Un transfert qui fait vibrer Lens et Brazzaville
La nouvelle est tombée mardi en fin d’après-midi : Brice Samba, 28 ans, a paraphé un contrat de cinq saisons avec le Racing Club de Lens. Montant de l’opération : environ cinq millions d’euros, selon des sources proches du dossier.
Dans le Nord, les supporters se réjouissent d’accueillir le héros de la montée de Nottingham Forest, auteur de trois arrêts durant la séance de tirs au but décisive. À Brazzaville, la diaspora savoure également ce retour sous les projecteurs de Ligue 1.
Le président lensois, Joseph Oughourlian, salue « un gardien en pleine maturité, capable de faire franchir un cap au club ». L’intéressé, natif de Linzolo, promet de « rendre l’amour reçu sur le terrain » dès la reprise de juillet.
Une carrière forgée dans la patience
Formé au Havre, le longiligne gardien (1,86 m) avait été recruté très tôt par l’Olympique de Marseille pour, disait-on, préparer la succession de Steve Mandanda. Il n’y disputera finalement que quatre rencontres officielles.
Prêts successifs à Nancy puis à Caen, rôle de doublure à Nottingham avant de s’y imposer : le parcours de Samba ressemble à une course d’obstacles. « J’ai appris partout où je suis passé », confie-t-il, sourire tranquille, au micro de Téléfoot.
La saison écoulée, son nom a explosé en Angleterre, jusqu’à être élu dans l’équipe type de Championship. Pourtant, l’arrivée annoncée de Dean Henderson, prêté par Manchester United, l’a convaincu de tenter une nouvelle aventure.
Lens, septième du dernier championnat de France, lui offre la perspective de disputer l’Europe dès 2023 si le club maintient son élan. Un argument décisif pour celui qui veut enfin s’installer durablement dans un onze de départ.
Le sang rouge et or, les racines rouge et bleu
Brice Samba est le fils de l’ancien gardien international congolais Brice Samba Senior. « Mon père m’a transmis la passion et le sens de l’exigence », rappelle-t-il souvent, en évoquant ses séances d’entraînement sur les terrains poussiéreux de Makélékélé.
Depuis dix ans, le joueur est régulièrement convoqué en équipe A, sans jamais avoir fêté sa première cape. Blessures, calendriers serrés ou choix personnels : les rendez-vous ont toujours été manqués.
L’année dernière, le sélectionneur de l’époque, Paul Put, se montrait confiant. « Je parle chaque semaine avec Brice et son père. Il viendra, j’en suis persuadé, mais le bon moment n’était pas encore arrivé », déclarait-il.
À Lens, le portier jure vouloir « tout faire pour être irréprochable » si un appel de Brazzaville survient. Quelques supporters congolais envisagent déjà de traverser la frontière pour l’acclamer à Bollaert.
Un mercato lensois plein de promesses
Le club artésien n’a pas terminé ses emplettes. L’attaquant belgo-congolais Loïs Openda, auteur de 24 buts avec le Vitesse Arnhem, est attendu contre un chèque estimé à dix millions d’euros.
Dans le même temps, plusieurs cadres pourraient quitter le Sang et Or. Seko Fofana, capitaine et dynamiteur du milieu, dispose d’un bon de sortie à quarante millions d’euros, un tarif qui refroidit pour l’instant les prétendants.
Le milieu malien Cheick Oumar Doucouré est sur le point de rallier Crystal Palace. Les discussions portent sur une indemnité supérieure à vingt-cinq millions d’euros, dont une partie retournera à la fameuse académie de Jean-Marc Guillou.
Lens devra donc compenser des départs majeurs tout en intégrant ses nouvelles recrues. « La stabilité sportive repose souvent sur la solidité défensive », analyse l’observateur Pierre Ménès. Le rôle de Samba y sera central.
Brazzaville garde un œil sur son dernier rempart
Au Congo, les supporters des Diables Rouges suivent avec attention l’évolution de leur compatriote. Les réseaux sociaux ont aussitôt relayé ses premiers mots en arabisé-rouge et or, signe d’une attente populaire désormais forte.
Le sélectionneur actuel, Paul Put, déjà en poste l’an passé, envisage d’élargir sa liste en vue des qualifications pour la CAN 2023. « La porte reste ouverte, Brice le sait », assure un membre du staff technique.
Les médias sportifs locaux soulignent que, depuis la retraite de Christoffer Mafoumbi, la place de numéro un n’est pas figée. L’expérience acquise en Angleterre puis prochainement en France ferait du nouveau Lensois un candidat naturel.
Pendant ce temps, Samba installe sa famille dans la région lensoise. Il a déjà visité les écoles et rencontré des associations de supporters, soucieux de tisser un lien fort avec son nouvel environnement.
Le coup d’envoi de la saison approche. À Bollaert-Delelis, les travées historiques rêvent de revivre des soirées européennes. Sur la pelouse, un gardien congolais espère, lui, conjuguer ambitions personnelles et fierté nationale, le tout sous les couleurs sang et or.
