Alerte sur l’insécurité juvénile à Dolisie
Le 20 octobre, à la salle des congrès de la préfecture de Dolisie, Micheline Nguessimi a posé un diagnostic sans détour sur l’insécurité juvénile qui trouble certains quartiers du Niari.
Devant les représentants d’associations de jeunesse, la préfète a rappelé que les « bébés noirs » ne sont qu’une minorité, mais leurs actes violents alimentent la peur et ternissent l’image d’une ville par ailleurs dynamique et hospitalière.
En brandissant l’impératif du « ressaisissement », elle a martelé que chaque jeune a un rôle à jouer dans le développement, et que la violence retarde les programmes sociaux portés par les autorités et les partenaires locaux.
Des faits récents qui inquiètent
Selon les services de la préfecture, plusieurs faits récents, allant de vols de téléphones à des agressions nocturnes, ont été attribués à ces bandes juvéniles, souvent armées d’armes blanches improvisées.
La tension s’est accentuée durant l’été, les habitants signalant des attroupements suspects dans les quartiers Mayombe et Tsinguidi, poussant les autorités à renforcer les patrouilles mixtes police-gendarmerie.
Mobilisation citoyenne pour la sécurité
Face à ces dérives, Micheline Nguessimi plaide pour une mobilisation citoyenne élargie, estimant que « la sécurité est l’affaire de tous » et que chaque signalement anonyme peut éviter une agression ou sauver une vie.
Dans la salle, les animateurs de quartier ont confirmé la création récente de réseaux WhatsApp dédiés à l’alerte communautaire, une initiative saluée par la préfecture qui y voit un prolongement numérique du traditionnel « mbongo » de voisinage.
« Nous ne pouvons pas laisser une poignée d’individus compromettre les opportunités économiques que connaît la ville », a insisté Rodrigue Bafouanga, président d’une association sportive, rappelant l’arrivée prochaine d’investisseurs dans la zone de Louango.
Associations de jeunesse, piliers du changement
La préfète a, en réponse, loué la « bonne organisation » des fédérations de jeunesse, soulignant que plus d’une cinquantaine de clubs culturels et sportifs sont enregistrés dans le Niari, un capital humain qu’elle veut voir au service de la paix.
L’administration annonce l’ouverture, avant la fin de l’année, d’un guichet unique destiné à accompagner les micro-projets portés par les jeunes, avec un appui technique du Programme des Nations unies pour le développement.
« Les idées ne manquent pas : agro-transformation, recyclage, services numériques. Ce qui manque souvent, c’est l’encadrement », observe Paul Mavoungou, chef du service départemental de la jeunesse, convaincu qu’un projet réussi vaut mieux qu’une répression coûteuse.
Garder le cap sur la responsabilité numérique
Au-delà de la violence physique, la préfète a pointé la « critique virulente » de certains jeunes contre des responsables politiques sur les réseaux sociaux, jugeant ces attaques contre-productives dans un contexte où le dialogue reste ouvert.
Elle a rappelé la loi sur la cybercriminalité, promulguée en 2019, qui punit les injures publiques en ligne, tout en encourageant l’utilisation responsable d’Internet comme levier de formation et de création d’emplois digitaux.
S’inscrire pour peser dans les urnes
Autre message fort : la participation à la révision des listes électorales, déjà en cours dans les mairies de quartier. Pour Micheline Nguessimi, s’inscrire constitue « le premier acte de citoyenneté » avant même la recherche d’un emploi.
Les services préfectoraux ont fixé l’objectif d’au moins 70 % d’inscrits chez les 18-25 ans, un seuil jugé atteignable grâce aux campagnes itinérantes qui sillonnent déjà les villages périphériques.
Police et jeunesse, un partenariat renforcé
Présent à la rencontre, le colonel-major Landry Armand Sylver Miakatindila a exhorté les jeunes à « travailler main dans la main » avec la police, rappelant que la dénonciation préventive est moins risquée que l’intervention armée.
Il a annoncé la relance prochaine des « clubs de vigilance scolaire », dispositifs où policiers et enseignants sensibilisent les élèves aux dangers de la drogue et des lames artisanales souvent brandies par les bandes.
Les forces de l’ordre rappellent que, depuis janvier, plus de 120 couteaux ont été saisis et quinze chefs de groupe traduits devant la justice, preuve selon la hiérarchie policière de « l’efficacité des actions combinées ».
Former pour prévenir la délinquance
Pour autant, autorités et acteurs associatifs conviennent que la réponse ne peut être exclusivement sécuritaire. L’accent est mis sur la formation professionnelle, considérée comme le meilleur antidote face à l’oisiveté et à la tentation des gangs.
Le Centre de formation de Dolisie prévoit ainsi d’accueillir dès novembre deux cents apprentis supplémentaires en mécanique auto, froid industriel et couture, avec des bourses de transport financées par le budget départemental.
« Un jeune qui travaille nourrit sa famille, paie des impôts et protège sa communauté », résume Micheline Nguessimi, convaincue qu’un Niari paisible demeure la meilleure vitrine pour attirer les investisseurs et consolider la croissance régionale.
Cap sur le numérique et l’entrepreneuriat
Parallèlement, un partenariat avec l’Université Marien-Ngouabi permettra, dès janvier, d’organiser des ateliers d’initiation au codage et au marketing digital, ouvrant aux jeunes des débouchés vers la micro-entreprise en ligne et les télé-services externalisés.
Les inscriptions gratuites débuteront mi-décembre, a précisé le rectorat, pour cent cinquante places.
