degrés d’entraîneur, il a décroché en 2005 un diplôme international d’élite à Lausanne, avant d’être major de la Licence CAF dix ans plus tard, preuve d’une curiosité intacte.
Il complète ce cursus par de nombreux stages, de la FIFA au célèbre Centro de Formação au Brésil, où il observe les méthodes de clubs comme Flamengo. Cette ouverture devrait inspirer une approche tactique mêlant pressing haut, discipline défensive et transitions rapides, selon ses proches.
Kinshasa entre impatience et mercato
À Kinshasa, l’enthousiasme est palpable. Devant le siège du club, quelques supporters brandissaient déjà, mercredi, des banderoles saluant «l’homme du triplé». Pour eux, son identité congolaise renforce un sentiment de cousinage sportif entre les capitales jumelles séparées par seulement trois kilomètres d’eau.
La question des effectifs demeure cependant centrale. Le mercato interne ouvre bientôt et plusieurs cadres, dont le buteur Mumbere, seraient courtisés par des équipes nord-africaines. Ngatsono a rappelé qu’il souhaitait conserver un socle expérimenté pour encadrer la jeunesse montante issue de l’académie.
Côté finances, la direction a annoncé un partenariat renforcé avec un opérateur télécom local, permettant d’augmenter la masse salariale et d’améliorer la logistique des déplacements continentaux. «Nous voulons que l’équipe voyage dans des conditions dignes de son rang», a souligné le trésorier du club.
Le calendrier s’annonce dense. Dès novembre, Vita-Club est attendu à Lubumbashi pour la Supercoupe nationale, face à un TP Mazembe toujours coriace. Un premier test grandeur nature qui donnera des indications sur l’intégration des principes de jeu prônés par l’entraîneur brazzavillois.
Un avenir qui dépendra des premiers résultats
Pour l’instant, l’intéressé refuse toute projection au-delà de son mandat. «Je suis ici pour un an, concentré sur la tâche», répète-t-il. Sa réussite pourrait néanmoins ouvrir la porte à une collaboration prolongée et, pourquoi pas, ranimer un jour les souvenirs d’un certain O’Dononga.
En attendant, les crampons s’aiguisent et les tambours résonnent déjà. Kinshasa sait qu’une saison charnière commence, et le public espère que l’alchimie entre un coach brazzavillois et un effectif kinois offrira une nouvelle page de gloire à l’AS Vita-Club.
