Une rentrée hors norme pour Talangaï
Le quartier Ngamakosso, dans le sixième arrondissement Talangaï, se prépare à une rentrée scolaire inédite. Le 27 octobre, 6 637 élèves franchiront les grilles flambant neuves du complexe scolaire de la Liberté, inauguré trois jours plus tôt par le Président Denis Sassou Nguesso.
Annoncé par le ministre de l’Enseignement préscolaire, primaire, secondaire et de l’Alphabétisation, Jean Luc Moutou, ce chiffre record compte 3 411 filles, soit plus de la moitié des effectifs, signe que l’établissement entend renforcer la parité recherchée par la politique publique.
Le lycée nouvellement intégré n’ouvrira pour l’instant qu’aux classes de seconde, afin d’assurer une montée en puissance progressive et maîtrisée. Cette approche graduelle doit éviter l’engorgement observé par le passé dans d’autres établissements de Brazzaville.
Des bâtiments modernes au service de 10 000 élèves
Né du Centre d’enseignement général de la Liberté créé en 1985, le complexe rénové aligne désormais deux écoles préscolaires, six écoles primaires, deux collèges et un lycée. Sa capacité totale atteint 10 000 places, offrant une marge pour l’accueil des futures générations.
Les salles disposent d’un mobilier ergonomique, de ventilateurs plafonniers et d’un éclairage LED, garantissant de meilleures conditions d’apprentissage. Des rampes d’accès ont été pensées pour les élèves à mobilité réduite, détail salué par les associations de parents d’élèves présentes lors de la visite.
Un laboratoire de sciences, deux salles informatiques et une bibliothèque connectée viendront progressivement compléter l’offre pédagogique. « Le numérique n’est plus un luxe, il devient un outil quotidien », a rappelé un inspecteur de l’enseignement général, confiant dans l’attrait du site pour les familles.
SNPC : un partenaire stratégique de l’école
La rénovation, financée par la Société nationale des pétroles du Congo, illustre l’engagement du secteur énergétique dans la responsabilité sociétale. Pour la SNPC, investir dans le capital humain revient à préparer la main-d’œuvre de demain et à consolider la cohésion autour des sites pétroliers.
Cette collaboration public-privé renforce la stratégie gouvernementale qui encourage les entreprises à allouer une part de leurs bénéfices à des projets sociaux. « Nos enfants sont notre premier gisement », a souligné un cadre de la SNPC, faisant écho aux orientations du Plan national de développement.
405 nouveaux agents pour un enseignement renforcé
L’ouverture du complexe s’accompagne du recrutement de 405 agents, majoritairement des enseignants titulaires. Cette vague d’embauches contribuera à abaisser le ratio élèves-enseignant et à réduire le recours aux vacations, selon Jean Luc Moutou, qui parle d’un virage « qualitatif ».
Les nouveaux professeurs bénéficieront d’ateliers de formation continue, notamment en pédagogie numérique et en techniques d’évaluation adaptées. Le ministère entend ainsi consolider la compétence du corps enseignant, condition indispensable à la réussite des réformes curriculaires engagées ces dernières années.
Un bol d’air pour les établissements voisins
À Talangaï, le lycée Thomas Sankara accueillait jusqu’ici près de 8 000 élèves pour une capacité de moitié inférieure. Avec le transfert progressif d’une partie des secondes vers la Liberté, la pression devrait baisser dans les salles déjà surchargées, améliorant la qualité d’écoute et de suivi.
Pour les familles, l’établissement rénové signifie aussi une réduction des frais de transport. Beaucoup d’enfants de Ngamakosso parcouraient plusieurs kilomètres pour rejoindre des écoles plus centrales. « Ici, nos petits seront à dix minutes à pied », se réjouit Clarisse, mère de deux garçons inscrits en CE2.
Gratuité confirmée pour tous les cycles
Conformément à la loi scolaire du 17 novembre 1995, l’enseignement au complexe de la Liberté restera entièrement gratuit. Cette disposition, souvent rappelée par les autorités, vise à garantir l’égalité des chances et à soulager les ménages, particulièrement en période de hausse générale des prix.
Les directions des différents cycles se sont engagées à publier la liste des fournitures au plus tard une semaine avant la rentrée, évitant toute dérive tarifaire. Les kits de premier équipement fournis par l’État pour les classes d’initiation seront distribués le même jour que les emplois du temps.
Objectif 2030 : vers un pôle éducatif d’excellence
D’ici cinq ans, le ministère envisage d’introduire des filières scientifiques renforcées et un baccalauréat technique au sein du complexe, afin d’accompagner la diversification économique du pays. Des partenariats avec l’université Marien Ngouabi sont déjà à l’étude pour le partage de laboratoires spécialisés.
Les autorités locales comptent aussi transformer la cour centrale en espace vert pédagogique, avec un potager et une mini-station météorologique pour les travaux pratiques. « Les apprentissages seront ancrés dans le réel de notre environnement », anticipe le proviseur, persuadé de bâtir une génération responsable.
Des voix d’élèves enthousiastes
Dans la vaste cour encore parfumée de peinture fraîche, Chadrack, futur collégien, avoue son impatience : « Je vais enfin avoir un terrain de basket et une vraie bibliothèque ». Sa camarade Grâce espère surtout « ne plus partager un banc à trois », un confort attendu depuis longtemps.
Le corps enseignant partage cet enthousiasme. « Nous aurons des outils modernes pour diversifier nos méthodes », explique Mme Mbemba, professeure de sciences physiques. Elle insiste sur l’importance des ressources numériques pour stimuler la curiosité des élèves et mieux préparer le passage vers le supérieur, dès la prochaine rentrée scolaire déjà imminente.
