Un chantier prioritaire pour la santé publique
Garantir que chaque centre de santé du pays reçoive, stocke et distribue des médicaments de qualité reste un objectif stratégique au cœur des priorités nationales. C’est dans cette optique que Brazzaville a accueilli, du 20 au 24 octobre, un atelier décisif piloté par Catholic Relief Services.
Soutenu par le Fonds mondial et le Programme des Nations unies pour le développement, l’événement visait à renforcer la chaîne d’approvisionnement pharmaceutique, étape indispensable pour consolider les avancées dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.
La rencontre vient répondre aux attentes exprimées lors des dernières concertations nationales sur la couverture sanitaire universelle.
Cinq jours pour renforcer la chaîne d’approvisionnement
Durant cinq jours, une centaine de participants venus de Brazzaville, Likouala, Sangha, Cuvette, Cuvette-Ouest, Djoué-Léfini et Congo-Oubangui ont épluché, ligne par ligne, les procédures qui garantissent la traçabilité des stocks depuis le port d’entrée jusqu’aux armoires des dispensaires.
Les intervenants ont décortiqué le système d’information de gestion logistique, rappelé les bonnes pratiques de stockage, détaillé les règles de réception et de distribution, puis simulé des ruptures pour habituer les équipes à réagir sans délai.
Des sessions en petits groupes ont permis de comparer les réalités des districts : certains disposent d’entrepôts neufs, d’autres doivent improviser des espaces ventilés. Les échanges d’astuces, du rangement vertical aux palettes en bois local, ont nourri une dynamique de solidarité professionnelle.
Le rôle clé des gestionnaires départementaux
« Vous devenez désormais des relais essentiels dans vos départements pour garantir la disponibilité et la qualité des produits », a insisté la pharmacienne Geracson Paloulous, représentant la direction de la pharmacie et du médicament.
Son message de rigueur et de professionnalisme a résonné chez les participants, appelés à partager les acquis de l’atelier avec leurs collègues de district et à soutenir les autorités sanitaires dans l’amélioration continue de la sécurité pharmaceutique nationale.
Focus sur les pathologies à forts enjeux
L’accent a été mis sur la spécificité des programmes VIH, tuberculose et paludisme, trois affections qui concentrent la majorité des subventions du Fonds mondial et mobilisent d’importants volumes de médicaments sensibles aux variations de température et d’humidité.
Les formateurs ont rappelé qu’une interruption même brève d’antituberculeux ou d’antirétroviraux suffit parfois à compromettre des années d’efforts. D’où la nécessité d’anticiper les besoins trimestriels et d’aligner les commandes sur la consommation réelle observée dans chaque centre.
Des outils logistiques modernisés
Au cœur des travaux, le logiciel open-source de gestion logistique a fait l’objet d’exercices pratiques : saisie des lots, édition d’alarmes automatiques et génération de rapports mensuels destinés aux bailleurs et au ministère.
« Il était important pour le CRS de former ceux qui consolident les données nationales », a souligné Lyse Kikadidi, membre de l’équipe organisatrice, rappelant que des statistiques fiables conditionnent l’approvisionnement futur et la confiance des partenaires financiers.
La remontée rapide des informations de consommation, désormais possible en temps quasi réel grâce aux tableurs partagés, aidera le ministère à ajuster ses prévisions budgétaires. Pour les partenaires, c’est aussi un gage de transparence, garantissant que chaque comprimé livré est effectivement utilisé.
Témoignages sur le terrain
Anda-Mokale Flomy, chef du centre de santé intégré de l’île Mbamou, est reparti convaincu : « Cette fois, nous pourrons corriger nos erreurs. J’appliquerai ces méthodes dès mon retour pour améliorer la qualité de service », a-t-il assuré.
Comme lui, plusieurs gestionnaires ont évoqué des difficultés antérieures liées au manque de place, à l’organisation des étagères ou à l’actualisation des fiches. Les modules interactifs leur ont apporté des réponses directement transposables dans leur environnement.
Visite au Centre d’achat des médicaments essentiels
La session s’est achevée par une immersion dans les entrepôts du Centre d’achat des médicaments essentiels et des produits, véritable plaque tournante où s’articulent stocks nationaux et donations du Fonds mondial.
Les participants ont observé la méthode de pré-positionnement des palettes par pathologie, avec des espaces distincts pour les antirétroviraux, les antituberculeux, les antipaludiques et les produits de santé reproductive, chacun financé par des partenaires identifiés.
Les règles strictes de rotation des stocks, illustrées sur place, imposent que les lots proches de la péremption soient distribués en priorité. Ce principe premier entré, premier sorti, réduit le gaspillage tout en évitant la distribution de médicaments dont l’efficacité serait altérée.
Etape suivante : cap sur le Sud
Fort de cette première vague, le CRS prévoit une deuxième phase dans les prochains jours à Pointe-Noire, Lékoumou, Bouenza et Niari. Les formateurs y retrouveront des réalités logistiques parfois différentes, marquées par les longues distances et l’humidité côtière.
L’enjeu reste identique : fournir, sans rupture, des traitements vitaux aux populations. Grâce à la montée en compétences des gestionnaires, chaque patient devrait, à terme, recevoir son médicament à l’heure, signe d’un système de santé qui se consolide pas à pas.
À moyen terme, le cumul de ces formations devrait aussi encourager les jeunes diplômés en pharmacie et logistique à rester dans les régions. L’amélioration des outils et des conditions de travail redonne de l’attrait aux postes périphériques, limitant ainsi l’exode vers la capitale.
