Brazzaville fait évoluer son cadre budgétaire
C’est dans une salle studieuse du centre-ville que s’est ouverte, le 22 octobre, la session de formation consacrée à la réforme des finances publiques. Pendant trois jours, plus de 80 agents du Budget et des collectivités ont confronté leurs pratiques aux nouveaux standards nationaux.
L’initiative émane de la direction départementale du Budget de Brazzaville, épaulée par la direction générale. Elle s’inscrit dans la stratégie gouvernementale visant à moderniser la dépense publique et à donner aux décideurs locaux les outils nécessaires à un pilotage plus fiable.
Trois jours pour décoder la réforme
Au programme, exposés théoriques le matin et ateliers pratiques l’après-midi. Les participants ont reçu un manuel détaillant la budgétisation en mode programme, ainsi que la nouvelle nomenclature qui remplace l’ancien découpage par chapitres. Des cas concrets ont été simulés pour faciliter l’appropriation des concepts.
« Les lacunes observées jusque-là freinent l’efficacité de nos services. Ce séminaire est pensé pour corriger ces insuffisances et encourager une culture de la performance », a expliqué Obien Fredy Vital, directeur départemental du Budget.
Transparence, performance, responsabilité : le triptyque clé
Représentant le directeur général du Budget, Serge Koukangissa a rappelé que la réforme repose sur trois piliers : transparence, performance et responsabilité. Dans son intervention, il a insisté sur le contrôle interne et l’importance des indicateurs précis pour suivre chaque franc dépensé au niveau des administrations.
Cette approche veut renforcer la confiance du citoyen dans la gestion des ressources publiques. Connaître le coût réel d’un service, mesurer l’impact d’un projet ou publier des rapports lisibles deviennent des obligations pour tous les ordonnateurs.
Des outils concrets pour les gestionnaires locaux
Les ateliers ont donné lieu à la construction de maquettes budgétaires. Les chefs de service ont appris à ventiler une dépense entre actions et programmes, à renseigner des objectifs mesurables et à élaborer des tableaux de bord. Pour beaucoup, c’était une première immersion dans une logique axée sur les résultats.
« Nous repartons avec un véritable kit pratique », s’est réjouie Gisèle Mvuala, gestionnaire dans une mairie d’arrondissement. « Demain, nous pourrons préparer nos prévisions avec davantage de rigueur et justifier nos demandes de crédits. »
Un pas de plus vers la décentralisation efficace
Christine Indzanga Ombandzi, directrice départementale des collectivités locales, a ouvert les travaux en soulignant que la réussite de la réforme dépend de son appropriation par chacun. Selon elle, l’harmonisation des pratiques budgétaires entre la capitale et les autres départements renforcera la décentralisation voulue par les autorités.
Elle a invité les stagiaires à devenir « des relais de la bonne gouvernance » dans leurs administrations respectives, afin que l’effort engagé à Brazzaville rayonne sur l’ensemble du territoire.
Des bénéfices attendus pour l’économie locale
Une meilleure exécution budgétaire doit se traduire par des délais de paiement réduits pour les entreprises et une allocation plus fine des ressources vers les projets prioritaires. Dans un contexte de reprise économique, ces gains d’efficacité sont présentés comme un levier supplémentaire pour soutenir l’activité des PME et artisans.
Les représentants du secteur privé, invités à la séance de clôture, ont salué la démarche. « La transparence budgétaire rassure les partenaires », a commenté un entrepreneur du BTP qui travaille régulièrement avec la mairie centrale.
Une dynamique nationale confirmée
La session de Brazzaville n’est pas isolée. Depuis le début de l’année, des formations similaires se tiennent à Pointe-Noire et dans plusieurs chefs-lieux de département. Elles matérialisent la feuille de route gouvernementale d’application progressive du nouveau cadre harmonisé des finances publiques dans toute la République du Congo.
Le ministère des Finances prévoit d’accompagner chaque entité avec des missions d’assistance technique, afin d’atteindre la pleine opérationnalité de la budgétisation par programmes avant le prochain cycle budgétaire.
Cap sur la culture du résultat
Adopter la nouvelle nomenclature ne se limite pas à changer des codes comptables ; il s’agit d’introduire une culture du résultat. Désormais, chaque programme doit afficher des indicateurs vérifiables : nombre de salles de classe construites, kilomètres de route entretenus, taux de vaccination atteint.
Ces données alimenteront les rapports de performance qui accompagneront les lois de finances, offrant au Parlement et à l’opinion un regard plus affûté sur l’usage des deniers publics et encourageant le cercle vertueux de la reddition des comptes.
Prochaines étapes identifiées
Les formateurs ont insisté sur la nécessité de maintenir un accompagnement permanent. Un groupe WhatsApp d’entraide technique a été créé pour répondre rapidement aux questions des gestionnaires. Des sessions de recyclage sont envisagées tous les six mois, afin d’actualiser les compétences en fonction des retours d’expérience.
Le directeur départemental du Budget a déjà annoncé un audit de maturité l’an prochain pour mesurer les progrès accomplis dans chaque service et adapter le soutien méthodologique.
Un élan salué par les participants
Clôturant les travaux le 24 octobre, Serge Koukangissa a souligné la « qualité des échanges et la motivation palpable de la salle ». Les certificats remis attestent d’un niveau de maîtrise jugé satisfaisant. « Nous repartons confiants », a indiqué un responsable financier d’un établissement public local.
Les stagiaires ont également évoqué la fierté de contribuer à un projet d’envergure nationale qui, à terme, devrait faciliter la vie des citoyens en accélérant la réalisation des infrastructures et en améliorant les services de proximité.
