Nouveautés littéraires sur nos étals
Les étals des librairies de Brazzaville et Pointe-Noire viennent de s’illuminer des dernières parutions africaines de L’Harmattan. Du fouta-Djallon à Ziguinchor, ces ouvrages, attendus en octobre 2025, font dialoguer art, patrimoine, santé et action sociale, dans une diversité rare.
Art-thérapie au cœur des traditions sénégalaises
Le livre « Ethno-Art-Thérapie » signé par l’art-thérapeute Adaem et le guérisseur diola Bacary Diatta ouvre la marche. Trois ans d’ateliers mixtes au centre psychiatrique de Ziguinchor y sont racontés, où peinture et divination se complètent pour apaiser des patients psychotiques.
Le psychiatre Alain Gleize, auteur de la préface, salue « une alliance clinique sans précédent entre savoirs ancestraux et méthodes occidentales ». Selon lui, cette démarche fait écho aux priorités nationales qui encouragent la valorisation des médecines traditionnelles tout en renforçant le système de santé publique.
À Brazzaville, l’association Art-Santé prépare déjà des séances pilotes inspirées de l’ouvrage. « Nous travaillons sur un protocole adapté aux réalités locales », confie sa coordinatrice Lucie Ntsakala, convaincue que l’art peut compléter le dispositif mental homologué par le ministère congolais de la Santé.
Prioritologie : un concept né au Congo
Dans « La science des priorités », le chercheur congolais Julien Francis Moufonda forge la « prioritologie », discipline destinée à hiérarchiser les choix individuels et collectifs. En quatre-vingts pages, il propose lois, typologies et exemples orientés vers la gestion du temps et des projets.
Interrogé par notre rédaction, l’entrepreneur tech Brice Obara estime que l’ouvrage « répond à une attente réelle des jeunes actifs brazzavillois, pressés de concilier famille, entrepreneuriat et engagement citoyen ». Plusieurs incubateurs envisagent de l’intégrer à leurs modules de formation.
Publié dans la collection Harmattan Congo-Brazzaville, le petit manuel sortira le 16 octobre 2025 au prix accessible de 12 euros, un tarif que les libraires annoncent « inchangé malgré la hausse des frais logistiques », grâce notamment aux mesures gouvernementales de soutien au livre.
Patrimoines d’Afrique de l’Ouest revisités
Trois titres d’anthropologie prolongent la balade. Adama Tomé remonte les migrations des peuples Lobi et Dagara dans le sud-ouest du Burkina Faso, tandis qu’El Hadj Souleymane Bah se penche sur le bonnet peul Puutooru, symbole d’élégance et de pouvoir au Fouta-Djallon.
Boundiala Dioubaté, lui, invite à Norassoba, village mandingue connu pour son temple du Bon, du Bien et du Beau. L’auteur célèbre la langue Maninkakan et l’alphabet N’Ko, reconnus par l’UNESCO comme vecteurs de cohésion et de transmission des valeurs humanistes.
Ces livres, attendus fin octobre, coûteront entre 14 et 24 euros. « Nous misons sur les commandes groupées pour nos bibliothèques municipales », informe Victor Obambi, chef du service culture à Dolisie, afin de nourrir la curiosité des lycéens en histoire africaine.
Dakar, carrefour de l’action sociale
Deux volumes publient les Actes du Séminaire International de Dakar, initiative conjointe entre l’ENTSS de Dakar et l’IFRASS de Toulouse. Le premier explore les mutations familiales, le second l’accompagnement en contexte de migrations et d’interculturalité.
Pour Paul Mayoka, cofondateur du programme, ces recueils « démontrent que les travailleurs sociaux africains innovent et inspirent au-delà du continent ». Leur format académique mais accessible devrait intéresser les centres de formation reconnus par le ministère congolais des Affaires sociales.
Chaque tome s’affiche à 25 euros pour 230 pages. L’Harmattan Sénégal confirme une livraison prioritaire vers Brazzaville par voie fluviale, réduisant l’empreinte carbone, démarche saluée par l’ONG locale Écologie au Fleuve qui encourage la logistique verte sur le corridor Congo-Océan.
Mieux manger pour mieux vivre
Sur le front de la santé, deux opus pratiques complètent la sélection. « Alimentation pour diabétiques en contexte camerounais » de Louise Renée Loe vulgarise les conseils nutritionnels du ministère de la Santé camerounais, adaptés aux marchés locaux et aux réalités budgétaires.
Le naturopathe ivoirien Symplice Ebo publie, lui, « L’œil du naturopathe sur le cancer ». L’ouvrage propose une approche holistique associant plantes, hygiène de vie et écoute psychosociale. Dans sa préface, le professeur Ibrahima Théo Lam y voit « une passerelle entre modernité et traditions ».
Le pharmacien congolais Bienvenu Samba rappelle toutefois que ces guides « ne remplacent pas le suivi médical » mais « peuvent renforcer les stratégies nationales de prévention des maladies non transmissibles ». Une séance de dédicace santé est attendue à l’université Marien-Ngouabi.
Les libraires congolais aux avant-postes
Chez Les Beaux Livres, au centre-ville de Brazzaville, le gérant Michel Ndinga a déjà placé les couvertures colorées en vitrine. « Nous recevons des réservations par WhatsApp, surtout pour la prioritologie », glisse-t-il, notant l’intérêt grandissant des lecteurs pour l’efficacité personnelle.
À Pointe-Noire, la librairie La Plume Noire prévoit une nuit littéraire fin novembre pour présenter ces neuf titres, en partenariat avec le réseau des bibliothèques municipales. Des lectures publiques et ateliers de book-stagram sont au programme afin de séduire la génération connectée.
Une rentrée éditoriale pleine de promesses
Pour l’enseignante-chercheuse Édith Kimbembe, cette vague éditoriale « montre la vitalité des sciences humaines africaines et la confiance des maisons d’édition dans le lectorat congolais ». Selon elle, la présence d’auteurs du continent dans les rayons locaux stimule la production nationale.
L’Harmattan confirme d’ailleurs la tenue d’un salon itinérant au premier trimestre 2026, qui passera par Oyo, Dolisie puis Brazzaville. Lecteurs, universitaires et professionnels du livre pourront y dialoguer autour de ces références et envisager de nouvelles coéditions valorisant le génie congolais.
